135 Et mettant la cérufe & le plâtre en usage, Composa de fa main les fleurs de fon vifage. Le Courtifan n'eut plus de fentimens à foi. Tout ne fut plus que fard, qu'erreur, que tromperie. 140 On vit par-tout regner la baffe Flatterie. Le Parnaffe fur-tout fécond en Impofteurs, Ne crois pas toutefois, fur ce difcours bizarre, Que d'un frivole encens malignement avare, J'en veuille fans raifon fruftrer tout l'Univers. 150 La louange agréable eft l'ame des beaux Vers. Mais je tiens, comme toi, qu'il faut qu'elle foit vraie, Et que fon tour adroit n'ait rien qui nous effraye. Alors, comme j'ai dit, tu la fais écouter, Et fans crainte à tes yeux on pourroit t'exalter. 155 Mais fans t'aller chercher des vertus dans les nues: Ton ardeur pour ton Roi puifée en ta Maison; 160 Ta probité fincere, utile, officieuse. Tel, qui hait à fe voir peint en de faux portraits, Et non moins qu'aux Flamands aux Flatteurs redoutable, 165 Ne s'offenferoit pas, fi quelque adroit pinceau Traçoit de fes Exploits le fidele Tableau: Et dans Senef en feu contemplant fa peinture, 170 Qui viendroit le glacer d'un éloge ennuyeux. les Espagnols, & les Hollandois, Et dont l'Esprit égal en diverse faifon, Sait triompher de tout, & cède à la Raifon, &c. LOUIS LE LABOUR EUR, Tréforier de France, & Bailli du Duché de Montmorenci, Auteur de édition de 1666. il changea ainfi ce Poëme, le publia en 1664. Dans le fecond vers: Prince d'une valeur en victoires feconde. Courage fans pareil, Lumiere fans feconde: Ses Vers jettés d'abord, fans tourner le feuillet, La même année 1664. il parut un VERS dernier- Amufer Pacolet.] Prince de Condé. Quand Mr. le Laboureur eut présenté à ce Prince fon Poëme de Charlemagne, il en lût quelque chofe; après quoi il donna le Livre à Pacolet, à qui i renvoyoit ordinairement tous les Livres qui l'ennuyoient. PRÉFACE J. Sur les trois Épîtres fuivantes. 333 e ne fais, fi les trois nouvelles Epitres que je donne ici au Public, auront beaucoup d'Approbateurs: mais je fais bien, que mes Cenfeurs y trouveront abondamment dequoi exercer leur critique. Car tout y eft extrêmement hazardé. Dans le premier de ces trois Ouvrages, fous prétexte de faire le procès à mes derniers Vers, je fais moimême mon éloge, & n'oublie rien de ce qui peut être dit à mon avantage. Dans le fecond je m'entretiens avec mon Jardinier de chofes très-baffes & très-petites; & dans le troifieme je décide hautement du plus grand & du plus important point de la Religion, je veux dire de l'Amour de Dieu. J'ouvre donc un beau champ à ces Cenfeurs, pour attaquer en moi, & le Poëte orgueilleux, & le Villageois groffier, & le Théologien téméraire. Quelques fortes pourtant que foient leurs attaques, je doute qu'elles ébranlent la. ferme réfolution que j'ai prife, il y a long-temps, de ne rien répondre, au moins fur le ton férieux, à tout ce qu'ils écri ront contre moi. 1. A quoi bon en effet perdre inutilement du papier? Si mes Epitres font mauvaifes, tout ce que je dirai ne Si i mes Epitres font mauvaises.] Il ajoûte dans une autre ÉpigramJOAN. OWEN, Epigr. ad Lectorem, pag. m. 122. Noftra patrocinium non pofcunt car- Si bona funt, bona funt: fi mala me: Nemo poteft verfus (nec tanta potentia Regum) Vel fervare malos, vel jugulare bonos. les fera pas trouver bonnes : & fi elles font bonnes, tout ce qu'ils feront, ne les fera pas trouver mauvaifes. Le Public n'eft pas un Juge qu'on puiffe corrompre, ni qui fe regle par les paffions d'autrui. Tout ce bruit, tous ces Ecrits qui fe font ordinairement contre des Ouvrages où l'on court, ne fervent qu'à y faire encore plus courir, & à en mieux marquer le mérite. Il eft de l'effence d'un bon Livre d'avoir des Cenfeurs; & la plus grande difgrace qui puisse arriver à un Écrit qu'on met au jour, ce n'eft pas que beaucoup de gens en difent du mal, c'eft que perfonne n'en dife rien. Je me garderai donc bien de trouver mauvais, qu'on attaque mes trois Épitres. Ce qu'il y a de certain, c'est que je les ai fort travaillées, & principalement celle de l'Amour de Dieu, que j'ai retouchée plus d'une fois, & où j'avoue, que j'ai employé tout le peu que je puis avoir d'efprit & de lumieres. J'avois deffein d'abord de la donner toute feule, les deux autres me paroiffant trop frivoles, pour être présentées au grand jour de l'im preffion avec un Ouvrage fi férieux. Mais des Amis très-fenfès m'ont fait comprendre, que ces deux Épîtres, quoique dans le ftyle enjoué, étoient pourtant des Épí tres morales, où il n'étoit rien enfeigné que de vertueux: qu'ainfi étant liées avec l'autre, bien loin de lui nuire, elles pourroient même faire une diverfité agréable; & que d'ailleurs beaucoup d'honnêtes gens fouhaitant de |