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l'on en excepte M. de V. comme vous le verrcz- ci après.

Il falloit que les Grecs fuffent paffionnés pour la mufique, puifqu'au rapport de Paufanias, Eleuther fut déclaré vainque queur dans les Jeux Pythiques à caufe de fa belle & grande voix, quoiqu'il eût chanté une hymne qui n'étoit pas de fa façon. Il dit auffi qu'Hefiode ne fut pas reçu à difputer le prix, parce qu'en chantant il ne fçavoit pas accompagner de la lyre. Il eft aifé de juger par là comment cet apophtegme moderne un Poëte n'eft pas une flute,* auroit été reçu chez une Nation fi fenfible aux plaifirs de l'harmonie,& dont la langue étoit une espece de musique.

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S'il m'étoit permis de tranfporter ici differens morceaux d'érudition, j'aurois bien des chofes à dire. Je finis, en vous avertiffant que j'ai obfervé que M. l'Abbé Gedoyn n'adopte pas aveuglément tout ce que dit Paufanias, & qu'il attaque quelquefois fa crédulité fuperftitieufe. Je ne fçai fi l'Auteur Grec n'ufe pas du privilege de mentir, dong les Voyageurs font en poffeffion ( car M. l'Abbé G. nous donne Paufanias pour un Voyageur, ) lorsqu'il nous dit, *V. le Dia. Neol. au mot, Flute.

par exemple, qu'un Phénicien qu'il a connu, lui contoit qu'un homme fe voyant poursuivi par une vipére, monta au haut d'un arbre, que la vipére ne pouvant l'atteindre jetta fon venin contre l'arbre, & que dans le moment il avoit vû l'homme expirer.

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Je réserve pour une autre Lettre ce qui me reste à vous dire de cette Traduction, pour avoir lieu de vous parler dans celle-ci, d'un Recueil de divers traités fur l'Eloquence & fur la Poëfie imprimé en Hollande, in - 12. 2. vol. 1730. Dans le premier volume, on trouve d'abord les Réflexions fur la Rhetorique & la Poëtique de M. de Fenelon, adreffées à M. Dacier Secretaire de l'Académie Françoise : il n'eft pas néceffaire de relever ici le mérite de cet ouvrage; vous fçavez que ce Prélat n'a rien écrit où il y ait plus de goût & de jugement. Je ne penfe pas fi avantageulement de fes Dialo gues fur l'Eloquence; l'éloge qu'en a fait l'Auteur de la Préface, n'a pas impofé aux efprits folides. M. de Fenelon prêche dans ces Dialogues la belle fimplicité, & cependant on y trouve deces faux brillans qu'il condam

ne. M. Gibert a critiqué cet ouvrage de M. de Fenelon dans fon troifiéme volume des Jugemens des Sçavans fur les Maiftres de l'Eloquence. Il y a plus de folidité & de jufteffe dans les Reflexions fur l'Eloquence par M. Arnaud, qui font inferées dans ce Recüeil. On a fuivi l'Edition qu'en fit le P. Bouhours en 1700. La Préface eft de ce célébre Jefuite. Il mit à la tête de ces Reflexions, des Remarques de M. de Sillery Evêque de Soiffons contre le P. Lami Benedictin, qui dans fon Traité de la connoiffance de foi-même s'étoit ouvertement declaré contre la Rhétorique qui eft en usage au Barreau & dans la Chaire. La réponse du Philofophe Benedictin vient après, & enfuite la Réfutation par le même Prélat. En lifant ces divers écrits, vous fentirez qu'un homme d'efprit & de goût fçait raisonner avec plus de jufteffe fur P'Eloquence, qu'un fubtil Metaphyficien, lors même que celui-ci fe vante de ramener tout à la pure raifon. > M. Arnaud dans fes Reflexions attaque une longue Préface, que M. du Bois avoir mife à la tête des Sermons de faint Auguftin, & » où il déploïe toute fon éloquence, pour prouver

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39 que les Predicateurs doivent re» noncer à l'éloquence : que la Chaire "ne fouffre point de ces figures qui s'emparent de l'imagination, point » de ces tours qui remuent les paffions; & qu'en un mot l'Evangi »le, dont la fimplicité a tant de char»mes, doit là-deffus fervir de régle à » ceux qui l'annoncent. « C'eft ainfi que M. l'Abbé d'Olivet expofe les idées de M. du Bois, pag. 317. de P'Hiftoire de l'Académie; il dit, avec raifon, que dans les Reflexions de M. Arnaud, imprimées plus d'une fois, ce nouveau fyftême eft foudroyé. J'ajouterai qu'en lifant cet écrit, on remarque par tout ce grand * fens avec lequel ce fameux Docteur jugeoit de toutes chofes ce font les termes de M. de Valincourt, rapportés par l'Hiftorien de l'Acadé

mie.

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Le fecond volume contient : Les Reflexions du P. du Cerceau für la Poëfie Françoife. C'eft une efpece de Poëtique Grammaticale où l'on tâche d'établir que ce qui diftingue les vers de la profe, c'eft uniquement le tour qui met de la fufpenfion dans la phrase, par * Hiftoire de l'Académie Françoife, pag. 370.

le moyen des inverfions on tranfpofitions reçues dans la langue, & qui n'en forcent point la conftruction. Mais pour renverfer ce beau fyftême, il fuffit d'obferver que nous avons de très-beaux vers, où il n'y a ni inverfion, ni tranfpofition. Or fi le caractere effentiel & diftinctif de la verfification Françoife confiftoir dans ces tranfpofitions, ainfi que Paf fure le P. D. C. il n'y auroit point de beaux vers qui ne fuffent marqués à ce coin. Les Reflexions peu fenfées qui compofent 210. pages, avoient déja été imprimées dans divers Mercures; ce Recueil n'en auroit pas été moins bon, quand on les auroit laiffées dans leur premiere & vraïe place. Cet Auteur qui étoit fi prolixe dans fes poëfies l'eft encore plus dans fa profe; il auroit pû nous déveloper en trente pages fon mauvais fiftême, & auroit été ainfi un moins défagréable écho d'un homme de beaucoup d'efprit, * qui fans être Poëte eft fort au fait fur la Poësie. C'eft ainsi qu'il s'exprime. Ajoûtez à cela un ftile plat qui affadit encore ces pitoyables reflexions.

Il y a bien plus de goût & de raifonnement dans le Traité de la Poëfie *M. L'Abbé de Pons.

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