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Quelle difference

tre un

Lac &

CHAPITRE

LE

QUATRIE'ME.

Des lacs & des étangs.

E nom Allemand Sce, qui fignifie proprement Lac, fe donne auffi ily a en-fouvent à de grandes mers : les lacs au contraire, comme celui de Genezaune mer. reth ou de Tibériade, font appellés quelquefois dans l'Ecriture Sainte Sárassa, ou mer; ce que l'on remarque auffi dans des (1) auteurs grecs & latins: comme dans Homere & Sophocle, qui apellent la mer xiuvn, c'eft-à-dire Lac ; & λίμνη , dans Pline, qui donne aux sept marais Adriatiques le nom de fept mers, Septem maria. Ainfi c'eft une critique mal fondée, que celle que Porphyre (2) philofophe payen ennemi des Chrétiens, a faite de l'expreffion des Evangelistes,

(1) Hadr. Relandus, Lib. I. Palestine ill. Cap. 38. pag. 239.

(2) Hieron. quæft. Hebr. in Genef. 1. Fruftra Porphyrius Evangeliftas ad faciendum ignorantibus miraculum, eo quod Dominus fuper mare ambulaverit, pro lacu Genezareth mare appellaffe calu

mniatur.

geliftes, qui ont écrit (3) que notre Sauveur marcha fur la mer, au lieu qu'ils auroient dû écrire fur le lac de Galilée. Cependant l'Ocean & les autres grandes mers different de ce qu'on appelle proprement des lacs, des marais & des étangs. La difference confifte dans le mouvement, dans la grandeur & dans la qualité de l'eau, qui dans les mers eft falée, au lieu que celle des lacs eft douce. Je trouve quatre fortes de ces lacs, qui meritent que je parle de chacune féparément. La premiere eft celle, à qui il femble que le nom d'étang convienne particulierement, parce qu'on n'aper çoit aucun fleuve qui s'y jette, ni au cune riviere qui en forte. Tel eft le grand lac de Parimé en Amerique fous l'équateur, qui a près de trois cens milles d'Italie en longueur & de cent en largeur; fans parler de bien d'autres lacs plus petits, comme de ceux de Thrafymene, de Fucine & de Regille en Italie, qui font célébres dans l'hiftoire ancienne. Mais quoiqu'on n'apperçoive pas à découvert les eaux qui y entrent & qui en fortent, il eft cependant très vraisemblable, qu'ils font

entre

(3) Matth. XIV. 25. Marc. VI. 48. Jean VI. 19.

L

Lacs,

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entretenus par des canaux (4) fouterrains; puisque, malgré la quantité de vapeurs, qui s'en élevent tous les jours, furtout en été, ils ne fe deffechent pas & ne diminuent pas même fi confidérablement, qu'ils ne puiffent bientôt après parvenir à leur premiere grandeur & reprendre leur hauteur ordinaire.

La feconde forte de lacs eft celle, où qui ont il fe jette un ou plufieurs fleuves, mais des en- d'où on n'en voit point reffortir (5). trées mais Telle eft dans le pays de (6) promifIue. fion la mer morte où le lac Asphalti

point

te, long de vingt-trois milles de Fran-
ce & large de fept òu huit, dans lequel
fe jette non feulement le Jourdain,
mais encore l'Arnon, qui fervoit autre-
fois de bornes au pays des Moabites &
à celui des Ifraëlites, & le torrent de
Cédron connu par l'hiftoire de l'Evan-
gile. Tel eft auffi le lac Cafpien, qui
n'a fon femblable en étendue, &
pas
que l'on peut bien à caufe de cela appel-
ler une mer. Le Wolga, l'Oxus & l'A-

raxe

(4) Voyez Kircher. mundi fubterranei Lib. V. cap. 4. pag. 241. feq.

(5) Edmond Halley in the Philofophical Tranfactions, n. 344. Benjamin Motte abridgement, Tom. II. pag. 208.

(6) La Roque voyage en Syrie, Tom. I. pag. 345. & fuiv.

taxe s'y jettent par de grandes embouchures, fans compter tant d'autres fleuves grands & petits; mais on n'a encore point trouvé d'iffue, par où les eaux fe vuident. Auffi Haithonus, Auteur Arménien qui a vécu environ l'an 1305. de J. C. dit au Chapitre V. de fon hiftoire d'Orient : » Cette mer Cafpienne » n'a point de communication avec » l'Ocean, mais elle eft comme un » lac; on lui donne néanmoins le nom » de mer, à caufe de fa grandeur; car » c'est le plus grand lac, qui fe trouve » au monde, puifqu'il s'étend depuis » le mont Cafpien jufqu'aux frontières » du royaume de Perfe, & partage tou» te l'Afie en deux parties ». Je paffe fous filence d'autres lacs femblables, comme ceux de Mexique en Amerique, de Titicaca & de Paria dans le Perou, de Cytur en Afrique, de Calgiftan en Perfe& de Sora en Mofcovie. Il ne faut douter pas par rapport à ceux-ci, qu'ils n'ayent par deffous terre quelque communication avec le grand Ocean; puifqu'autrement il faudroit de toute néceffité que la quantité de fleuves confiderables, qui s'y jettent, les fiffent monter plus haut qu'ils ne font. Il paroît qu'on doit auffi attribuer à ces canaux fouterrains le flux & reflux, femblable

M 3

Lacs,

mais

point

blable à celui de la mer, que l'on obferve dans quelques lacs, comme dans celui de (7) Mexique & dans celui du Pays des Hurons dans la nouvelle France.

Ce

que je viens de dire des conduits qui ont d'eau qu'il y a fous terre, paroît encoune iffue re plus clairement & fe prouve même fuffisamment par les lacs, d'où il fort de d'entrée, grands fleuves, fans qu'on s'apperçoive qu'ils ayent aucune communication exterieure avec la mer, ni qu'il s'y jette aucun fleuve. Le P. Kircher cite un bon nombre de ces lacs dans fon mundus fubterraneus, pag. 242. » On trou»ve, dit-il, de tous côtés un grand » nombre de semblables lacs, dont les plus remarquables font (I) le lac de Chiamy, à l'Orient du Gangé, d'où il fort quatre grandes rivieres, » qui font le bonheur des grands pays "de Siam & de Pegu; (II) le lac oblong

nam,

(7) Ricciolus Hydrographiæ reformatæ pag. 437. Illud memoratu dignum eft, Paludem Mexica ut narrat Ferdinandus Cortefius, aftuare inftar maris; & in Francia nova regione Huronum effe lacum 1200 milliarium ambitu comprehenfum, quem vocant mare dulce, ubi obfervatur affluxus & refluxus, ut in fua relatione affirmat P. Francifcus Jofephus Breffanus oculatus tefiis. Ajoutez à cela l'obfervation de Mr Defaguliers, dans les Tranfactions d'Angleterre n. 384.

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