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ou de copier leurs Manufcrits, ou de deffiner ce qu'ils auront de plus Fare. Retenez leur nom, leur âge, leur demeure & la fituation du lieu, & ce qu'ils vous diront de plus fingulier. Faites-en de même auprès des Miniftres de la Religion de chaque pais où vous pafferez.

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Au-refte, Monfieur, la connoiffance de la Religion du païs où l'on fe trouve, eft un grand point pour découvrir beaucoup de choses. Il faut tâcher de s'en inftruire pour pouvoir accofter plus commodément ceux qui en font les Miniftres, parce qu'ils font plus habiles que le commun des hommes, de qui les Etrangers pourroient apprendre quelque chofe. Et tomme c'eft particulierement parmi les Sectes chrétiennes que vous pourrez apprendre davantage, à cause qu'elles ont confervé plus de livres qui leur donnent quelque ouverture & quelques notions du tems & des choles paffées; il faut vous appliquer quelques momens pour connoître leurs ufages, & pour fçavoir ce qui les divife d'avec nous. Mais rien au monde n'eft plus propre pour acquerir cette connoiffance en peu de tems, que le petit Traité du Pere Si

mon

mon de l'Histoire critique des: Relia gions du Levant. Vous le lirez conftamment avec plaifir; car il est trèsbien écrit, & l'on y trouve autant de nouveauté que d'érudition. Ne négligez pas non plus d'interroger les gens d'eau, de mer, & ceux de la campagne, pour apprendre l'hiftoire naturelle & la topographie des Provinces, où le voyage vous doit conduire. Si vous vous accoûtumez à cela, il n'y aura point d'hommes fi miferables, ni d'endroit fi difgrȧcié qui ne devienne un miniftre utile & un inftrument néceffaire à vôtre curiofité.

Je ne doute point que dans la Mofcovie vous ne trouviez beaucoup de Manufcrits Grecs, puifqu'ils en fuivent la Secte. Ce n'est pas que le Grec y foit pour cela la Langue Hieratique; car c'eft ou l'Efclavon, ou le langage du païs mais c'eft qu'il y a bien de l'apparence qu'il s'eft beaucoup refugié de fujets de l'Empire & de la Religion Grecque dans un païs de même Communion que la leur, avec ce qu'ils avoient de plus curieux, après le dernier rayage qu'en fit Mahomet fecond. Et il eft conftant qu'en ce païs, les liI 4

vres

vres n'y font pas fi précieux que dans le reste de l'Europe. Parcourez encore tous ceux qui travaillent fur les métaux, & fauvez tout ce qui meritera d'être tiré de l'esclavage ou de la barbarie de ces ignorans; quand vous ne feriez qu'en prendre le nom, le titre, le deffein.

Quand vous ferez en Perfe, & que vous pafferez par la Province de Chufiftan, fouvenez-vous qu'autre fois en ces quartiers il y eût des Grecs d'Eretrie qui y furent releguez par Darius. Herodote au livre fixiéme en rapporte l'hiftoire. Philoftrate dit qu'Apollonius y paffa, & qu'il rendit fervice à ces pauvres peuples. On y peut trouver auffi-bien des Infcriptions & des Monnoyes qui nous apprennent des particulari tez de ce païs, que dans les Indes, où Arrien dit que de fon tems on déterroit des dragmes, dont la Legende Grecque marquoit ceux qui y avoient regné après Alexandre. Le celebre Voyageur avec qui vous ferez, vous donnera trop de voies, ou pour faire venir ici ce que vous acquererez, pour le mettre en fûreté, ou pour le conferver pendant vôtre

voyage,

он

Voilà ce que la lecture & la con verfation m'ont appris & non pas les courses que j'aïe faites. Ce n'est ainsi qu'une idée fort legere que je vous -propofe qui ne peut pas beaucoup inftruire mais qui peut au-moins donner de l'émulation à ceux qui font capables de mieux faire, fervir de Memoire à ceux qui ont affez de genie & d'application pour profiter de leurs voyages. Pour vous, Monfieur, qui en allez faire un fi long vous acquererez une experience merveilleufe, vous perfectionnerez vos lumieres, vous amafferez des tréfors. J'efpere enfin qu'à vôtre retour vous me donnerez des leçons, & que vous me ferez part de vos remarques, comme je vous communique celles de mes recherches, & de mes heures de loifir.

DE

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L'UTILITE

des Voyages pour la recher

che des Medailles des

Monnoyes.

L ne reste plus, Monfieur, qu'a
vous parler des Médailles, qui eft
I S le

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LES

NOYES.

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le genre d'antiquité le plus aifé a
ramaffer & le plus fertile en dé-
couvertes. Le plaifir qu'on y prenoit
autrefois, a prefque paffé en étude
depuis plus d'un fiécle; & l'utilité
que les Lettres en ont reçûës, les
excellens Ouvrages qu'on en a com-
pofez, ont fait voir qu'elles ne me-
ritoient pas moins de contribuer à
l'application ferieufe de ceux qui cul-
tivent les Sciences, qu'au délaffe-
ment de leur efprit. Ce fait eft re-
connu prefentement, & n'a
pas be-
foin de plus grandes preuves ni de
beaucoup d'exemples. Celui de Mon-
fieur Cujas fuffira. Ce celebre Jurif-
confulte avoit un très-grand nombre
de Médailles. Ses Ecrits prouvent
qu'il les confultoit quelquefois, &
qu'il en a tiré quelques lumieres.

Je commence par les Monnoyes, MON- dont l'ufage eft très-ancien. Il paroît par la fainte Ecriture, qu'il eft prefque contemporain à l'échange que les premiers peuples faifoient, lorfque ne s'occupant encore qu'à l'agriculture, ils commerçoient entr'eux de fruits que Caffiodore appelle fans doute à caufe de cela victualem monetams. Enfin la multiplication des hommes a auffi mul

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