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gle. Un monaftere comprenoit trente ou quarante maisons; dont trois ou quatre faifoient une tribu pour aller ensemble au travail ou fervir la même femaine. Chaque maifon contenoit environ quarante freres d'un même métier: par exemple tous natiers Vits. S. Pac. c. 21. ou tisferans, ou coûturiers, ou foulons. Chaque maifon comprenoit plufieurs cellules où ils logeoient trois à trois, mais ils mangeoient dans un refectoire commun. Chaque maison étoit marquée par une lettre de l'alphabeth que chacun des moines de la maifon portoit fur fon capuce..

Reg. c. 99.

Kita S. Euphrax,

Dans une ville de la haute Thebaïde, il y avoit un monaftere de femmes au nombre de plus de cent, fort renommées pour leur vertu. Elles ne beuvoient point de vin, ne mangeoient point de fruits & jeû noient fouvent deux ou trois jours: elles étoient vêtuës d'un cicile qui les couvroit jufques aux pieds, n'ufoient point de bain, & ne lavoient pas même leurs pieds. Elles travailloient tant qu'elles pouvoient, n'ufoient point de remedes dans leurs maladies, mais les recevoient comme une grande bénediction; & gardoient une clôture exacte. Euphrafie veuve d'un homme d'une grande qualité nommé Antigone, leur ayant offert vingt ou trente livres d'or de revenu, l'abbeffe le refufa & reçut feulement de l'huile pour les lampes, & des parfums pour l'oratoire. Euphrafie ou Eupraxie fa fille y entra à l'âge de fept ans, & devint Rall. Lauf. c. 137. illuftre par fes vertus & par fes miracles. Prés d'Antinoüs il y avoit douze monafteres de femmes, un entreautres gouverné par l'abbeffe au Amma Thalida, qui pratiquoit la vie monaftique depuis quatre-vingts ans. Elle avoit avec elle.foixante jeunes vierges qui l'aimoient tellement, que le monaftere ne fermoit point:

a

à clef comme les autres, mais elles lui étoient attachées par affection & par fes faintes inftructions. Elles fortoient le dimanche pour aller à l'église recevoir la communion: mais une d'entre-elles nommée Taor qui étoit fort belle ne fortoit jamais, & demeuroit toûjours à travailler dans le monaftere, couverte de haillons.

c. 138.

Sap. XIV:n: 30: Sap. 16. n. 36.

Pall. Lauf. 100 98..

Pall. 7.14.

Dans l'Egypte proprement dite, prés d'Arfinoé, Fabbé Serapion gouvernoit environ dix mille moines. Le defert de Nitrie en avoit cinq mille en cinquante Monafteres. Ils avoient une églife & huit prêtres, dont le plus ancien faifoit feul les fonctions : les fept autres n'en faifoient aucune pendant fa vie. Proche de Sup. xv1. n. 3.71. là étoit le monaftere des Čelles & le mont de Pher- Pall. c. 23. mé, habité d'environ cinq cens moines. Entre-eux. étoit Paul, qui faifoit trois cens oraifons par jour, & pour les compter fe fervoit de trois cens petites pierres, qu'il tenoit dans fon fein & les jettoit à me-fure. Là proche étoit le monaftere de Scetis, où habitoient les deux Macaires, où demeura faint Arfene & où Caffien paffa quelque temps. Prés d'Alexandrie Pallic. 75 il y avoit environ deux mille moines en divers monafteres. A Canope étoient plufieurs monafteres, en- sup. xxx. n. 314. tre-autres celui de Metanée. A Pelufe il y avoit auffi des moines, entre-autres le fameux S. Ifidore qui vivoit dans ce même temps. Et c'eft l'état des monafte res d'Egypte à la fin du quatriéme fieele. Le nombre de tous les moines qui ont été marquez monte à plus de foixante & feize mille,celui des religieufes à vingt mille fept cens ou environ, fans compter les monafteres dont le nombre n'eft pas exprimé. Je ne dis rien de plufieurs particuliers illuftres, dont on peut voir les vertus dans les rélations d'Evagre & de Pallado

AN. 395.

X.

Chûte des herefies

& les recüeils des vies des peres.

La mort de l'empereur Theodofe n'arrêta point Sozom. VIII. c. 1. les progrés de la religion: au contraire ceux qui gouvernoient attribuant à fa pieté la défaite d'Eugene &

epifc.

28.29.

G. Th de haret.

des autres tyrans, s'appliquerent à l'imiter. Ils conL. 29. C. Th. de firmerent les loix qu'il avoit fait en faveur de la reL. 24. 25. 26. 27. ligion, & en ajoûterent de nouvelles. Nous avons une loi d'Honorius pour conferver les privileges des égliL. x3. de pagan. ses en 395. fept d'Arcade contre les heretiques, &une contre les payens; données à CP. partie en 374. pendant la vie de fon pere occupé en Occident, partie en 395. depuis fa mort: la pluspart adreffées à Rufin préfet du prétoire d'Orient, & comme l'on croit dreffées par fon confeil: car il avoit la principale autorité. Mais étant suspect d'aspirer à l'empire, il fut tué le 27. Novembre de la même année 395.

Socr. VI. c. I.

Marc. Chr. an. ¿ 391.

Sozom. VIII. C. I.

Les payens fe convertiffoient, & les heretiques revenoient à l'église Catholique : particulierement les Eunomiens & les autres Ariens ; à qui leurs divisions faifoient ouvrir les yeux, & juger que la verité n'étoit pas de leur côté. Les Macedoniens n'avoient point d'évêque à CP. & n'étoient gouvernez que par des prêtres depuis qu'Eudoxe leur eut ôté les églises: Sup. liv.xix.n. 35. ce qui ne contribuoit pas peu à les affoiblir. Les Novatiens étoient auffi troublez par le schisme de Sabbatius: mais ils se soutenoient à C P. par la réputation de leur évêque Sifinnius homme d'efprit & célebre en fon temps par plufieurs réponses vives & ingenieufes. On vantoit fort fa fcience & fa vertu : toutefois il vivoit délicatement, fe baignoit deux fois le jour, & portoit des habits blancs; au lieu que les perfonnes de pieté s'habilloient de noir.

En Afrique la divifion des Donatiftes continuoit

AN. 395.

Aug. 111. cont.

roûjours, & ils abufoient des loix données contre les heretiques pour fe pourfuivre les uns les autres. En sup. liv. xxx. n. execution du concile de Bagaïe tenu par les Primia- St niftes, le délai qu'ils avoient donné aux Maximiani- Crefc.c, 56. ftes pour fe réunir à eux étant paffé & deux mois au delà, les Primianiftes presenterent requête au proconful de Carthage le 2. de Mars 395. contre Felicien de Muftite & Prétextat d'Affsurite, tous deux Maximianiftes, pour les faire chaffer des églifes; & cette pourfuite dura jufques au 22. de Décembre de l'année fuivante 396. Les Primianiftes fe difoient catholi Aug. in. Sp. 570 ques, & pour le montrer ils produifoient leur concile où les Maximianiftes étoient condamnez, demandant qu'ils fuffent chaffez des églises en vertu des loix imperiales contre les hérétiques. Le juge par connivence ou par erreur prononça en leur faveur; & en plufieurs endroits les Maximianiftes furent chaffez par autorité de juftice.

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n.12.

IX.

che contre les

gapes.

Epift. 29. ad Alyp..

S. Auguftin faifoit toûjours à Hippone les fonetions de prêtre fous l'évêque Valere, & prêchoit S. Auguftin preavec un grand fuccés. La fête de S. Leonce évêque d'Hippone étant proche, le peuple murmuroit de ce qu'on vouloit l'empêcher de la celebrer avec les réjoüiffances ordinaires: c'eft-à-dire de faire dans l'églife des feftins, qui dégeneroient en yvrogneries & en débauches. Car le concile d'Hippone tenu en 393. Sup. liv.xix. n. 41avoit ordonné, qu'on détourneroit le peuple de ces, feftins, autant qu'il feroit poffible. S. Auguftin, qui avoit confcillé ce reglement, fçachant le murmure du peuple, commença dés le mercredi, qui précedoit la fête, à lui parler fur ce fujet : à l'occasion de l'é- Epiff. 29. n. 20 vangile du jour où on avoit lû ce paffage: Ne donnez Marth. v11, 65. pas les chofes faintes aux chiens, & ne jettez pas

n.z.

n. 4.

vos perles devant les pourceaux. Il compara aux chiens ceux qui aboïoient contre les commandemens de Dieu, & aux pourceaux ceux qui s'attachoient aux fales plaifirs, & vouloient commettre dans l'églife ce qui les rendoit indignes des chofes faintes.

Comme ce difcours avoit eû peu d'auditeurs, & que beaucoup y contredifoient, il parla encore du même fujet dans une plus grande affemblée, où l'on Matth. XXI. 12. ayoit lû l'évangile des marchands chaffez hors du temple. Il le relût lui-même, & montra combien J. C. auroit eû plus de zele à chaffer du temple des feftins diffolus, qu'un commerce de foi innocent. Il ajoûta que le peuple Juif tout charnel qu'il étoit, ne faifoit point de feftin dans ce temple, où on offroit point encore le fang du Seigneur, & qu'on ne trouvoit point qu'ils fe fuffent enyvrez, fous prétexte de religion, qu'à l'occafion des idoles. Sur quoi il leur lût tout l'endroit de l'Exode; car il avoit préparé les Ex. xx11. 6. n.6.5. livres & les paffages. Enfuite il prit S. Paul, & leur 1. Cor. v. 11. VI. 9. lût les paffages où il compte l'yvrognerie entre les plus grands pechez, & les œuvres de la chair, qui excluënt du royaume de Dieu. Après avoir relû ces paffages & plufieurs autres, avec une grande force : il rendit le livre, leur ordonna de prier, & recommença à parler avec toute la vehemence, dont il étoit capable, leur reprefentant le péril commun des peuples & des prêtres, qui doivent rendre compte de leurs ames au chef des pafteurs. Je vous conjure, dit-il, par fes humiliations, fes fouffrances, fa couronne dépines, sa croix & fon fang: ayez du moins pitié de nous, & confiderez la charité du venerable Valere, qui n'a pas craint de m'imposer à cause de' vous la charge périlleuse de vous annoncer la pa

Gall. s. 19.

n. 7.

role

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