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Ce n'eft pas que mon cœur du travail ennemi,
Approuve un Fainéant fur le Trône endormi.
Mais quelques vains lauriers que promette la guerre,
On peut être Héros fans ravager la terre.

95 Il eft plus d'une gloire. En vain aux Conquérans
L'Erreur parmi les Rois donne les premiers rangs.
Entre les grands Héros ce font les plus vulgaires.
Chaque fiecle eft fécond en heureux Téméraires.
Chaque climat produit des Favoris de Mars.
100 La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Céfars.
On a vu mille fois des fanges Mœotides

Sortir des Conquérans, Goths, Vandales, Gepides; Mais un Roi vraiment Roi, qui, fage en fes projets, Sache en un calme heureux maintenir fes Sujets, 195 Qui du bonheur public ait cimenté fa gloire, Il faut, pour le trouver, courir toute l'Hiftoire. La Terre compte peu de ces Rois bien-faifans: Le Ciel à les former fe prépare long-temps. Tel fut cet Empereur, fous qui Rome adorée 110 Vit renaître les jours de Saturne & de Rhée: Qui rendit de fon joug l'Univers amoureux: Qu'on n'alla jamais voir fans revenir heureux:

VERS 101. On a vu mille fois des fanges Maotides &c.) Le Palus ou Marais Maotide, nommé maintenant la Mer de Zabacche, eft fitué entre l'Europe & l'Afie, dans la petite Tartarie, au Nord de la MerNoire, avec laquelle il communique. C'eft des environs de cette contrée que font fortis autrefois les

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Goths & les Gepides. A l'égard des Vandales, c'étoient des Peuples plus Septentrionaux, venus du côté de la Mer Baltique, vers l'embouchure de l'Oder. CLUVER. Germ.ant. L. 3.

ERS 109. Tel fut cet Empereur, &c.) TITU s, furnommé, l'amour & les délices du Genre humain.

Qui foupiroit le foir, fi fa main fortunée

N'avoit par fes bienfaits fignalé la journée.

115 Le cours ne fut pas long d'un empire fi doux.

Mais où cherchai-je ailleurs ce qu'on trouve chez nous?
GRAND ROI, fans recourir aux Hiftoires antiques,
Ne T'avons-nous pas vu dans les plaines Belgiques,
Quand l'Ennemi vaincu, défertant fes remparts,
129 Au devant de Ton joug couroit de toutes parts,

Toi-même Te borner au fort de Ta victoire,
Et chercher dans la paix une plus jufte gloire?
Ce font là les exploits que Tu dois avouer.

Et c'est par-là, GRAND ROI, que je Te veux louer. 125 Affez d'autres fans moi, d'un ftyle moins timide,

VERS 114. N'avoit par fes bienfaits fignalé la journée.) Perfonne n'ignore la parole mémorable de cer Empereur; Mes Amis, dit-il', j'ai perdu cette journée: Amici, diem perdidi; fe reffouvenant un foir, qu'il n'avoit fait du bien à perfonne ce jour-là. A la premiere lecture que Ton fit au Roi, de cette Épitre, quand il fut arrivé à ces fix vers, qui expriment le caractère de Titus, il en fut frappé d'admiration, & fe les fit relire jufqu'à trois fois. Alfonfe, Roi d'Arragon, entendent parler du regret que fentoit Titus, quand il avoit pafié un jour fans faire du bien à quelqu'un, témoigna que, graces au Ciel, il n'avoit jamais eu lieu de fe faire un pareil reproche.

VERS 115. Le cours ne fut pas
long &c.) Il ne dura que deux ans,
deux mois, & vingt jours. A u
SONE a dit de cet Empereur:

Felix imperio, felix brevitate re-
gendi,

Expers civilis fanguinis, Orbis

amor.

VERS 118. Ne T'avons-nous pas vu dans les plaines Belgiques.] La campagne de 1667. en Flandres, où le Roi fe rendit maître de plusieurs villes. Cette guerre fut bientôt ter minée par le Traité fait à Aix-la». Chapelle, l'année suivante.

VERS 128, Et camper devant Dole au milieu des hivers.) C'est la premiere campagne de la FrancheComté. En 1668. le Roi partit de St.Germain en Laie, le 2. de Fevrier, & revint le 28. après avoir,en moins de huit jours, conquis toute cette Province,

VERS 130. Je dirai les exploits de Ton Regne paifible.) Les 25, ou 30. vers fuivans rappellent les princi pales actions du Roi, depuis qu'il commença à regner par lui-même en 1661.

VERS 131. Je peindrai les Plaifirs en foule renaifans.) Les Fêtes Ga

Suivront aux champs de Mars Ton courage rapide:
Iront de Ta valeur effrayer l'Univers,

Et camper devant Dole au milieu des hivers.

Pour moi, loin des combats, fur un ton moins terrible, 130 Je dirai les exploits de Ton Regne paisible.

Je peindrai les Plaisirs en foule renaiffans:
Les Oppreffeurs du peuple à leur tour gémiffans.
On verra par quels foins Ta fage prévoyance
Au fort de la famine entretint l'abondance.
135 On verra les abus par Ta main réformés;
La licence & l'orgueil en tous lieux réprimés;
Du débris des Traitans Ton épargne groffie;
Des fubfides affreux la rigueur adoucię;

lantes, le Carroufel de l'an 1662,, les Ballets, les Courfes de bague, & les Fêtes données par le Roi à Verfailles, fous le nom des Plaifirs de l'Ile enchantée, au mois de Mai 1664.

VERS 132. Les Oppreffeurs du peuple à leur tour gémians.) La Chambre de Justice établie au mois de Décembre, 1661. pour reconnoître les malverfations commifes par les Traitans, dans le recouvrement & dans l'administration des deniers publics.

VERS 134. Au fort de la famine entretint l'abondance.) En 1662. le Royaume & particulierement la ville de Paris, étoient menacés d'une grande famine, caufée par une ftérilité de deux années. Le Roi

fit venir de Pruffe & de Pologne, une grande quantité de bled. On fit conftruire des fours dans le Louvre, & le pain fut diftribué au Peuple à un prix modique, de forte qu'on ne s'apperçut prefque point de la néceffité publique.

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VERS 135. On verra les abus par Ta main réformés.) Les duels abolis. Les Édits contre le luxe. L'établis fement de la Police en 1667. La fûreté publique rétablie dans Paris, par un Reglement fur le port des armes, & contre les Gens fans aveu, par le redoublement du Guer & de la Garde; par l'établissement des Lanternes, &c,

VERS 136. La licence & l'orgueil en tous lieux réprimés.) L'établiffement des Grands jours, fait à Clermont en Auvergne, par une Déclaration du Roi en 1665. Elle commence par ces mots: La licence des guerres étrangeres & civiles, &c.

Et l'orgueil.) Ce mot défigne les édits contre le luxe.

VERS 138. Des fubfides affreux la rigueur adoucie.] Le Roi diminua la Taille de fix millions. On dreffa, en 1664. & 1667. des Tarifs pour les marchandifes; par ces Tarifs le Roi diminua fes droits; & il fup

Le Soldat dans la paix fage & laborieux: 140 Nos Artifans groffiers rendus induftrieux :

Et nos Voifins fruftrés de ces tributs ferviles
Que payoit à leur art le luxe de nos villes.
Tantôt je tracerai Tes pompeux Bâtimens,
Du loifir d'un Héros nobles amusemens.

prima la plupart de ceux qu'on exi- que l'Auteur a retranchés dans geoit fur les Rivieres du Royaume, les dernieres éditions;

VERS 139. Le Soldat dans la Paix fage & laborieux.) La difcipline militaire établie & maintenue parmi les Troupes. Le Roi faifoit des revues fréquentes, & obligeoit les Officiers de tenir les Soldats dans l'ordre & dans la difcipline. Les Soidats furent auffi employés aux Travaux publics,

O que j'aime à les voir, de Ta gloire troublés!

Se priver follement du fecours de nos bleds!

Tandis que nos vaisseaux par-tout maîtres des ondes,

Vont enlever pour nous les tréfors des deux Mondes.

VERS 143.

VERS 140, Nos Artifans groffiers rendus induftrieux.] L'établiffement de plufieurs Manufactures, particu lierement des Tapifleries aux Gobe- Bâtimens.) Le Roi faifoit alors bâtir Tes pompeux lins, des Points de France, en 1665. le Louvre, avec cette belle Faça& des Glaces de miroirs, en 1666. de que l'on admire, comme un Le prix des Points de Genes & de des plus beaux morceaux d'ArVenise étoit fi exceffif, qu'on en a chitecture qu'il y ait au Monde. vu vendre une garniture fept-mille Mais le Roi abandonna cette enlivres. C'est à quoi le vers fuivant treprife, pour faire bâtir à Verfait allufion. failles, & en plufieurs autres endroits.

Les deux Mers

VERS 141. Et nos Voifins fruftrés de ces tributs ferviles &c.) On verra VERS 145. ci-après *, dans une Lettre de l'Au- étonnées, &c.) C'eft la communicateur à Mr. de MAUCROIX, que tion de la Mer Méditerranée avec LA FONTAINE faifoit un cas l'Océan, par le Canal de Languefingulier de ce vers & du fuivant, doc. Cette entreprife eft d'autant dans lefquels l'Auteur loue le Roi plus merveilleufe, qu'on en avoit d'avoir établi la Manufacture des toûjours regardé le fuccès comPoints de France, à la place des me impoffible. Le deffein de ce Points de Venife. Mr. de Maucroix Canal fut propofé en 1664., par prétendoit avoir porté ce juge- le Sr. PAUL RIQUET, de Bement fur ces deux vers, avant La ziers, & l'on commença a y tra Fontaine: comme on le verra dans vailler en 1665. la Réponse de Mr. de Maucroix à Mr. Despreaux. Après ces deux vers il y en avoit quatre autres, * Tom. IV.

VERS 148. S'enfuit au feul aspect de Tes nouvelles Luix.] De toutes les

145 J'entends déja frémir les deux Mers étonnées, De voir leurs flots unis au pied des Pyrénées. Déja de tous côtés la Chicane aux abois S'enfuit au feul afpect de Tes nouvelles Loix. O que Ta main par-là va fauver de Pupilles! 150 Que de favans Plaideurs déformais inutiles!

Ordonnances du Roi, il n'y en a
point de plus utiles à l'État, que
celles qu'il a faites pour réformer
la Juftice, & pour abréger les pro-
cédures. Sa Majefté fit affembler
les principaux Magiftrats de fon
Confeil & du Parlement,qui tinrent
plufieurs conférences chez Mr. le
Chancelier Seguier, au commence-
ment de l'année 1667. pour exami-
ner & arrêter les Articles de l'Or-
donnance civile, qui fut publiée au
Mois d'Avril de la même année.
L'Ordonnance fur les matieres cri-
minelles, fut dreffée & examinée
de la même maniere, & enfuite
publiée au mois d'Août 1670.

VERS 150. Que de favans Plai-
deurs déformais inutiles!] Après ce
vers il y en avoit trente-deux qui
faifoient la conclufion de cette Epi-
tre, mais que l'Auteur retrancha
dans la feconde édition, y fubfti-
tuant ceux que l'on voit ici. On
peut affurer, que cette Épitre n'a
rien perdu dans ce changement.
Voici les vers qui ont été fup-
primés:

Mufe, abaiffe ta voix; je veux les
confoler,

Et d'un conte, en paffant, il faut
les regaler.

Un jour, dit un Auteur, &c.

Les douze vers qui contiennent
la Fable de l'Huître, font à la fin
de l'Epitre II. L'Auteur continue
ainfi:

Q v

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