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Iciences, ils s'en nourriffoient pour ainfi dire avec le lait, & joüiffoient le refte du tems de leur fçavoir..

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A peine nous eft-il refté des caracte- L'HEres de ces Langues qui les approchoient BREU. fi fort de la perfection: car, pour revenir à l'Hebraïque, qui eft comme la •Metropole de toutes, je doute que les caracteres qui nous font connus prefentement, foient les originaux de l'ancienne. Je dis l'ancienne, puifqu'il n'eft pas certain que celle des Livres Saints d'aujourd'hui foit la même que celle de nos premiers Peres. En effet les Sçavans dans cette Langue ne font d'accord entr'eux fi elle fubfiftoit même du tems. de Jefus Chrift; & quelques-uns veulent qu'elle fe perdit dans la captivité de Babylone avec les Livres canoniques. Philon Juif au livre fecond de la vie de Moife, femble confirmer cela; car il dit que la Loi fut écrite au commencement en Cal· déen, & qu'elle a été long tems en ce langage, tant que la beauté de cette Loi n'a point été connue des Etrangers. Ce qui eft arrivé fans doute aux carateres qui fe font tout-au-moins beaucoup alterez. Si une des colonnes de Seth fubfiftoit encore en Syrie du tems de Jofephe, comme il le dit, je m'é

tonne

tonne de ce que ce fçavant homme n'a point eu la curiofité d'aller voir une Antiquité fi précieufe & qui lui devoit être à lui-même fi recommandable. L'inspection de ce monument auroit décidé la difficultés On auroit appris fi, comme le veulent Monfieur Voffius & le P. Simon, les anciens caracteres Hebreux étoient femblables aux Samaritains, ou aux Phéniciens felon Postel. Ainfi la defcription n'en auroit pas été infructueufe.

Quoiqu'il en foit, Monfieur, les Manufcrits que nous avons du rejetton de la premiere ne font pas fi connus ni d'un fi frequent ufage. Ainsi je crois qu'il eft affez difficile d'en déterminer la qualité. Le Pere Simon dans fon Hiftoire critique de la Bible, pretend qu'on n'en voit point qui paffent ⚫ neufcens ans. Ceux-là neanmoins font, à mon fens, les plus anciens, dont les caracteres font plus quartez. Il falloit fans doute que les fept dont le Cardinal Ximenés fe fervit pour faire impri mer fa Bible en 1502. fuffent de ce gen re puifqu'ils lui coûterent 4000 écus.

On diftingue encore l'Hebreu fans points d'avec celui dont les voyelles font marquées par des points. Le Pere Morin prétend contre les Rabins mo

dernes,

dernes, que Moise avoit écrit fans points, & fans distinction de mots. Les Manufcrits de la premiere efpece, c'eft â-dire avant l'invention des points voyelles, ne fçauroient manquer d'être anciens, s'il eft vrai qu'il . y en ait. Quelques-uns pretendent néanmoins en avoir du tems d'Efdras; mais cela eft fabuleux, dit l'Auteur de 'Hiftoire Critique. Monfieur Voffius auffi témoigne fort en douter. Il foûtient davantage que hors les Livres faints, du tems même de Saint Jerôme, il n'y avoit aucun livre en Hebreu, mais feulement en Grec, & que ce n'a été que fous Juftinien qu'on a commencé d'en voir. La raifon qu'il en donne est que cet Empereut ayant défendu aux Juifs par un Edit de lire dans leurs Synagogues le δευτερεώσεις ou leurs traditions, ils s'aviferent de le traduire en leur langue, & ce livre, dit-il, s'appelle Mischna.

A l'égard de la feconde efpece de ces Manufcrits, il eft certain qu'il n'y en peut avoir de plus ancien que de cinq ou fix cens ans. On fçait effectivement que les points ne furent inventez pour défigner les voyelles que vers le dixiéme fiècle par les Mafforetes; tellement que ceux qui font ponctuez

font.

font depuis ce tems-là; & les plus antiques des uns & des autres fe reconnoiffent lorfqu'ils font mieux caracterifez , parce que les Synagogues n'ayant pas été entierement difperfées dans les premiers fiécles, l'écriture qui ne s'eft alterée que depuis, s'y étoit confervée. Il s'en pourroit peutêtre auffi trouver aufquels on auroit ajoûté des points ; & ces livres en ce cas-là feroient très-anciens.

La troifiéme efpece eft celle du Thalmud ou du Rabinifme: le caratere ce me femble en eft plus menu & plus affamé; parce que c'étoit l'écriture courante, femblable au langage méme que Monfieur Voffius apelle corrompu ou fuppofé. On peut ajoûter encore en general de tous, que ceux qui font écrits fur du papier font modernes; ils font plus anciens fur du parchemin, fur-tout fi le tems l'a jauni. Et fi l'on en trouvoit fur des écorces d'arbtes, ils feroient abfolument très-anciens. PIE V. touché d'un zele

auffi peu éclairé que peu favorable aux Lettres, lorfqu'il n'étoit encore qu'Inquifiteur, envoya en 15-59. Sixte de Sienne à Cremône pour abolir tous les Commentateurs Hebreux fur l'Ecriture & fur le Thalmud. Ce Deputé

Deputé pour une affaire fi importan te, en fit au-moins un Catalogue qu'il nous a laiffé dans fa Bibliotheque : il èn trouva, à ce qu'il témoigne, un nombre infini.

En voilà affez Monfieur, ce me femble, & je me fuis trop étendu fur les Manufcrits de cette Langue, dans laquelle on trouve peu de monumens qui foient confiderables, parce que les plus anciens ont prefque tous peri.

AU

GUES

Je ne crois pas non-plus, pour ne DES point fortir de l'Orient, qu'il se trou- TRES ve beaucoup de Manufcrits Caldéens, LA NSyriaques ou Samaritains qui traitent D'Odes fciences. Le caractere au-refte de RIENT. ces deux dernières Langues, dit le Pere Simon, ne differe non-plus que parmi nous le Gothique & le Romain. Et le peu qu'orr en trouve de Manufcrits, vient fans doute de ce que ces Langues font perdues depuis tant de fiécles. Monfieur Voffius en donne une raifon très-fpecieufe. Ces peuples, dont l'efprit eft prompt & penetrant, fe font toûjours plû à abreger leurs mots en écrivant, & les ayant prononcez dans la fuite comme ils les avoient écrits, cela a fait dans ces Langues des changemens fi confiderables, qu'elle

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