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eft

que ce Prêtre appelle Hyver, fous la zone torride, le tems du paffage du Soleil le plus direct, parce que c'est, felon lui, la faifon des pluyes. Je crois néanmoins, ne lui en déplaise, que l'Hyver, même fous la zone torride, eft la faifon où le Soleil eft moins direct, & eft éloigné de plus de dégrés. La fituation perpendiculaire du Soleil peut caufer de grandes pluyes mais n'empêche pas que ce ne foit l'Eté.

Sethos ne reçoit pas feulement des leçons des Prêtres, tout jeune qu'il eft; mais il leur en donne. Il leur apprend, par exemple, p. 478. qu'il y a bien moins d'étoiles fixes qu'il n'en paroît à nos yeux. Elles paroiffent innombrables, & cependant à peine en a-t'on pû jufqu'ici compter mille dans notre Hemifphére. Mais pendant. que notre imagination groffit prodigieufement le nombre des étoiles, notre vûe diminue encore plus prodi gieufement la grandeur du Cicl. Car le Ciel, ne nous paroît que comme la. moitié d'une Sphere, dont le Diamétre ne paffe pas 240 pieds. Les Prê tres, dit l'Auteur, quoiqu'accoûtu més à tous les paradoxes de l'Aftro

nomie, furent frappés de la nouveauté de cette propofition à un point qui ne fe

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peut exprimer. Voici la démonftration de Sethos: Le Soleil a environ un pié de Diamétre à nos yeux; le Diamètre du diftique du Soleil occupe à peu près un demi- degré du Ciel: or notre Hemifphére, en le mefurant fur l'Equateur, contient 180 degrés, ou 360 demi-degrés : Donc il ne contient que 360 pieds. Donc le Diamétre d'un Cercle étant à peu près le tiers de fa circonference, ou les deux tiers de fa demi-circonférence, le Diamètre de notre Hemifphére n'eft à nos yeux que de 240 pieds. Portant enfuite fa penfée plus loin, Sethos foutient que le rayon de 120 pieds eft à peu près la mesure de l'éloignement auquel les yeux commencent à ne pouvoir juger ni des diftances, ni des grandeurs réelles des corps, à moins que l'imagination ne foit aidée par la comparaifon des objets intermédiaires ou circonvoifins, dont les diftances ou les groffeurs font d'ail leurs à peu près connues.

Vous voyez,

Monfieur

, que Se

thos n'eft pas un petit Prince igno

Jant, ni un écolier fans lumieres &

fans efprit, comme le Héros d'un certain Roman moderne. Il ne fe -contente pas d'écouter pour s'inftrui re, il ne propofe pas fans ceffe des questions à tous ceux qu'il rencontre, & il n'eft pas toujours de l'avis de celui qui lui a parlé le dernier. Sethos inftruit réellement par lui-même. Je conviens qu'il donne dans une autre extrémité, & que pour fon âge il eft un peu trop fçavant, & même un peu pédant mais cette fcience précoce eft peut-être le fruit de fon Initiation.

Ce Prince revient enfin à Coptos, pour ne s'y occuper qu'à la guerre. Semblable à Scipion & à Lucullus; que la feule lecture de Xenophon avoit rendus grands Capitaines, avant même qu'ils commandaffent les armées de la République, le docte Sethos, à l'âge de 17 ans, trouve dans fa mémoire les plus finguliers ftratagemes de guerre, & les met en pratique avec fuccès. Le premier eft dé crit un peu obfcurement, & n'eft pas aifé à comprendre Pour le fecond, il me paroît tout-à-fait chimeriques. Car pourquoi Sethos borne t'il au nombre de huit, fes braves fauteurs, pouvant faire fuivre ces avanturiers par beaucoup d'autres qui les auroient

foutenus? De plus, comment fuppofer que les affiégeans prêts à monter à l'affaut, n'avoient ni fabres ni épées, & ne portoient pour toutes armes que des arcs & des fléches? Sethos dans cette derniere occafion me paroît peu fenfé, d'expofer fi témérairement fes huit compagnons.

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La Trabifon de Thoris, le Combat de Sethos hors des murs de Copros, la bleffure de ce Prince qui tombe par terre comme mort, le fort de l'efclave Afarès, la prife d'Amêdès & celle de Thoris, que le Roi de Thebes punit de fa trahifon, en lui Faifant mettre le cou entre deux fourches, pendant que deux hommes le fouettoient avec de longues verges la rage de Daluca, qui fait elle-mêm etrangler ce traitre, de peur qu'il ne décele fon complot: la difgrace de cette méchante femme, qui eft privée du Miniftere & chaffée de la Cour le défefpoir du Roi de Memphis, la propofition outrée qu'il fait au Roi de Thebes: tout cela préferve un peu de la trifteffe & de l'ennui ceux qui feroient capables d'en prendre dans la lectu. re de ce Livre.

Le Roi Ofototh paroft tout autre

dans ce fecond Volume, que dans le premier, où je l'avois pris en verité pour un fot. Cependant l'offre qu'il fait d'abord au Roi de Thebes de la moitié de fon Royaume pour la rançon de fon Fils, me paroît un peu contraire au fens commun: Il devoit, ce me femble, commencer par s'affurer fi fon Fils vivoit encore, fi fon fort dépendoit du Roi de Thebes, & s'il n'avoit pas d'autre moyen de fe le faire rendre. D'ailleurs cette vivacité, & cet empreffement d'Oforoth ne s'accordent gueres avec cette indifference qu'il avoit témoignée pour fon Fils, lorfqu'il l'avoit laiffé partir de la Cour, fans fe mettre en peine de fçavoir où il alloit, & fans s'informer de lui depuis fon départ.

Sethos, fait prifonnier, eft fous le nom de Cherès, acheté par les Phoniciens, & réduit à la condition d'efclave. On trouve au commencement du Livre 6. p. 8. la raifon pourquoi il a plû à M. l'Abbé T. de placer dans Ja Carte, qui eft à la tête de ce second Volume, la Mer rouge. Mare Erythraum, non entre l'Egypte & l'Arabie, mais entre l'Arabie & la Perfe. Les Anciens, dit-il, donnoient plu

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