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VIII AVIS AU LECT. SUR CETTE NOUV. EDIT.

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& de cenfurer à quelque prix que ce foit. Qu'enfin elle ne méritoit nullement de trouver place dans une nouvelle Édition des Ouvrages de Boileau. On juftifia ces Jugemens par des Remarques folides, qu'on oppofa à celles de l'Auteur des fusdites; mais qui allongeroient trop cet Avertiffement, & me feroient peut-être fortir de ma sphere.

C'est à peu près tout ce que j'avois à dire touchant cette nouvelle Édition. Si elle eft bien reçue, j'aurai la fatisfaction d'avoir fait plaifir au Public en lui facilitant les moyens de poffeder un Ouvrage qu'on s'eft empreffé d'imprimer & d'embellir partout où l'Imprimerie & le bon goût fleuriffent.

IX

AVERTISSEMENT. SUR L'ÉDITION DE LA HAYE

DE 1729. IN DOUZE

LAA derniere Edition que Mr. Despreaux publia de

fes Ouvrages, parut en 1701. Il fe propofoit d'en donner une nouvelle Edition en 1710: on en avoit même imprimé quelques feuilles, lorfqu'il reçut un ordre du Roi de n'y point mettre la Satire fur l'Equivoque; ce qui le chagrina fi fort, qu'il aima mieux abandonner cette édition, que de la publier fans cette Pièce. Mr. Despreaux mourut l'année fuivante. Ses Amis donnerent en 1713. une édition de fes Oeuvres, telle qu'il l'avoit projettée, à l'exception de la Satire fur l'Équivoque, qu'il ne leur fut pas permis d'y joindre. Mais comme ceux qui s'oppofoient à l'impreffion de cet Ouvrage, avoient moins de crédit dans les États Proteftans qu'ils n'en avoient, à la Cour de France; on ne fit pas difficulté de l'inférer dans l'édition des Oeuvres de Mr. Despreaux, imprimée à Geneve en 1716. Cette édition eft enrichie d'un Commentaire, qui, outre les Remarques de Mr. Despreaux, placées à la marge des dernieres Impreffions de fes Ouvrages, contient plufieurs Éclairciffemens qu'il avoit donnés à l'Éditeur, tant de vive voix que par Lettres. On y trouve auffi quelques Pièces de Mr. Despreaux qui n'avoient point vu le jour; & même quelques Ecrits qui ne font pas de lui, mais qui ont quelque rapport avec fes Ouvrages, ou que l'Éditeur a eu des raifons particulieres d'y ajouter.

Cette Nouvelle Edition, que nous devons aux foins de Mr. Du Monteil, a tous les avantages de celle de Geneve: elle contient les mêmes Remarques, & les mêmes Pièces; & elle la furpaffe encore à bien des égards 1).

I. Elle eft augmentée de plufieurs nouvelles Remarques, qu'on a diftinguées de celles du Commentateur 2). On peut mettre au rang des plus im

a v

1) Cela doit auffi s'entendre, en partie, des Éditions de 1718. in folio & in quarto: & de l'Edition de 1722, en 4. vol. in douze. 2) Les Imprimeurs n'ont pas toujours marqué cette diftinction.

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portantes, celles qui regardent la Satire fur l'Equivoque. Le Commentateur oubliant qu'il étoit le dépofitaire des intentions de Mr. Despreaux, s'eft accommodé au temps. Il a non feulement évité d'expliquer les endroits où cet illuftre Poëte defigne çertains dogmes de Morale, que Mr. Pascal a reprochés aux Jéfuites dans fes Provinciales; mais lorsqu'il s'agit de ce qu'on appelle le Janfénisme, il n'y a point d'artifice dont il ne fe foit fervi pour déguifer la pensée de Mr. Despreaux, & pour donner le change au Lecteur. On a découvert fes déguifemens, & mis le Lecteur au fait fur ces endroits-là. Mais on n'époufe aucun parti: on fe contente de fixer le véritable fens de l'Auteur; ou de donner les paffages cités par Mr. Pascal, qui étoient l'objet de M. Despréaux. On a auffi relevé le Commentateur, lorfqu'involontairement il n'a pas bien pris la penfée de Mr. Despreaux; ou qu'il ne rapporte pas certains faits avec affez d'exactitude. Quelquefois on indique les fources d'où il a tiré fes Remarques. On a même critiqué Mr. Despreaux; liberté, que le Commentateur ne s'eft pas toujours refufée. Des Marets, Pradon, & Perrault ont cenfuré plufieurs chofes dans les Ouvrages de notre Poëte: on a donné quelques exemples de leur Critique, fur-tout aux endroits que Mr. Despreaux a changés ou fupprimés dans la fuite. Des Marets travailla de concert avec le Duc de Nevers, l'Abbé Teftu, & quelques autres; & publia en 1674. la Défenfe du Poëme héroïque, avec quelques Remarques fur les Ŏeuvres Satiriques du Sieur D***. Il cenfura, entr'autres chofes, l'endroit de la IV. Satire, où Mr. Despreaux avoit traduit ces Vers d'Horace :

Tantalus à labris fitiens fugientia captat

Flumina. Quid rides ? mutato nomine de te
Fabula narratur.

La critique parut jufte à Mr. Despreaux; & il rétrancha des Vers qui, en effet, n'étoient pas dignes de lui. Les Auteurs du Journal des Savans ont obfervé, qu'il y fubftitua ces deux vers de Des Marets:

Tantale dans un fleuve a foif & ne peut boire.
Tu ris? Change le nom. La fable eft ton hiftoire:

& voici l'Hiftoire anecdote qu'ils nous donnent de ces

vers.

>>Monfieur Despreaux, difent-ils 3), ayant entre>>pris de traduire le Tantalus à labris d'Horace, le tra»duifit malheureufement par fix déteftables vers; les »voici :

»Dites-moi, pauvre efprit, ame basse & venale, »Ne vous fouvient-il plus du tourment de Tantale, »Qui dans le trifte état où le Ciel l'a reduit »Meurt de foif au milieu d'un fleuve qui le fuit? »Vous riez! Savez-vous que c'est votre peinture, »Et que c'est vous par-là que la fable figure.

»Des Marets n'oublia pas, comme on croit bien, les fix vers que nous venons de rapporter. Mais ce »qu'on ne devineroit pas, c'eft que la joye qu'il en fentit lui tint lieu d'Apollon, & lui fit faire les deux >vers dont nous parlons. Mr. Despreaux, qui ne fa>>voit point répondre aux injures, mais favoit à mer»veille profiter de tous les avis, ne repliqua rien à la "critique de fon ennemi, mais corrigea fes Ouvrages avec »foin, rétrancha dans les éditions fuivantes les fix vers »en queftion, & y fubftitua hardiment les deux de »Des Marets. C'eft là que tout le monde les a vus pen»dant très-long-temps, car ce ne fut que quand Des»preaux fe nomma, qu'il eût la délicateffe de rétrancher >totalement cette belle comparaison.

Voilà une anecdote bien circonftanciée, qui vient d'une fociété de gens choifis pour compofer le Journal des Savans; & ces Meffieurs ne veulent pas, qu'on les en croye fur leur parole, ils en appellent aux Oeuvres même de Mr. Despreaux: C'eft-là, difentils, que tout le monde a vu pendant très-long-temps ces deux vers de Des Marets adoptés par Mr. Despreaux. Cependant il est très certain, que ces vers ne fe trouvent dans aucune édition des Ouvrages de cet illuftre Poëte. D'ailleurs, c'eft connoître fort mal Mr. Despreaux, que de croire, qu'il eût voulu fe fervir des Vers de Des Marets.

3) Journal des Savans, Septembre 1728, pag, 94, 95. Édition d'Am

fterdam.

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Au refte, quoiqu'on ait ajouté un grand nombre de Remarques à celles du Commentateur, on ne prétend pas avoir dit tout ce qui fe pouvoit dire. Par exemple, on n'a pas obfervé, que Mr. Despreaux intitula fon Lutrin: Poëme héroïque, jufqu'en 1701, qu'il lui donna le tire de Poëme héroï- comique; titre, qui convient beaucoup mieux à cet Ouvrage. Dans la Lettre à Mr. Perrault, fur la difpute touchant les Anciens & les Modernes, Mr. Despreaux dit: Je pafferois condamnation fur la Satire..... quoiqu'il y ait des Satires de Regnier admirables. Son Commentateur fait là-deffus cette Remarque 4): Mr. Despreaux ne parle point ici de fes Satires; ce filence a bien de la grandeur. Mais s'il avoit joint fes Satires à celles de Regnier, & en avoit fait lui-même l'éloge, n'auroit-on pas eu raifon de dire: il y a là bien de la petiteffe?

II. Nous avons dit que dans l'édition de Geneve on avoit inféré quelques Pièces qui ne font point de Mr. Despreaux, mais qui ont du rapport avec fes Ouvrages: on a augmenté le nombre de ces Pièces dans cette nouvelle édition. On y a même ajouté quelques Écrits qui ont une liaison néceffaire avec ceux qu'il a plû au Commentateur de faire entrer dans l'édition de Geneve.

1. On ne fauroit bien entendre la Differtation de Mr. Despreaux fur les Jocondes de Bouillon & de la Fontaine, fans avoir ces deux Pièces fous les yeux. Cependant la Joconde de Bouillon n'étoit connue que d'un très-petit nombre de Curieux: on la cherchoit en vain chez les Libraires. On la trouvera ici avec celle de la Fontaine, au devant de la Differtation de Mr. Despreaux 5]

On y trouvera auffi la Réponse de Mr. Perrault à ce que Mr. Despreaux a dit contre lui dans fes Réflexions fur Longin, au fujet de Pindare 6). Mr. Des Maizeaux nous a confervé cette petite Pièce. Il l'inféra dans le Mélange curieux des meilleures Pièces attribuées à Mr. de St. Evremond &c. imprimé à Amfterdam en 1726.

On rapportera ici le jugement qu'il en fait dans la Préface de ce Recueil. ,,Mr. Perrault, dit-il, publia cet Écrit' 5) Tom. II. pag. 230. & 251.

Tom. IV.

2423 pag. 98.

Tom. III. pag. 189.

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