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D'où vient qu'elle a l'œil trouble, & le teint fi terni?
C'eft que fur le calcul, dit-on, de Caffini,

Un Aftrolabe en main, elle a dans fa gouttiere 430 A fuivre Jupiter paffé la nuit entiere.

Gardons de la troubler. Sa Science, je croi,
Aura pour s'occuper ce jour plus d'un emploi.
D'un nouveau microscope on doit en fa présence
Tantôt chez Dalencé faire l'expérience;

435 Puis d'une femme morte avec fon embryon,
Il faut chez Du Vernay voir la diffection,
Rien n'échappe aux regards de notre Curieuse.

Si le Soleil eft fixe ou tourne fur fon axe:

Si Saturne à nos yeux peut faire un parallaxe.

VERS 428. C'est que fur le Calcul.... de Caffini.) JEAN DOMINIQUE CASSINI, célèbre Aftronome, de l'Académie Royale des Sciences, Il étoit né dans la ville de Genes: & avant qu'il eut été appellé en France, il étoit pre- n'étoit pas un inftrument propre Cette Dame difoit, que l'Aftrolabe mier Profeffeur d'Aftronomie dans faire ces fortes d'obfervations; & l'Univerfité de Bologne. Il étoit encore Maître des Fortifications les Ennemis de notre Auteur firent du Grand Duc de Florence; & bien valoir cette critique. C'est Arbitre des differends entre les pour s'en venger qu'il a dépeint Princes d'Italie, au fujet des limi- ici Madame de la Sabliere comme tes de leurs États. §. Il mourut une Savante ridicule; & qu'il lui le 14. Septembre 1712. âgé de 87. a mis un Aftrolabe en main, pour ans. Voyez fon éloge dans l'Hi- aller faire des obfervations fur la ftoire de l'Académie R. des Sciences Planète de Jupiter. de l'Ann. 1712. p. 107. & fuiv. Éd.

d'Amft.

6. Voici la remarque que Mr.

Perrault a faite fur ce trait Satirique de Mr. Despreaux, dans la VERS 429. Un Aftrolabe en main.) Préface de fon Apologie des Femmes. L'Aftrolabe eft un inftrument de,,On croit, dit-il, que le caractère Mathématique en forme de Plani-,,de la Savante ridicule a été fait fphère, qui fert à prendre les hau-,,pour une Dame qui n'eft plus, & teurs des Aftres, & à faire quelques ,,dont le mérite extraordinaire ne autres obfervations d'Aftronomie.,,devoit lui attirer que des louanges. Madame de LA SABLIERE avoit ,,Cette Dame fe plaifoit aux heures repris notre Poëte d'avoir dit dans ,,de fon loifir à entendre parler fon Épitre V. vers 28.

,,d'Aftronomie, & elle avoit même ,,une très grande pénétration pour Que l'Aftrolabe en main un autre,,ces Sciences, de même que pour aille chercher, plufieurs autres que la beauté &

Mais qui vient fur fes pas? C'eft une Précieuse,
Refte de ces Efprits jadis fi renommés,

440 Que d'un coup de fon Art Moliere a diffamés,
De tous leurs fentimens cette noble héritiere
Maintient encore ici leur fecte façonniere.
C'eft chez elle toûjours que les fades Auteurs
S'en vont fe confoler du mépris des Lecteurs.
445 Elle y reçoit leur plainte, & fa docte demeuré
Aux Perrins, aux Coras eft ouverte à toute heure.
Là du faux bel efprit se tiennent les bureaux.
Là tous les Vers font bons, pourvu qu'ils foient nouveaux,

,,la facilité de fon efprit lui avoient,,faire ce portrait d'une Savante
,,rendu très - familieres. Il eft en- ridicule. Il eft vrai qu'il n'eft pas
,,core vrai, qu'elle n'en faifoit au-,,honnête à un fi grand Poëte
,,cune oftentation, & qu'on n'efti-,,d'ignorer les Sciences & les Arts
,,moit gueres moins en elle le foin,,dont il fe mêle de parler; mais
,,de cacher fes dons, que l'avantage,,la Dame qui l'inftruifoit, n'étoit
,,de les pofféder.
L'Au.,,point coupable de fon ignorance,
,,teur de la Satire ayant mis dans,,ni de la faute qu'il ne connoifloit
,,un de fes Ouvrages il y a environ pas. DU MONTEIL.
,,vingt ans les deux vers qui fuivent: VERS 434. Tantôt chez Dalencé.]
Que l'Aftrolabe en main un autre Il étoit fils d'un des plus habiles
Chirurgiens de Paris, qui avoit
gagne des biens confidérables, mais

aille chercher,

,,Si le Soleil eft fixe ou tourne fur fon fils s'étoit ruiné à faire des

fon axe:

,,Cette Dame eut la bonté de lui
,,dire, que quand on fe mêloit de
,,faire des Satires, il falloit con-
,,noître les matieres dont on parloit;
,,que ceux qui tiennent que le So-
,,leil eft fixe & immobile, font les
,,mêmes qui foûtiennent qu'il
,,tourne fur fon axe, & que ce ne
,,font point deux opinions diffé-
,,rentes, comme il paroît le dire
,,dans fes Vers. Elle ajouta qu'un
,,Aftrolabe n'étoit d'aucune utilité
,,pour découvrir, fi le Soleil eft fixe,
,,ou s'il tourne fur fon axe. On
,,prétend que le chagrin qu'il eut
»d'être relevé là-deffus, lui a fait

expériences de Phyfique; & il fe retira en Flandres.

VERS 436. Il faut cheq Du Ver
nay.] JOSEPH DU VERNAY,
Médecin du Roi, & favant Ana-
tomifte. Il a un Cabinet rempli de
curiofités, particulierement de plu-
dont
fieurs fquelettes d'animaux,
il a fait la diffection. Il eft de
l'Académie Royale des Sciences;
fon Pere étoit un Médecin de la
petite ville de Feurs en Forez, qui
s'attachoit principalement à la con-
noiffance des Plantes.

VERS 440. Que d'un
coup de fon
Art Moliere a diffamés.) Voyez la
Comédie des Précieufes ridicules.

Au mauvais goût public la Belle y fait la guerre: 450 Plaint Pradon opprimé des fifflets du Parterre: Rit des vains amateurs du Grec & du Latin; Dans la balance met Ariftote & Cotin;

Puis d'une main encor plus fine & plus habile,
Pefe fans paffion. Chapelain & Virgile;

455 Remarque en ce dernier beaucoup de pauvretés;
Mais pourtant confeffant qu'il a quelques beautés,
Ne trouve en Chapelain, quoi qu'ait dit la Satire,
Autre défaut, finon, qu'on ne le fauroit lire;
Et pour faire goûter fon Livre à l'Univers,
460 Croit qu'il faudroit en profe y mettre tous les Vers.
A quoi bon m'étaler cette bizarre École,

VERS 450. Plaint Pradon opprimé des fifflets du Parterre. PRADON, mauvais Auteur de Tragédies.

VERS 452. Dans la balance met Ariftote & Cotin, &c.) Dans ce vers & les huit fuivans, il ne s'agit plus de Madame D. L'Auteur défigne PERRAULT dans fon Parallèle des Anciens & des Modernes, Tom. III. où il fait à peu près les mêmes jugemens, que l'on lui fait faire ici.

IMIT. Vers 454. Pefe fans pas-
hion Chapelain & Virgile.) Juvénal,
Sat. VI. v. 435. & fuiv.

Laudat Virgilium, perituræ igno-
fcit Elifa,

Committit Vates, & comparat inde
Maronem,

Atque alia parte in trutina fufpen-
dit Homerum.

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* Poëme de Perrault imprimé chez Coignard.

grand art,

Du mauvais fens, dis-tu, prêché par une Folle?
De Livres & d'Écrits bourgeois Admirateur
Vais-je époufer ici quelque apprentive Auteur ?
465 Savez-vous que l'Époufe avec qui je me lie

Compte entre fes parens des Princes d'Italie ? Sort d'Ayeux dont les noms.... Je t'entends, & je voi, D'où vient que tu t'es fait Secretaire du Roi. Il falloit de ce titre appuyer ta naiffance. 470 Cependant, t'avoûrai-je ici mon infolence?

Si quelque objet pareil chez moi, deça les Monts, Pour m'époufer entroit avec tous ces grands noms, Le fourcil rehauffé d'orgueilleufes chimeres,

Je lui dirois bientôt: Je connois tous vos Peres:

Et d'une plume douce, aifée & na- Mr. Perrault doit la fuppreffion de

turelle,

ces vers à fa réconciliation avec Mr. Despreaux. Au lieu de ces Pourrit, vingt-fois encor moins lu quatorze vers, il a mis ces deux-ci :

que la Pucelle.

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Et pour faire goûter fon Livre, &c.

CHANG. Vers 464. Quelque apprentive Auteur.) Dans toutes les éditions qui ont précéde celle de d'apprentives 1713. il y avoit apprentie, au lieu

ERS 468. D'où vient que tu t'es fait Secretaire du Roi.] M. G. D. s'étant enrichi dans la Recepte Générale des Aides de Paris, époufa une Demoifelle de condition; & pour s'ennoblir il acheta une charge de Secretaire du Roi. On croit qu'il eft dans les Caractères de la Bruyère, fous le nom de Sylvain, Chap. des biens de fortune.

IMIT. Vers 473. Le fourcil rehauffé d'orgueilleufes chimeres.] Juvé nal, Satire VI. v. 167. & fuív.

+ Monfeigneur le Duc de Chartres, enfuite Duc d'Orléans, neveu de Louis XIV. & Régent du Royaume depuis la mort de ce Roi.

475 Je fais, qu'ils ont brillé dans ce fameux combat
Où fous l'un des Valois Enguien fauva l'État.
D'Hozier n'en convient pas: mais, quoi qu'il en puiffe être,
Je ne fuis point fi fot que d'épouser mon maître.
Ainfi donc au plutôt délogeant de ces lieux,
480 Allez, Princeffe, allez avec tous vos Ayeux,

Sur les pompeux débris des lances Espagnoles,
Coucher, fi vous voulez, aux champs de Cérizoles.
Ma maison, ni mon lit ne font point faits pour vous.
J'admire, pourfuis-tu, votre noble courroux.

485 Souvenez-vous pourtant, que ma famille illuftre
De l'affiftance au Sceau ne tire point fon luftre:
Et que né dans Paris de Magiftrats connus,
Je ne fuis point ici de ces nouveaux venus,

De ces Nobles fans nom, que par plus d'une voie, 490 La Province fouvent en guêtres nous envoie.

Mais euffai-je comme eux des Meûniers pour parens,
Mon Épouse vint-elle encor d'Ayeux plus grands,
On ne la verroit point, vantant fon origine,

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