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tales, penfera que je devois chercher, » dans ces Langues-là même, la clef de plufieurs Fables; une autre enfin ac» coûtumé à confulter les manufcrits, & à recueillir toutes les variantes, me » blâmera de n'avoir pas porté ce soin » auffi loin que je le pouvois, & tous auront raifon. « Ce n'eft-là, comme Vous voyez, qu'un tour éloquent & neuf, pour mettre dans un beau jour les talens finguliers des membres de l'Académie des Belles-Lettres. Car en vérité je crois que M. l'Abbé Gedoyn feroit bien fâché d'avoir produit des Commentaires de cette efpece. Content de faire paroître fon Académique fagacité, dans le choix heureux de quelques Remarques fçavantes, il a renoncé prudemment à un importun étalage. Ainfi, en faveur du Compliment, je lui pardonne le mal qu'il dit de fon

Livre.

*Après l'idée que je vous ai donnée de Paufanias, vous fentez affez qu'il m'eft impoffible de le fuivre dans fes differens Voyages, où il y a des détails immenfes. Je me burnerai donc à rapporter quelques traits, & à faire quelques reflexions.

*Page 61. tome 1.

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Voici un endroit qui n'eft pas indifferent: Phryné, dont Paraxitele étoit » amoureux, l'ayant prié de lui donner » le plus bel ouvrage qui fût forti de » fes mains, il ne la refufa il ne la refufa pas; mais » comme il ne vouloit pas lui dire, quel » étoit celui de fes ouvrages qu'il efti » moit le plus, elle vint à bout de le » connoître par une rufe dont elle s'avi»fa. Un jour que Praxitele étoit chez

elle, un domeftique à qui elle avoit » donné le mot, accourant de toute fa » force, vint dire à Praxitele que le feu » étoit à fa maison ; qu'une bonne par

tie de fes ouvrages étoit déja brûlée » & qu'il n'en reftoit que fort peu,qui ne >> fuffent pas endommagés; Praxitele for» tant auffi-tôt, s'écria, je fuis perdu fi » mon fatyre & mon Cupidon font brûlés; » alors Phryné le raffura, lui dit qu'au» cun malheur n'étoit arrivé; qu'elle » avoit feulement voulu fçavoir par lui» même, quel étoit celui de fes ouvrages dont il faifoit le plus de cas ; & fur le propre témoignage de Praxitele, elle fit choix de fon Cupidon. « En lifant ce morceau, qui vous fervira d'ailleurs à connoître le ftyle. du Traducteur, il m'eft venu dans l'efprit, qu'on pourroit faire un livre affez plaifant de tous

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les tours de foupleffe, dont fe font fervi les Phrynés anciennes & modernes, pour mettre à profit leurs charmes. Je fuis perfuadé que le détail de ces ftratagêmes feroit curieux; mais il faudroit pour cela avoir les talens du galant Auteur des Amours d'Horace, imprimées en Hollande il y a quelques années.

Vous ne fçaviez peut être pis, que dans toutes les bonnes Villes de la Gréce il y avoit des Lejchés, c'est à dire, des lieux où les gens oififs venoient s'entretenir, à peu près comme font aujourd'hui nos Caffez. C'eft ce que nous apprend M. l'Abbé Gedoyn, da s une de fes notes, pag. 286. tom. 1. A Spar te, ajoûte-t'il, les deux Lefchés étoient deftinés à autre chofe, parce que l'othveté n'y étoit pas foufferte, comme parmi nous. Je ne fçai fi dans cette remarque il n'a pas voulu faire allufion à un certain lieu public, où felon le bon mor des Journalistes de Trevoux, * on tient école d'ignorance & de bon goû Il me femble que ces réduits litteraires méritent quelques égards, quand même on n'y agi teroit que ces jolies questions, dont il eft parlé dans le Pantalo Phœbeana.

47.

* Memoires de Trevoux, Juin 1725. art.

Me fera-t'il permis d'obferver ici, qu'il eft échapé à M. l'Abbé Gedoyn de violer une regle effentielle de la verfification dans le Vers fuivant ?

Les fers fuccederent à mon premier malheur

Je crus d'abord que c'étoit une faute d'impreffion, & qu'au lieu de fuccederent, il falloit lire fuccederont: mais comme il s'agit d'un fait déja paffé, il est vifible que c'eft une inattention du Tra ducteur. J'avoue que la méprife eft pardonnable; mais comme il fiéroit bien à M. l'Abbé Gedoyn, de remarquer une faute dans un Vers Grec, il me femble que je n'ai pas mauvaise grace d'en rele ver une dans un Vers François: il eft trop raifonnable pour s'en fcandalifer...

Un point d'Hiftoire bien curieux eft celui qui regarde Oedipe On dit communément qu'il eut quatre enfans de Jacafte fa mere. Cependant felon Paufanias, peu de tems après cet incefte malheureux, la mere mourut; Oedipe n'eut pas ces quatre enfans d'elle, mais d'Euryganée fille d'Hyperbas. Ce font les Poëtes Tragiques, qui longtems après l'avanture d'Oedipe, dit M. G. p. 249. T. 2. pour la rendre plus fupfceptible d horreur & de compaflion, ont fuppofé que ce malheureux Prince avoit eu des enfans de Jocafte; la mort

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foudaine de cette Princeffe après avoir époufé fon fils, ne pourroit-elle point fournir le fujet d'une nouvelle Tragedie d'Oedipe ?

Vous voyez, Monfieur, que je me contente de recueillir quelques faits convenables aux fujets que nous pouvons traiter dans ces Lettres ; il n'eft pas poffible de faire un meilleur ufage d'un livre destiné aux Sçavans de profeffion. Voici encore un autre trait qui me paroît affez fingulier. Paufanias en parlant de l'institution des Jeux Pythiques, dit pag. 331. du Tom. 2. » Que » ces jeux confiftoient anciennement en un combat de Poëfie & de Mufique, dont le prix fe donnoit à celui qui ́ avoit fait & chanté la plus belle Hym"ne en faveur d'Apollon. «Notre Voyageur après avoir nommé ceux qui les premiers remporterent le prix, parle ainfi On tient que ni Orphée, qu'une haute fageffe & une parfaite connoiffance des mysteres de la Religion rendoient recom mandable, ni Mufée qui faifoit profeffion d'imiter Orphée en tout, ne voitlurent jamais s'abaiffer à difputer le prix des Jeux Pythiques. C'eft ainfi que parmi nous les Poëtes excellens fe font toujours abftenus de fe compromettre ;

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