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trois fois par jour; parce qu'il la regar

doit comme un remede contre les embuches & contre les conjurations.

fe

Il me femble encore que ces reme→ des appellez Proebia font de ce genre. Caia Cæcilia femme de Tarquin l'ancien, felon Feftus, les avoit inventez; & ce ne peut être autre choque des Talifmans, puifque Varron dit qu'on les appelle * Proebia à prohibendo, empêcher, détourner. Il ajoûte qu'on s'en fervoit pour fe mettre en fûreté contre les maux étrangers, & qu'on les attachoit au cou des enfans.

Je ne crois pas non-plus qu'on puiffe expliquer autrement ce vers de

Lucrece,

Exfultare etiam Samothracia ferrea
Vidi,

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J'ai vu nime enlever l'Annean de
Samothrace,

Tout compofé qu'il eft,

qu'en le rapportant aux Talifmans que ceux de l'Ifle de Samothrace faifoient d'une certaine maniere', &

d'où

Proebia à prohibendo ufitatum, quòd fint remedia in collo pueris. Varro. lib. 6. de Ling. Late

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d'où l'on a donné le nom à des Bagues faites de même. Le nom prouve l'origine de cette coûtume dit Pline parlant de l'ufage d'enchaffer du fer dans de l'or, & montre qu'elle vient de Samothrace. C'étoient auffi des Anneaux d'or qui avoient du fer enchaffé au-lieu de Pierres précieuses, comme le dit Ifidore: § L'Anneau de Samothrace eft d'or à la verité; mais ly a du fer enchassé au-lien de pierres ; on l'appelle ainfi du lieu où on le fa brique. Ainfi lorfque Lucrece a dit Samothracia ferrea, en décrivant les vertus de l'Aimant, il a entendu parler du fer, qui étant enchaffé dans des Anneaux, comme ceux de Samo thrace, ne laiffoient pas ne laiffoient pas de fauter par la vertu de l'Aimant, quelque pe fant que fût le fer, quoique joint & un autre métal, quoi même encore qu'il fût conftellé. Le grand Scaliger dans fes notes fur Varron, femble F'avoir remarqué, puifqu'il dit que ces t Anneaux qu'on appelloit Samothraciens, avoient quelque chofe qui

pré

Cujus licentiæ origo nomine ipfo in Samothrace id inftitutum declarat. Lib. 33. c. r.

§ Samotracius annulus aureus eft quidem, fed capitulo ferreo à loco ita vocatus. Lib. 20. c. 31. * Habebant aliquid ἀλεξίφθονον annulli fer sei qui dicebantur Samothracii.

préfervoit contre l'envie & les autres maux étrangers, ou qui les repouffoit. Artemidore fait auffi mention d'Anneaux qui ont du fer au-dehors, à qui l'art a communiqué quelque vertu falutaire, & les croit de bonne augure dans les fonges. Par où l'on peut voir que Turnebe s'eft trompé dans fa conjecture, lorfqu'il dit que la penfée de Lucrece fe doit entendre feulement d'un Anneau tout de fer. Ce qui eft avancé fans autorité, & contre le témoignage des Anciens.

*

Petrone parlant des Bagues que Trimalcion portoit, dit que celle qu'il avoit au dernier article du petit doigt, étoit d'or femée & garnie d'étoiles de fer. Sur quoi Monfieur Pithou dit que c'étoit un Anneau de Samothrace. Kircmannus qui fuit Turnebe, prétend qu'il ne faut pas écouter l'autorité d'Ifidore, quoique cet Ancien n'ait fuivi que celle de Pline, qui avoit dit avant le Paffage que j'en viens de rapporter : § Les efclaves même commencent à environner d'or

* Extremo vero articulo digiti fequentis minorem, ut mihi videbatur, totum aureum, fed plane ferreis veluti ftellis ferruminatum.

§ Necnon & fervitia jam ferrum auro cingunt; alia per fe fe mero auro decorant. 1. 33, 6, 10 %

d'or leurs anneaux de fer, & quelquesuns les en couvrent entierement. Ce qui fait remarquer que le Naturaliste, entend parler du fer que l'on commençoit à enchaffer dans de l'or; foit qu'on y laiffât un cercle de fer, ou qu'il n'y en eût qu'un morceau en guise de pierre. Et en effet ce qu'il ajoûte enfuite, que cette mode & cet ufage venoit de Samothrace, justifie Ifidore & la remarque que je fais.

Au-refte, Monfieur, ces Anneaux de Samothrace étoient fans doute des Talismans dont le fer étoit conftellé. Car à quoi bon enchaffer un petit morceau de fer dans une matiere plus précieufe, & de quel ornement cela pouvoit-il être : Ne croira-t-on pas plûtôt que ces Anneaux étoient faits par les régles d'une Philofophie fecrete, qui leur communiquoit des proprietez pour beaucoup d'effets: Antiq. tels qu'étoient ces bagues dont la fa- Liv. 8, brique avoit eté enfeignée par Salomon, felon Jofephe, avec lefquels on pouvoit chaffer les diables; & ces Anneaux creux d'Artemidore, * qui ont quelque chofe de divin renfermé au-dedans. Ce n'eft point une conjecture

* οἱ γὰρ κενοὶ δὲ θεῖον ἔνδον ἔχοντες.

C. 24

cture mal-fondée; il faut que de tout tems les peuples de cette Ife fe foient appliquez à étudier les fecrets de la nature, puifque je trouve dans Jamblique, que Pythagore apprit entr'autres à Samothrace une espece de Philofophie qu'il appelle divine, & que je croi, avec beaucoup de vrai-femblance, être la fcience en partie des Talifmans. Ce qui revient affez à ce que dit l'Interprete des fonges *.

Auffi cette Religion, ce Culte, ces Dieux qu'on appelloit de Samothrace, ne font rien autre chofe que ceux qui étoient crus préfider ou favorifer la pratique de cette fcience, & les ce→ remonies qu'on y obfervoit, ou contribuer à la compofition des Talifmans. Les Infcriptions de ces trois Autels dont parle Tertulien, le confirment. § Devant les Colomnes, dit-il, il y a trois Autels dédiez à trois ef peces de Dieux, MAGNIS, POTENTIBUS, VALENȚIBUS: c'eft-à-dire à ceux qui peu

vent

* Ici l'Auteur confond l'Hiftorien Jofephe avec Jofeph le Patriarche, qui avoit le don d'interpreter les fonges. Gen. 40. & 41.

§ Ante has tres aræ trinis deis parent, MAGNIS POTENTIBUS, VALENTIBUS; eofdem SAMOTHRACAS exiftimant. Tertull. lib. de Spe&ace c. 8:

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