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AN DU M.

avoient dans leurs enfeignes. Ils le prierent donc de changer fa route. Vitellius acquiesça à leurs 4040. de J. C.40.de l'E- defirs, fit paffer fon armée par le Grand Champ, re vulg. 37. pour gagner Scythopolis, & pour y paffer le Jourdain, & de-là aller vers Petra. Pour lui, avec Herode le Tetrarque, & fes amis, il prit le chemin de Jerufalem, & y vint pour facrifier au Seigneur dans la Fête qui étoit prochaine. C'étoit apparemment la Pentecôte. Il y fut reçû avec de grands honneurs; il y demeura trois jours, dépofa Jonathas de la Charge de Grand-Sacrificateur, & mit en fa place Theophile.

'Alliance entre les Romains, & les Parthes.

pre

Il apprit étant à Jerufalem, la mort de Tibere, & il reçut le ferment de fidelité du peuple pour le nouvel Empereur Caïus. Jerufalem fut la miere ville d'Orient qui apprit cette nouvelle, qui reconnut cet Empereur, & qui offrit à Dieu des facrifices pour l'heureux fuccès de son empire. (a) Vitellius rappella fon armée, & la renvoya dans fes quartiers; ou plûtôt, il la mena fur l'Euphrate, pour faire alliance avec Artabane, Roi des Parthes. Ce Prince, qui avoit toûjours témoigné beaucoup de mépris & d'éloignement pour Tibere, s'offrit de lui-même à faire alliance avec les Romains, dès que Caïus eut été reconnu Empereur. Vitellius & Artabane s'avancerent chacun de leur côté, fur un pont qu'on avoit conftruit fur l'Euphrate. Artabane adora les aigles Romaines, & les ftatues d'Augufte & de Caïus, qui étoient dans les enfeignes; & on convint des

(a) Vide Philon. in Legat. ad Caium.

conditions de paix. Après quoi, Herode Antipas fit un feftin à Artabane & à Vitellius dans une grande tente qu'on avoit dreffée au milieu du fleuve.

Le Roi des Partes étant retourné à Babylone, & Vitellius à Antioche, Herode fe hâta d'informer Caïus de la paix qu'on venoit de faire avec le Roi des Parthes, & des conditions de l'alliance; & fes députez arriverent à Rome avant ceux de Vitellius, à qui il appartenoit de donner cet avis. C'est pourquoi l'Empereur ayant reçû les Lettres de Vitellius, répondit qu'il avoit déja appris tout cela par les envoyez d'Herode. Ce qui déplut fort à Vitellius; & il en conferva toûjours depuis du ressentiment contre Herode. Peu de tems après, Artabane envoya à Rome Darius fon fils pour ôtage, avec de grands préfens, entre autres, un Juif nommé Eleazar, qui à caufe de fa taille & de fa hauteur extraordinaire, étoit furnommé le Geant.

Ce fut fur la fin du regne de Tibere, ou au commencement de celui de Caïus, qu'Apollonius de Thyane vint à Antioche. Cet homme parut en ce tems-là dans le Paganisme, & s'acquit tant de`réputation de fageffe, d'innocence & de juftice; il fit même certaines actions, qui parurent si miraculeuses, & des prédictions, qui furprirent fi fort les Payens, qu'ils ne feignerint pas de l'oppofer aux Apôtres, & à Jefus-Chrift même. Le démon, qui prévoyoit la ruine prochaine de l'empire qu'il avoit ufurpé dans le monde, ne suscita jamais un plus grand nombre, ni de plus dange

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Hiftoire d'Apollonius de Thya

ne.

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reux imposteurs, que dans ce tems-là. Mais AN DU M. Dieu ne permit pas qu'ils induififfent en erreur 4040. de J. les Elûs, ni qu'ils ébranlaffent la foi des Fideles. Il fit perir les impofteurs par le fouffle de fa.bouche, & ils ne féduifirent que ceux qui voulurent être féduits, & qui ne prirent pas la peine d'examiner de près leur conduite & leur doctrine. La lumiere de l'Evangile, la pureté de la morale de Jefus-Chrift, fa vie toute divine, la fublime science de ses Apôtres, qui n'étoit point le fruit de l'étude, ni de la méditation, & la force de leurs miracles déconcerterent ces impofteurs, & chargerent de confufion ceux qui les crurent.

Apollonius étoit de Thyane en Cappadoce, d'une famille ancienne, & de parens riches. (a) Il avoit l'efprit vaste, la memoire excellente, beaucoup d'éloquence, & une fi grande beauté, qu'il attiroit les yeux de tout le monde. A quatorze ans, il fut envoyé à Tharfe en Cilicie, pour y étudier la Rhetorique: mais il s'appliqua à la Philofophie, & choifit la fecte de Pythagore, dont il commença à faire profession à l'âge de feize ans. Il renonça à la chair des animaux, fe contentant pour la nourriture d'herbes & de légumes. Il ne condamnoit pas le vin; mais il n'en vouloit point ufer, parce que c'eft une liqueur capable de troubler la ferenité de l'ame. Il marchoit nuds pieds fans fandales, & ne s'habilloit que de lin; ne voulant point porter de laine, parce qu'elle vient des animaux. Il laiffoit croître fes

(a) Philoftrat, vit. Apollon. l. 1. c. 3. 4.

cheveux fans les

demeure

couper, & n'avoit pour ordinaire que le Temple d'Efculape, dont il vouloit paffer pour le favori, difant que ce Dieu aimoit à guerir les malades en fa préfence.

Il avoit d'affez grands biens: mais il en donna la moitié à fon frere aîné, & diftribua la plus grande partie de l'autre à ceux de fes parens qui en avoient befoin. Il renonça au mariage, & embraffa la continence: Chofe rare même parmi les Philofophes. Toutefois il ne put éviter, qu'on ne le foupçonnât de quelque amour deshonnête. A l'imitation des Difciples de Pythagore, il entreprit de demeurer pendant cinq ans dans le filence: mais cela ne l'empêcha pas de fe montrer, & même de voyager dans la Pamphilie & dans la Cilicie. Il parloit par fignes, & dans le befoin il écrivoit quelques mots. L'opinion que l'on avoit de fa vertu, & le refpect qu'on lui portoit, faifoient que fa préfence feule arrêtoit les plus paffionnez, & appaifoit même des féditions.

Ce fut après ces cinq ans de filence, qu'il vint à Antioche, & commença à parler dans les lieux où il croyoit les hommes plus raisonnables, méprifant les autres. Son ftyle étoit grave & décifif. Ses fentences, qu'il prononçoit comme autant d'oracles, étoient courtes & folides, & fes mots propres & fignificatifs. Je ne cherche pas, comme les autres Philofophes, difoit-il; jai cherché étant jeune: il n'eft plus tems de chercher, mais d'enfeigner. Le fage doit parler comme un Legislateur, qui ordonne aux autres ce dont il eft perfuadé lui

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Philofophes les avoit rendus méprifables, il le prit AN DU M. d'un ton plus haut; il fit l'homme infpiré, & cheri 4040. de J. C.40. de l'E. des Dieux, traitant sérieusement des Religions rere vulg. 37. çûës des Peuples idolâtres. Il n'avoit garde d'attaquer de front, comme Jesus-Chrift & les Apôtres, les fuperftitions, l'idolâtrie, la magie, les défordres des hommes; il n'avoit garde de s'expofer aux perfécutions & à la mort, pour annoncer des véritez contraires aux préjugez des peuples. Il fit un grand voyage, pour converfer avec les Brachmanes des Indes, & vit en paffant les Mages des Perfes. A Ninive, un nommé Damis s'attacha à lui, & le fuivit par-tout, écrivant jufqu'aux moindres particularitez de sa vie & de fes paroles.

Saint Pierre vient
Antioche.

On croit que ce fut vers ce même tems que faint CHAP. XIII. Pierre vint à Antioche, & y fonda l'Eglife de cette ville, où il tint fon premier fiége pendant sept ans ; non pas de fuite, mais par reprifes, & à differens tems. Les Peres (a) croyent que dans le partage que les Apôtres firent entre eux des Provinces du monde, pour y prêcher l'Evangile, la ville de Rome, Capitale de l'Empire Romain, échut à faint Pierre. Mais avant que d'aller en cette ville, il vint à Antioche, qui étoit la capitale de l'Orient, où il eut fon premier fiége, & dont il fut le premier Evêque. (b) Nous ne fçavons pas combien de tems y réfida. Saint Chryfoftome (c) dit qu'il y

il

(a) Leo ferm. 80. c. 3. alii.
(b) Leo ferm. 80. c. s. Eufeb.
in Chronic. Hieron. de Viris illuftr.
Chryfoftom. 5.bomil. 12. p. 163. d.

tom. 1. homil. 42. p. 503.e. Hieronym. in Galat. 11.

(c) Chryfoft. tom 1. homil. 42、

p. 503. c.

demeura

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