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d'une femme proteftante, peuvent fervir de ! modeles.

Le rapport & l'examen des procès par écrit eft ufage dans toutes les compagnies. La maniere de rapporter n'eft pas la même dans toutes les jurifdictions; mais le ftyle doit être par-tout le même, & joindre quelques agrémens à unę extrême clarté. Le Rapporteur, eft un juge chargé d'inftruire d'une affaire les autres juges fes confreres, qui doivent en décider avec lui; ce qu'il ne peut faire qu'en leur expofant avec autant de méthode que de folidité l'origine, les fuites, le fond, les circonftances, les moyens pour & contre la caufe, l'ordre & les incidens de la procédure, &c. On fent quelle précision, quel arrangement, quelle netteté demande une pareille expofition. Les agrémens qu'on peut y répandre, mais avec réferve, doivent naître de la matiere même. Le genre tempéré pourra donc avoir quelque lieu dans cette partie de l'éloquence du Barreau; mais la principale place fera toujours affignée au genre fimple.

On appelle mercuriales les difcours que prononcent quelquefois les Avocats généraux à la rentrée des Parlemens. Ces difcours doivent rouler fur des objets utiles, comme fur certains abus de la procédure, fur les devoirs des magiftrats, &c. Les trois genres d'éloquence y peuvent avoir lieu. Les difcours de Daguesseau &

de M. de Servan font des modeles parfaits en

ce genre.

Les requifitoires font des difcours dans lefquels les Avocats généraux inflruisent les Parlemens de quelques abus. Nous en avons d'excellens, tels font ceux de MM. de Montclar, de la Chalotais & Séguier.

De l'Eloquence de la Chaire.

L'éloquence de la Chaire eft le talent de per fuader, en parlant des matieres de religion d'une maniere grave, ornée, proportionnée à l'intelligence des auditeurs. Dès qu'elle fera grave, elle aura toute la bienféance & la majefté. convenables à l'importance des fujets qu'elle traite. Proportionnée à l'intelligence des auditeurs, elle ne laiffera rien à defirer pour leur inftruction; & ne craindra point de s'avilir en defcendant jufqu'à eux: ornée, mais avec la retenue qui convient à la religion, elle invitera les auditeurs, par l'attrait d'un plaifir innocent, à mieux goûter la vérité ; enfin, fi elle fait tirer parti deleurs difpofitions, les remuer à propos pour faire pratiquer le bien & fuir le mal, n'aurat-elle pas rempli fon principal objet, qui eft d'incliner ou de vaincre la volonté ? S. Auguf tin n'avoit point d'autre idée, quand appliquant à l'éloquence chrétienne ce que Cicéron avoit

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dit de l'orateur en général, il ajoute que la prédication a trois fins; que la vérité soit connue, qu'elle foit écoutée avec plaifir, & qu'elle touche les cœurs.

Quoique ce foit là en général les trois principaux devoirs de l'orateur chrétien, & que, pour arriver à fon but, il doive employer les trois genres d'éloquence, toutes les matieres qui font du reffort de la chaire ne font cependant pas également fufceptibles de tous les genres. Les Homélies *ou Prônes, les Sermons de myfteres & de morale, les Panégyriques & les Oraifons funebres, les Conférences & les Mandemens ont des caracteres qui les diftinguent, & que nous allons expofer en peu de mots.

Homélie fignifie difcours familier: on appelle ainfi les inftructions que les Evêques faifoient aux fideles dans les premiers fiecles de l'Eglife. S.Chryfoftome, S. Grégoire de Nazianze & plufieurs autres Peres nous ont laiffé des modeles en ce genre.

Aux Homélies des Evêques ont fuccédé les inftructions ou prónes des Pafteurs chargés d'enfeigner les peuples. Ces fortes de difcours demandent un ftyle extrêmement clair pour inf truire, & cependant fort & nerveux pour toucher. On peut même donner quelque chofe à l'agrément, dans les villes où l'auditoire eft plus éclairé ou plus poli que dans les campagnes, mais ici l'on doit tout facrifier à la clarté, &

parler fi intelligiblement, qu'on ne puiffe pas ne point être entendu. La force & la véhémence n'y font pas moins néceffaires qu'ailleurs. Plus les gens de la campagne font groffiers, plus on a befoin de mouvemens forts pour les émouvoir. On grave plus aifément fur une pierre tendre & polie, que fur un caillou brut & compact. On eftime beaucoup les Prônes de Joly & de la Chétardie, & les Homélies de Montmorel & de Lambert.

Les Sermons de myfteres & de morale font des difcours méthodiques fur les vérités qu'on doit croire ou pratiquer. En inftruifant les auditeurs fur le dogme, il faut les ramener à eux-mêmes, & les intéreffer par une peinture de leurs mœurs, pour leur faire tirer de la connoiffance du mystere le fruit convenable. L'orateur doit d'abord s'attacher à donner à un myftere tout l'éclairciffement dont il eft fufceptible, puis à y joindre une morale toute fondée fur le mytere niême. Il doit trouver entre l'un & l'autre un rapport qui les affortiffe fi bien ensemble, que le myftere serve de preuve à la morale, & que la morale foit la plus jufte conféquence du myftere. Il faut donner à ces fujets toute la grandeur & la dignité de l'éloquence chrétienne, fans courir après les ornemens de l'art, & les expofer avec toute la profondeur & la folidité de la

théologie, fans rien contracter de ce qu'elle paroît avoir d'obfour.

Les Sermons de morale font d'un autre gente, en ce que le dogme n'y entre qu'incidemment, & que le but principal eft la perfection ou da correction des mœurs. Des déclamations vagues & générales n'aboutiroient à rien : des applications trop particularifées de principes généraux reftreindroient l'utilité de ces difcours dans des bornes trop étroites. Il y faut donc des traits forts, marqués, qui puiffent s'appliquer, finon à tout l'auditoire, du moins au plus grand nombre des auditeurs. C'eft la pratique d'une vertu ou la fuite d'un vice que l'orateur fe propofe ordinairement de montrer. Ici ce font des préjugés à vaincre, là des prétextes à réfuter, des illu-. fions à diffiper. Ce n'eft pas par ce que le vice a de ridicule qu'on doit le combattre dans la chaire, mais par ce qu'il a d'odieux, de funefte à la fociété, de contraire à la religion. Il ne faudroit que de la fineffe pour le tourner en ridicule; il faut de la véhémence & de la gravité pour en montrer la noirceur & les dangers.

Dans les Sermons, tous les genres d'éloquence ont lieu, & fur-tout le genre véhément. Bourdaloue & Maffillon font les modeles les plus parfaits de l'éloquence de la chaire; mais outre ces deux grands prédicateurs, il y en a plufieurs autres

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