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qua pas de défaite, & lui répondit qu'il en avoit déja difpofé. Voilà ce que j'en fçai, & il y a quelque apparence à ce dernier fait; car il s'eft affocié, à ce qu'il dit, avec un autre pour faire les frais du voïage & du tranfport de fa découverte. Je ne doute point, s'il a de la gratitude, qu'il ne beniffe les voïageurs, & principalement celui qui lui a fait faire une fi riche conquête, fi elle eft veritable. Quoiqu'il en foit, comme dit Alien, parlant d'un récit que Theopompus fait de Silene & de Midas: Si un homme de Chio eft digne de foi, il pourra croire ce que je viens de dire, καταυτα, ἔιτῶ πισὸς ὁ χῖος λέγων, πεπιςένε

Dw.

DE L'UTILITE'

des Voyages pour la recherche des Manufcrits.

A Propos de Manufcrits, ne né

gligez pas, Monfieur, ce que vous en trouverez, foit Grecs, foit Latins ou des autres Langues Orientales. Ce n'est que par-là feulement

qu'on

qu'on peut reparer les naufrages des Lettres, & les révolutions qu'elles ont fouffertes. Que de pertes en effet nous a causé le malheur des tems, que de trefors entrainez par le débordement de ces peuples barbares, les Huns, les Gots, les Vandales, les Sarazins & les Turcs! Combien même y a-t-il de playes à ce qui nous refte! Quel plaifir, Monfieur, quelle felicité, d'y pouvoir appliquer du remede ? Les Sçavans de ces derniers tems n'ont prefque fait autre chose; & n'ont ils pas travaillé pour leur gloi re, en rétablissant celle des grands hommes, qui n'avoient embraffé les travaux qui conduifent à la fcience que pour nous en faciliter l'entrée, & qui n'ont tant écrit que pour nous inftruire ?

La plupart de ces illuftres morts font répandus ça & la, ou font enfevelis dans la pouffiere, & difperfez en mille pieces. Ce font autant de parties d'eux-mêmes, mais des parties les plus précieufes, que l'envie du tems a feparées, & que la pieté, fi cela fe peut dire ainfi, nous oblige à réunir. Nous avons pour le moins autant d'interêt nous-mêmes à leur rendre ces derniers devoirs. Ces

foins portent avec eux leur recom penfe; & l'avantage que l'on retire à ramaffer ces précieufes reliques, eft fouvent de partager la gloire qu'elles ont méritées, & de confacrer fon nom, en relevant des Trophées que le tems, la barbarie & l'ignorance avoient abattus. Il eft vrai qu'après la perte d'une infinité de Bibliotheques, il faut entreprendre de grands travaux pour fatisfaire à cette efpece de pieté; mais auffi la réputation, l'avantage & l'agrément qu'on en retire furpaflent toutes les peines qu'on auroit fouffertes. Ne fentez-vous pas, Monfieur, exciter vôtre courage pour de femblables exploits? Que de Provinces, pour-ainfi-dire, ces cruels ufurpateurs dont je viens de parler ont enlevées; & quelle gloire n'auroit-on pas d'en reconquerir au-moins quelques-unes? La Poëfie, l'Hiftoire, l'Eloquence & la Philofophie font des champs fi vaftes, que tant de Heros ont cultivez; & cependant nous n'en poffedons pas la milliéme partie.

Nous n'avons que des fragmens de Solon, de Sapho, d'Alcée, de Menandre, d'Anacreon. A propos de ce dernier, on dit que Monfieur Decour

feveu du grand Saumaise, & Gentilhomme de Monfieur le Duc du Maine a trouvé quelques Odes de ce Poëte. Peut-être ne nous enviera-t-il pas long-tems ces bijoux, lui qui peut les enchaffer fi précieusement, & qui a tant dequoi faire des liberalitez au Public. Qu'avons-nous de ce Therpandre dont les Poëfies faifoient de fi merveilleux effets, que les Lacedemoniens l'envoyerent prier de venir appaiser une fédition dont leur Ville étoit troublée? Que nous reftet-il de Corinne cette Mufe lyrique, ainfi nommée par l'antiquité ? d'Empedocles, que les Agrigentins fes compatriotes regardoient non-feulement comme un Dieu, mais qu'un Poëte Latin femble eftimer de même en parlant de ses Ouvrages?

* A peine croiroit-on qu'il feroit né mortel.

Nous ne voyons prefque rien de Telefille cette Amazone d'Argos, de cette Afpafie que Periclès adoroit ; d'Antimachus que l'Empereur Ha

drien

* Ut vix humana videatur ftirpe creatus, Lucr, L. A

C. 3.

drien vouloit mettre au-deffus d'Ho mere. Il nous manque des pieces entieres d'Eschyle, d'Euripide, de Sophocles, d'Ariftophanes, de Callimaque. Qu'avons-nous d'Ennius, de Lucile, de Terence, de Cornelius Gallus, de Pædo Albinovanus, de Petrone & de tant d'autres qui ne nous faffe regreter le refte?

Que n'avoient point fait les Roys Hieron, Philometor, Attalus, Archelaus, puifqu'ils avoient compofé des Traitez d'Agriculture, à ce que dit Pline? Nechepfus, dont parle Galien, & Juba, font encore des Princes qui avoient beaucoup écrit & dont les Ouvrages font perdus. Ne L. 18. fçavons-nous pas que Jules - Cefar, Augufte, Tibere, Germanicus, Claude, Neron, Vefpafien, Hadrien, Albin, Septime-Severe & plufieurs autres Empereurs ont compofé une infinité d'Ouvrages de toutes fciences dont il ne nous refte à peine que les titres & quelques paffages. Le premier a fait beaucoup de Plaidoyers, qui ne Ep. ad cédoient, au rapport de Ciceron, à pas un des Orateurs de fon tems. Suetone parle encore de deux Livres d'Analogie deux qui étoient intitulez Anticatons, d'un Poëme intitulé Le

Brut.

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Voyage.

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