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que le Sceptre d'Ofiris eft orné de la tête de cet oifeau : & il y a bien de l'apparence que la Huppe étoit confacrée à cette Divinité. Or Saturne étant la même chofe que Serapis & Ofiris, felon Varron, qui le dit en propres termes dans ce beau paffage que j'ai rapporté; je ne crois pas m'éloigner beaucoup de la vrai-femblance, lorfque je prens l'oifeau de cette Médaille pour une Huppe, que les Romains y auroient reprefentée au tems des Saturnales, comme un fymbole agréable au Dieu dont ils celebroient la fête, & comme un oifeau qui lui étoit dédié.

il y.

Au revers de cette Médaille, a un autre oifeau paiffant que je prens pour la corneille. Ce que les Anciens, en ont dit me fait croire qu'elle étoit, peut-être confacrée à Saturne. On l'appelloit avis annafa, comme Ifidore

rapporte: La Corneille, dit-il, oifeau qui vit long-tems, eft ainfi appellée chez les Romains du nom grec. D'où vient ce proverbe Cornicibus vivacior, que Martial exprime agreablement dans l'Epitaphe d'une vieille.

O 6 Et

* Cornix annofa, avis apud Latinos græco na mine appellatur.

L. 14.

*Et furvivant encore à toutes les Corneilles.

Mais, Monfieur, je ne sçaurois mieux appuyer ma conjecture, que par cette figure de Saturne que Pignorius nous a donnée dans fa Table d'lfis, où cet oifeau fe voit avec la Huppe. [Voyez la Figure 2. de la VI Planche. ]

L'Infcription de ma Médaille ne justifie pas mal ce que j'avance, & apporte quelque lumiere à celle de Seguin dont j'ai déja parlé, & qui apparemment eft de même fabrique que celle-ci. A l'égard de cette fillabe MA, je l'interprete MAGNA, comme étant quelque formule ufitée dans les acclamations, de même qu'on difoit Saturnalia bona ; ce quon voit dans Martial par ce vers :

Ifte tibi faciet BON A SATUR-
NALIA porcus.

Ce pourceau vous procurera de bona
nes Saturnales.

Et ce qu'Arrien fur Epictete confir

Jam cornicibus omnibus fuperftes.

me:

.

me:* Lorfque nous nous rencontrons, dit-il, au bruit & à l'éclat qu'on fait, quand on s'écrie AUJOURD'HUI LES AGREABLES SATURNALES, eft-ce que nous répondons aux petits enfans qui font ces acclamations, ces fêtes ne font point divertiffantes Soit que ce foit l'acclamation du jour auquel ces Fêtes avoient été anciennement inftituées & particulierement celebrées. Enfin l'on y pourroit auffi lire MA JORUM, & non pas MAGNA. Vous en voyez, Monfieur, trop aifément la raifon fans qu'il foit befoin de l'expliquer davantage.

J'ai encore une autre Médaille de même grandeur & de même metal, mais dont le deffein me paroît extrê mément correct. [Figure 3. de la VI. Planche. ] Elle a d'un côté un homme qui prefente une Pique à un Once ou à un Lion, & de l'autre deux Gladiateurs ou deux hommes qui s'exerçent à quelques-uns des autres combats ou des autres jeux.

Les deux premieres Médailles de plomb

* τοῖς ἢ παιδίοις, ὅταν προσελθόντα κρατῇ καὶ λέγη, Σήμερον Σατορνάλια ἀγαθὰ λεγομὴν, ἐκ ἔσιν ἀγαθὰ ταῦτα.

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plomb de la feconde édition de Se guin font du même genre, fans dou te. L'une reprefente un Jupiter en Serapis, avec ces mots au revers, YAAE.E. que j'interprete ainsi Cuftos ou Protector dies quinti Saturnaliorum ou bien Protector quintus, ce qui n'eft pas fi fort hors de raifon; puifqu'anciennement les Saturnales commençant le quatorziéme des Calen des de Janvier, le dixième des mêmes Calendes dedié à Jupiter faifoit le cinquième jour des Saturnales. [Voyez dans la VI. Planche la Ei, gure 4.]

Il y a dans l'autre, qui eft la cinquiéme de la même Planche, une Fortune & ce terme SENTIAM, fclon Monfieur Seguin: mais je ne crois pas qu'on doive joindre les lettres de la legende pour les expliquer de cette maniere: le FELICITER du revers m'en fait douter fortement. Enfin les conjectures que j'ai propofées fur les autres, peuvent, ce me femble, aider de plus habiles que moi à deterrer le fens de cette derniere legende.

Celle de la page vingt-uniéme de la même édition, qui reprefente d'un côté le Dieu Sylvain avec fon nom & de l'autre un Autel, & cette Infcrip

tion, HERMEROTIS eft indubitablement de ce genre. [ Elle eft la 1. Figure de la VII. Planche. ] Monfieur Seguin témoigne douter fi cet Hermeros eft le nom du Dieu à qui l'Autel eft dédié, ou de celui qui l'a érigé. Pour moi je ne doute point que ce ne foit le dernier, & de celui même qui aïant été Roi des Saturnales, avoit fait frapper la Médaille dans ce tems-là, en memoire fans doute d'un Autel qu'il avoit dédié à quelque Dieu ou Déeffe, Patrons de fon état, comme qui diroit à Feronia. Les efclaves invoquoient apparemment cette Déesse, parce que c'étoit dans fon Temple qu'ils recevoient les marques d'affranchiffement & de liberté, felon Servius fur le VIII. de l'Eneide. * Feronia, dit-il, eft la Déeffe des Affran. chis, parce que c'étoit dans fon Temple qu'aïant la tête rafe ils recevoient le bonnet, figne de la liberté. De-là vient peut-être encore, qu'Auguste aïant retiré des fignes militaires des ennemis, rendît graces à la Déeffe Feronia, comme aïant été affranchi d'un joug & d'une honte infuportable à l'Empire. C'eft ce qu'on remarque

dans

* Eeronia, Dea Libertorum: in ejus Templo Liberti rafo capite accipiebant pileum, quod erat fin um libertatis.

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