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ques fciences qu'ils ayent profeffé.
L'utilité en feroit très-grande, &
feroit peut-être faire beaucoup de
découvertes. Une perfonne ne fçau-
roit avoir lû tous les Auteurs qui les
citent. Ceux qui les fçavent, n'ont-
pas le tems de feüilleter les Manuf-
crits; ceux qui peuvent les rencon-
trer les négligent fouvent, parce que
les fujets ne font pas de leur goût,
ou qu'ils n'en connoiffent pas les Au-
teurs mais fi on avoit un Catalo-
gue diftribué par matieres ou par or-
dre chronologique de ce que les Au-
teurs ont laiffé fur chaque science ou
écrit dans chaque tems, commme S.
Jerôme,
Ifidore, Bellarmin & le
P. Labbe ont fait fur les matieres Ec-
clefiaftiques; il eft indubitable qu'on
découvriroit une infinité d'Ouvrages
que l'ignorance nous retient jufqu'à
prefent, & qu'on feroit par-là com-
me un Catalogue des celebres Biblio-
theques de Rome, de Conftantinople,
des Attales & des Ptolemées. Si per-
fonne ne me previent cependant, je
veux bien m'en faire une dette en-
vers vous, & vous promettre d'y
fatisfaire avant vôtre retour.

EX- A-propos, Monfieur, de la BiblioTION theque des Ptolemées, je ne puis

PLICA

m'em

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PASSA

BON.

m'empêcher de m'écarter un peu pour D'UN juftifier Strabon d'une ignorance qu'on GE DE lui reproche fur leur fujet dans le STRAdernier Traité de Bibliotheque, imprimé chez Michallet. On l'accufe En1680, d'avoit fait un anachronisme dans une Hiftoire, où il n'étoit pas aifé à un Auteur comme lui de fe méprendre. Strabon, dit ce Traité, rapporte qu'Ariftote fut le premier qui amassa des Livres, & qu'il enfeigna au Roy d'Egypte la maniere de faire une Bi. bliotheque. Mais je ne vois pas comment cela auroit pu être ; puifque quand Ptolemée Philadelphe qui fut le fecond Roy d'Egypte après Alexandre, érigea fa pompenfe Bibliotheque, il y avoit déja plus de quarante ans qu'Ariftote étoit mort. Il paroît par ces termes qu'on n'a point vû Strabon, & qu'on l'a condamné fans l'entendre non vifis tabulis. Il dit bien qu'Ariftote fut le premier qui ayant acheté des Livres de tous côtez, en compofa une Bibliotheque; mais il ne dit pas qu'il enfeigna au Roy d'Egypte ( c'est-àdire, Ptolemée Philadelphe, comme on l'explique ) la maniere d'en faire une. Il ajoute feulement à§αs τοὺς ἐν Αἰγύπτῳ βασιλέας βιβλιοθήκης σύν

D 4 ταξιν,

pas

TaE, qui, expliqué mot-à-mot, fans avoir égard au fens ni à l'élegance de la langue veut dire, il appris aux Roys d'Egypte la conftruction d'une Bibliotheque ce qui ne fe réduit feulement à Philadelphe, & ne fait pas entendre qu'il inftruifît ce Prince, & qu'il le conduifît dans l'érection de fa Bibliotheque. Ceux donc qui entendront la penfée & le langage du Géographe, ne lui attribueront pas une erreur fi groffiere. Car voilà ce qu'il a voulu dire par ces paroles ή διδάξας τους ἐν Αἰγύπτῳ βασιλέας βιβλιοθήκης σύνταξιν : Et fon exemple fervit de modèle aux Roys. d'Egypte dans l'ordre & dans la compofition de leurs Bibliotheques. Aurefte, Monfieur, j'ajoûterai en paffant, que ce dernier Traité de Bibliotheque n'eft pas plus heureux à en dreffer une, qu'à critiquer: il faudroit faire réimprimer les livres exprès felon fes régles; car l'ordre qu'il décrit n'eft bon tout-au-plus qu'à ébaucher une table de matiere.

Quelque éclairé que

foit nôtre fie

cle, il faut pourtant demeurer d'accord que les moindres Ouvrages, même ceux des Anciens, ont quelque chofe de fi venerable, qu'ils infpirent au

moins de l'efprit & de l'émulation,
s'ils n'inftruifent pas tout-à-fait. Il n'y
a gueres de fujets qui n'ayent été trai-
tez par eux. En effet, de quoi n'ont pas
écrit Varron, Nigidius Figulus & tant
d'autres? On a eu jufqu'à des Traitez
de cuifine compofez par des Chevaliers
Romains, comme celui d'Apicius. Que
n'avons-nous point perdu d'Afchines,
de Lyfias, de Quintilien, de Longin,
de Jamblicus; de combien encore de
Philofophes regretons-nous les Ecrits,
de Pythagore, d'Epicure, de Democri-
te, d'Heraclite, de Jamblicus? Mais je
ne finirois point fi je faifois feulement
l'énumeration de tant d'Auteurs dont
nous déplorons la perte. Si nous en
avons quelques extraits dans Athe-
née, dans Diogene Laërce, dans
Philoftrate, dans Eunapius, dans
Photius, dans Suidas, dans Con-
stantin Porphyrogenete & dans Sto-
bée, cela ne fait qu'irriter nos defirs
& augmenter notre douleur. Ils fer-
vent au-moins à justifier les fommes
immenfes que l'on donnoit autrefois
pour les acquerir. Dion de Syracuse
entr'autres, à ce que
dit Jamblicus,
donna cent mines d'argent à Philo-
laus pour les Ouvrages de Pytha-

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L'Hiftoire n'a pas eu un meilleur fort que les autres fciences: car ou nous avons perdu la plupart des Auteurs qui l'ont écrite; ou nous n'avons que la plus petite partie de ceux qui nous en reftent. Comme cette matiere eft d'un goût plus univerfel, on a auffi plas d'empreffement pour elle; & fi l'on s'attache avec plus de foin à rechercher ce qui nous manque, c'eft avec juftice; puifqu'elle eft, feL. I. lon Diodore de Sicile, comme la Metropolitaine de toutes les fciences. Pour vous aider, Monfieur, à faire quelques conquêtes dans ce païs, en voici une espece de defcription, dans laquelle Monfieur le Vayer m'a un peu guidé dans fon jugement des Hiftoriens. Je ne vous en marquerai pas néanmoins tous les lieux qui ont été autrefois connus, car cela feroit trop long; & il eft plus à-propos de le referver pour un autre tems.

Pherecide, Denis de Milet, He catée, Xantus de Lydie, Charon de Lampfaque & Hellanicus ont écrit avant Herodote ; mais ils ne font pas encore venus jufqu'à nous. Le curieux Monfieur Colomiez rapporte, que Voffius & Gataker. ont trouvé des paffages de ce dernier qui ne se

trouvent

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