Imágenes de páginas
PDF
EPUB

C'est pour elle, en un mot, que j'ai fait vou d'écrire. Toutefois, s'il le faut, je veux bien m'en dédire; 285 Et pour calmer enfin tous ces flots d'Ennemis, Réparer en mes vers les maux qu'ils ont commiş, Puifque vous le voulez, je vais changer de ftyle. Je le déclare donc. Quinaut eft un Virgile. Pradon comme un Soleil en nos ans a paru. 290 Pelletier écrit mieux qu'Ablancourt ni Patru. Cotin, à fes Sermons traînant toute la Terre, Fend les flots d'Auditeurs pour aller à fa chaire. Saufal eft le Phénix des Efprits rélevés.

Perrin..... Bon, mon Efprit, courage, pourfuivez. 295 Mais ne voyez-vous pas, que leur troupe en furie Va prendre encor ces vers pour une raillerie? Et Dieu fait, auffi-tôt, que d'Auteurs en courroux,

[blocks in formation]

VERS 289, Pradon comme un Soleil &c.) Il y avoit: Bourfaut, dans les premieres éditions; mais il l'ôta après leur réconciliation.

VERS 290. Pelletier écrit mieux qu'Ablancourt ni Patru.) Pelletier : voyez le vers 54. du Difcours au Roi.

Ablancourt: NICOLAS PERROT D'ABLANCOURT, célèbre par les Traductions qu'il a don nées. Il étoit de l'Académie Françoife, & mourut en 1664.

Patru: OLIVIER PATRU, de l'Académie Françoise, a été un des plus célèbres Avocats du Parlement de Paris. Notre Poëte a joint ici ces deux Illuftres Ecrivains, Ablancourt & Patru; parce qu'ils étoient unis d'une étroite amitié.

VERS 291. Cotin à fes Sermons, &c.] Voyez le vers 60. de la Satire ЦІ.

Que de Rimeurs bleffés s'en vont fondre fur vous!
Vous les verrez bientôt, féconds en impoftures,
300 Amaffer contre vous des volumes d'injures,
Traiter en vos Écrits chaque vers d'attentat,
Et d'un mot innocent faire un crime d'État.
Vous aurez beau vanter le Roi dans vos Ouvrages,
Et de ce nom facré fanctifier vos pages.

305 Qui méprife Cotin, n'eftime point fon Roi,
Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi.
Mais quoi? répondrez-vous: Cotin nous peut-il nuire?
Et par fes cris enfin que fauroit-il produire?
Interdire à mes vers, dont peut-être il fait cas,
310 L'entrée aux penfions, où je ne prétends pas?
Non, pour louer un Roi, que tout l'Univers loue,
Ma langue n'attend point que l'argent la dénoue;

VERS 293. Saufal eft le Phénix &c.) Ceft SAUVAL. Voyez le vers 40. de la Satire VII.

VERS 294. Perrin...... &c.) Voyez le vers 44. de la Satire VII. VERS 302. Et d'un mot innocent faire un crime d'Etat.) Mr. le Duc de Montaufier avoit voulu faire un crime d'État à notre Satirique, de ce qu'il avoit traité ce Siecle, de Siecle de fer, dans la Satire I. Mr. Peliffon, piqué contre l'Auteur, vouloit infinuer, que dans le vers 224. de cette Satire neuvieme, Midas, le Roi Midas &c. Mr. Despreaux avoit eu à l'égard du Roi, le même deffein, que Perfe avoit eu contre Néron dans ce vers: Auriculas Afini Mida Rex habet: deffein extrêmement éloigné de la penfée de notre

Auteur.

VERS 306. Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi. Ce font les

mêmes injures que Cotin avoit publiées contre notre Auteur, dans fa Critique défintéreffée fur les Satires du temps, où il l'accufoit d'être criminel de lézé- Majefté Divine & Humaine.

VERS 307.

Cotin nous

peut-il nuire?) Voici la neuvieme fois que le mot de Cotin fe préfente dans cette Satire. Les Amis de notre Auteur craignirent que le fréquent retour du même nom, ne parut affecté, & ne déplût aux Lecteurs. Il faut voir, dit-il: Je confens d'ôter tout ce qui fera de trop. On s'affembla, on lut la Satire entiere; mais on trouva par tout le nom de Cotin fi bien placé, qu'on ne crur pas qu'il y eût aucun de ces endroits qui dut être retranché.

VERS 310. L'entrée aux penfions où je ne prétends pas.) Le Roi donnoit des Penfions aux Gens de Let

Et fans efpérer rien de mes foibles Écrits, L'honneur de le louer m'eft un trop digne prix. 315 On me verra toûjours, fage dans mes caprices,

De ce même pinceau, dont j'ai noirci les Vices,
Et peint, du nom d'Auteur tant de Sots revêtus,
Lui marquer mon refpect, & tracer fes vertus.

Je vous crois, mais pourtant on crie, on vous ménace, 120 Je crains peu, direz-vous, les Braves du Parnaffe.

Hé, mon Dieu, craignez tout d'un Auteur en courroux,
Qui peut.... Quoi? Je m'entends. Mais encor? Taifez-vous.

tres; & Cotin étoit un des Penfion- avec fon Efprit, ou avec foi-même,
naires.
au commencement de la feptieme
Macaronique.

...

VERS 322. Qui peut.. Quoi? Je m'entends. Mais encor? Taifervous.] Il faut diftinguer le Dialogue dans ce dernier vers.

[blocks in formation]

Sifte labrum. Quare? Cupies ta

cuiffe. Tacendum eft,

Quod nocet. Imo nocet Vatem nimis effe loquacem.

* Son véritable nom eft THEO FILO FOLENGIO de Mantouë.

Il mourut en 1643.

143

AVERTISSEMENT

V

SUR

LA X. SATIRE.

01c1 enfin la Satire qu'on me demande depuis fi long-temps. Si j'ai tant tardé à la mettre au jour, c'est que j'ai été bien aife qu'elle ne parût qu'avec la nouvelle Edition qu'on faifoit de mon Livre *, où je voulois qu'elle fut inférée. Plufieurs de mes Amis, à qui je l'ai lue, en ont parlé dans le monde avec de grands éloges, & ont publié que c'étoit la meilleure de mes Satires. Ils ne m'ont pas en cela fait plaifir. Je connois le Public. Je fais que naturellement il fe revolte contre les louanges outrées, qu'on donne aux Ouvrages avant qu'ils ayent paru; & que la plupart des Lecteurs ne lifent ce qu'on leur a élevé fi haut, qu'avec un deffein formé de le rabaiffer.

Je déclare donc que je ne veux point profiter de ces difcours avantageux: & non feulement je laiffe au Public fon jugement libre, mais je donne plein pouvoir à tous ceux qui ont tant critiqué mon Ode fur Namur, d'exercer auffi contre ma Satire toute la rigueur de leur Critique. J'efpére qu'ils le feront avec le même fuccès: & je puis les affûrer que tous leurs difcours ne m'obligeront point à rompre

* En 1694.

l'espèce de vœu que j'ai fait de ne jamais défendre mes Ouvrages, quand on n'en attaquera que les mots & les fyllabes. Je faurai fort bien foûtenir contre ces Cenfeurs, Homere, Horace, Virgile, & tous ces autres grands perfonnages dont j'admire les Écrits: mais pour mes Ecrits que je n'admire point, c'eft à ceux qui les approuveront approuveront à trouver des raifons pour les défendre. C'est tout l'avis que j'ai à donner ici au Lecteur.

La bienféance néanmoins voudroit, ce me femble, que je fiffe quelque excufe au Beau Sexe, de la liberté que je me fuis donnée de peindre ses vices. Mais au fond, toutes les peintures que je fais dans ma Satire font fi générales, que bien loin d'appréhender que les Femmes s'en offenfent, c'eft fur leur approbation & fur leur curiofité que je fonde la plus grande efpérance du fuccès de mon Ouvrage. Une chofe au moins, dont je fuis certain qu'elles me loueront; c'est d'avoir trouvé moyen, dans une matiere auffi délicate qu'est celle que j'y traite, de ne pas laiffer échapper un feul mot qui put le moins du monde blesser la pudeur. J'espére donc que j'obtiendrai aifément ma grace, & qu'elles ne feront pas plus choquées des prédications que je fais contre leurs défauts dans cette Satire, que des Satires que les Prédicateurs font tous les jours

en chaire contre ces mêmes défauts.

« AnteriorContinuar »