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gue le caractere de chaque Nation; quoique leurs Rabins la plûpart ayent écrit dans un méme idiome. Il en eft de même de la gravûre ancienne des Medailles. Les Curieux diftinguent fort bien celles d'Italie d'avec celles d'Efpagne, d'Egypte & de Grece. Ainfi quoique le Pere Mabillon ait touché quelque chofe du caractere Gothique & du Lombard, il n'a point parlé de ceux des autres païs & des autres Langues; ce qui auroit été cependant neceffaire, puifqu'ils ne renferment pas moins ce qu'il y a de plus précieux dans les Religions, 'Hiftoire, la Politique & les autres fciences. De-là vient que bien des gens avec moi, & quelques-uns même de fes amis, ont trouvé que cet Ouvrage ne donne qu'une connoifLance fort legere & fort bornée sur cette matiere pour l'intelligence des Titres ou des autres Manufcrits. Je n'ai aucune intention neanmoins de le choquer, par ce que j'en viens de dire, & ce que je vais ajoûter. Son livre étant public, on a par confequent la liberté de l'examiner, Ꮕ + c'est dans ces fortes de difputes feulement

*Et fic altercando, veritas non amittitur, fed emittitur.

feulement que la verité ne fe perd point, mais quelle fe produit, dit admirablement Monfieur de Saumaife dans une de fes Lettres. Vous m'avez quelquefois demandé outre cela ce que j'en fçavois; j'y fatisfais ici, & votlá mon feul deffein puifque l'oc cafion s'en prefente.

Au refte, Monfieur, comme vous aimez l'Hiftoire Litteraire, vous ne ferez pas fâché de fçavoir quel motif a fait entreprendre cet Ouvrage au Pere Mabillon & à fon Collegue. Cette connoiffance donne fouvent beaucoup d'ouverture pour l'intelligence des Livres & la plupart des Auteurs en font fi perfuadez, qu'ils ne manquent jamais d'en prétexter quelques-uns, ou d'en donner des indicès dans leurs Ouvrages. C'eft auffi ce que je vous ferai remarquer dans celui-ci. Le Pere Papebroch Jefuite, dans la Preface de fon fecond volume des Saints du mois d'Avril, parlant des Manufcrits, dit en passant que les Titres publiez par nos Religieux font fort fufpects. Il n'oublie pas méme le Titre de S. Denis done né par Dagobert comme un des principaux. Il ajoûte enfuite beaucoup de raisons pour fortifier les conjectures.

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Le Pere Mabillon ne s'en plaignit point dans l'abord, & il méprifa cette attaque comme ces vieilles calomnies que le tems obfcurcit ou rend moins dangereufes. Mais en 1677. it parut un Livre dans lequel il y a des notes qui combattent ce Titre de Saint Denis, dont je viens de parler," qu'un Benedictin a publié, & par lequel les Religieux prétendent être exemts de la Jurifdiction même du Roy. On a ajoûté à ces notes une copie du veritable Titre, tirée d'un Manufcrit de Monfieur de Thou, qui eft prefentement dans la Bibliotheque de Monfieur Colbert. Et cette copie eft entierement contraire à celle qu'avoit imprimé le Pere Doublet dans fes Antiquitez.

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Ces notes prouvent encore que le Titre tel qu'il eft chez Monfieur Colbert, eft non feulement l'original, mais qu'il eft conformé à la difcipline de fon tems, & à l'ufage qui l'a précedé, & que celui de Doublet par confequent,eft falfifié, & qu'il eft contraire aux loix de l'Eglife & à celles de l'Etat ; ce qui eft démontré par une infinité de monumens de l'une & de l'autre police. Ceux qui y avoient interêt, & pour qui

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en avoit publié ce Titre ne pûrent fouffrir qu'on l'attaquât ainfi : cependant ils n'oferent y répondre ouvertement. Il courut, ou,' pour mieux dire, il parut un petit Libelle de quelque Moine impatient, mais qui s'évanoüit auffi-tôt, & que le Pere Mabillon & les plus raisonnables d'entr'eux defavoüerent, parce qu'il n'y avoit que des injures & de l'ignorance. Il n'effleuroit pas même la difficulté, bien-loin de la refoudre. On prit donc une autre voye ; & ce fut ce Traité DE RE DIPLOMATICA qui fut le Palladium qu'on voulut oppo fer aux remarques curieufes que l'Abbé Petit avoit jointes à fon édition du Penitentiel de Theodore. Le Pere Mabillon n'a pû cacher fon deffein, & il paroît évidemment qu'il a voulu défendre & foûtenir les Titres de fon Ordre, que le Pere Papebroch avoit un peu noircis par fes foupçons ; & il eft indubitable que l'endroit de fon Livre, où il s'efforce de combattre ce qu'a donné Monfieur Petit, eft le centre de fon Ouvrage, d'autant plus que dans les Differtations jointes au Penitentiel, il y a y a des preuves affez fortes de ce que le fçavant Jefuite Flamant ne faifoit que conjecturer.

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Voilà

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Voilà les bleffures aufquelles il s'eft crû obligé de remedier avec prompti Præfat. tude: Opus effe exiftimavi diligentia. Ne m'en croyez pas, Monfieur, ce font fes termes, hanc neceffitatem probat operis occafio, dit-il l'occafion de cet Ouvrage en prouve la neceffité ; & parce que les principaux efforts de fes adverfaires, comme il les appelle, font tombez fur le Charbid. trier de Saint Denis ; & quoniam præcipuus adverfariorum conatus in Dionyfianum archivum exfertus fuerat. La neceffité de fe défendre lui a fait enfanter ce deffein nouveau pour procurer de l'utilité au public, nempe bid. utilitas argumenti cum novitate conjuncta, atque deffenfionis neceffitas.

Cependant, Monfieur, quiconque lira l'un & l'autre, remarquera facilement lequel des deux a plus de force & de folidité dans l'attaque ou dans la défense: & pour vous le faire voir en deux mots, l'Abbé Petit dans fes notes fur Theodore, qui vivoit vers la fin du VI. siècle, prétend que les exemptions de l'Ordinaire & des Souverains font contre la difcipline de l'Eglife. Il le juftifie par une tradition exacte des Peres & des Conciles jufqu'à fon tems. Il foûtient par conLequent

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