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AN. 408.

Ap. Aug. ep. 103. al. 253.

dans l'efperance que la mort de Stilicon rendroit meilleure la condition des payens. Enfin il revint à la charge, & donnant de grandes louanges à faint Auguftin, avec quelque efperance de fa converfion, il infiftoit toujours fur un pardon entier à tous les habitans de Calame. Saint Augustin demeura ferme à vouloir que les coupables fuffent punis: mais en même temps il montre la douceur de l'église par la qualité de la peine. Nous ne prétendons point, dit-il, qu'ils Ep. 104. n. 5. perdent la vie, ni qu'ils fouffrent des tourmens ou aucune peine corporelle: nous ne voulons pas même les réduire à une telle pauvreté, qu'ils manquent du neceffaire: nous voulons feulement leur ôter la ri cheffe qui les met en état de mal faire, comme d'avoir des idoles d'argent : qui font caufe qu'ils mettent le feu à l'églife, qu'ils donnent au pillage à la populace la subsistance des pauvres, & répandent le fang innocent. Et enfuite: Trouvez bon du moins qu'ils craignent pour leur fuperflu, eux qui ne fongent qu'à brûler & piller nôtre neceffaire; & que nous puiffions faire ce bien à nos ennemis, de leur épargner des crimes qui leur font nuifibles, par la crainte de perdre des chofes, dont la perte n'eft point nuifible. Il pa roît par cette lettre que Poffidius évêque de Calame fit le voyage d'Italie, aprés la violence commife contre fon églife: apparemment pour fe joindre aux déz putez des deux conciles de lan 408. & en demander juftice.

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Ces députez d'Afrique obtinrent à la cour d'Ho Loix pour l'églife. norius ce qu'ils demandoient, comme il paroît par plufieurs loix datées vers la fin de l'an 408. fous le confulat de Bassus & de Philippe : qui confirment toutes L. 43. C. Thy de Les loix précedentes, contre les Donatiftes, les Mar

haret.

L. 45. eod.
Z. 42. eod.

AN. 408.nichéens, les Prifcillianistes, les payens & les Celicoles, & en ordonnent l'execution: défendant expreffement leurs affemblées. Il est auffi défendu aux ennemis de la religion Catholique d'exercer des charges dans le palais. Les Celicoles ou adorateurs du ciel, dont il eft icy parlé, profeffoient une nouvelle herefie, qui tenoit, à ce que l'on croit, du judaïsme & du paganisme: du moins le nom en étoit nouveau. Ils pervertiffoient le baptême comme les Donatiftes, & L. 19. C. Th. de il s'en trouvoit principalement en Afrique. Il y eut l'année fuivante 409. une conftitution d'Honorius, pour étendre contre eux les peines des heretiques & des apoftats. Quant aux Juifs, il y a contre eux une loi de Theodofe du vingt-neuviéme May de cette année 408. qui ordonne aux gouverneurs des provinces, d'empêcher qu'à la fête qu'ils célebroient en memoire de leur délivrance par Efter, ils ne brûlaffent une croix, fous prétexte de brûler la figure d'Aman avec fon gibet: parce qu'ils le faifoient au mépris de la religion Chrétienne.

Fud.&ibi.Gothofr.

L. 18 eod.

Efth. IX. 21.

Socr. VI. 6. 'I.
Sozom. IX. c. 8.
Marc. Chr. an.
408,

L'empereur Theodofe commençoit à regner aprés la mort de fon pere Arcade, arrivée le premier jour du même mois de May, fous le confulat de Baffus & Philippe, c'est-à-dire en 408. Arcade avoit regné treize ans, depuis la mort de Theodofe fon pere, & en avoit vêcu trente & un. Prince foible & toujours gouverné par fa femme & par fes eunuques. Son fils TheodoTh. Pilot. 8. fe qui n'avoit que huit ans, & portoit déja le titre d'Augufte, regna en Orient fous la conduite d'Anthemius, l'homme le plus fage de fon temps, ami de S Aphraate & de S. Chryfoftomè, qui lui écrivit fur fon confulat en 405. Theodofe le jeune, car il eft connu fous ce nom, avoit trois fœurs, Pulquerie, Arcadie &

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· Chryf. epist, 25.

Marine, qui toutes trois demeurerent vierges. Pulque- AN. 409. rie prit foin dans la fuite de leur éducation, & de celle de l'empereur fon frere, quoiqu'elle n'eût que deux ans plus que lui: mais fa fageffe & fa vertu étoient. bien au deffus de fon âge.

caft. reor. 1. 9. C..

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de epifc. and..

1. II. ode.

On trouve encore deux loix d'Honorius de l'année L. ult. C. Th. de 409. qui refpirent la pieté l'une en faveur des prifonniers, qui ordonne que tous les dimanches, les juges les feront fortir, pour fçavoir s'ils ont les chofes neceffaires, leur ordonner dequoi vivre, s'ils en manquent :: & les conduire aux bains fous bonne garde: il eft recommandé aux évêques de tenir la main à l'execution de cette loi. L'autre ordonne aux Chrétiens des lieux voisins, de prendre foin que les captifs Romains qui retournent chez eux ne foient ni arrêtez ni maltraitez.

hares.

La loi d'Honorius contre les Donatiftes & les Juifs z. 44. C. Th. de. ou Celicoles, fut adreffée en particulier à Donat proconful d'Afrique & S. Auguftin d'ailleurs fon ami Ep. 100, al. 1276 lui écrivit à ce fujet, pour le prier trés-inftamment de leur épargner la vie. Remarquez, dit-il, qu'il n'y a que les ecclefiaftiques, qui prennent foin de porter devant vous les affaires de l'églife. De forte que fi vous puniffez de mort les coupables, vous nous ôterez la liberté de nous plaindre : & quand ils s'en apercevront, ils fe déchaîneront plus hardiment contre: nous, nous voyant réduits à là neceffité de nous laiffer ôter la vie, plutôt que de les expofer à la perdre: par vos jugemens. Il finit par ces mots: Quelque grand que foit le mal qu'on veut faire quitter, & le bien qu'on veut faire embraffer: c'eft un travail plus importun que profitable, de n'y réduire les hommes. que par la force, au lieu de les gagner par l'inftruc-

tion..

A N. 409.
X I X.

Rome affiegée par
Alaric

Zof. lib. s. p. 812.

Sozom. IX. c. 6.

Aprés la mort de Stilicon, les Goths qui fervoient dans les armées Romaines, furent maltraitez, comme ayant été d'intelligence avec lui. On fit mourir en plufieurs villes leurs femmes & leurs enfans, & on pilla leurs biens. Irritez de cette infraction des alliances, ils fe réunirent fous Alaric, le plus puiffant de Socr. VII. c. 10. leurs chefs: qui avoit fervi le grand Theodofe contre le tyran Eugene, & étoit revêtu des dignitez Romaines. Il effaya encore de faire la paix avec Honorius, & n'ayant pu l'obtenir, il marcha vers Rome. On dit que dans cette marche, il rencontra un faint moine, qui voulut l'en détourner, lui representant les maux dont il alloit être cause ; & qu'Alaric lui répondit: Je n'y vais point de moi-même, mais quelqu'un me preffe & me tourmente tous les jours, en difant: Va piller Rome. Y étant arrivé, il l'affiegea fi étroitement, même du côté de la mer, qu'il n'y entroit plus de vivres, & que la famine & la pefte commencerent à la ravager. Plufieurs cfclaves, principalement les barbares pafferent du côté d'Alaric. En cette extrêmité, les fenateurs payens crurent neceffaire de facrifier au Capitole, & dans les autres temples. Car des arufpices Toscans appellez par Pompeien préfet de Rome promettoient de chaffer les barbares, par des foudres & des tonnerres; fe vantant de l'avoir déja fait à Narnia ville de Tofcane, qu'Alaric n'avoit pas prise en marchant vers Rome. Zofime dit, que pour plus grande feureté, on raporta au pape Innocent le deffein que l'on avoit de faire à Rome des facrifices; & que le pape préferant le falut de la ville à fon opinion, permit de les faire en fecret. Le croira qui voudra, fur la foi de ce payen; mais ce qu'il ajoûte, eft plus vrai-semblable. Les Tofcans ayant foutenu que

Lib. s. p. 316.

ces

ces ceremonies ne ferviroient de rien à la ville, fi on ne les faifoit en public: le fenat monta au Capitole, & commença à y faire, & dans les places publiques, ce que l'on avoit réfolu: mais perfonne n'ofa y prendre part. On laiffa les Toscans, & on fongea aux moyens d'apaiser Alaric.

AN. 409.

On traita en effet avec lui, & on convint de lui p. 117. donner cinq mille livres d'or, trente mille livres d'argent,quatre mille tuniques de foye, trois mille peaux teintes en écarlate, trois mille livres de poivre. Pour faire cette quantité d'or & d'argent, comme il n'y avoit point de deniers publics, on taxa les particuliers, qui n'y purent fuffire: enforte qu'il en falut venir aux ornemens des idoles, & aux idoles mêmes d'or & d'argent: ce que Zozime déplore comme une impieté, qui mit le comble à la mauvaise fortune de Rome. On fondit entre-autres une image de la vertu : aprés quoy, dit-il, tout ce qu'il y avoit chez les Romains de valeur & de vertu fut éteint, comme avoient prédit ceux qui étoient inftruits des chofes divines. Moyennant ces prefens, Alaric leva le fiége, & les Romains promirent de procurer la paix entre l'empereur & lui. C'étoit l'année 409. fous le huitiéme confulat p.818. d'Honorius & le troifiéme de Theodofe.

En effet le pape Innocent alla en députation vers sozom. 1x. c. 7. l'empereur Honorius, qui étoit à Ravenne: & on rapporte avec vray-semblance à cette députation une

Math.

loy contre les Mathematiciens ou aftrologues, fous le z. 11. C. Th. de nom defquels font fouvent compris les arufpices & 10. C. Just. de les autres devins. Par cette loy, il leur cft ordonné de epifc. aud. brûler leurs livres en prefence des évêques, & d'abjurer leurs erreurs, ou de fortir de Rome & de toutes les autres villes, fous peine de déportation. Elle est du

Tome V.

PP

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