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juger fi ce font les derniers, puifqu'il en peut arriver
de plus grands. Qu'il y a dans l'Afrique une infinité 12
de barbares, à qui l'évangile n'a point encore été prê-
ché, comme on aprend par
les efclaves que l'on en

tire; & que quelques-uns des plus voifins des Ro-
mains, fe font convertis depuis peu d'années, mais a 13,
en trés-petit nombre. Enfin que le plus sûr eft de veil-
ler & de prier; non feulement parce que nôtre vie eft
incertaine, mais encore parce que nous ne fçavons
pas quand viendra le Seigneur. Au contraire fi nous
croyons qu'il doive venir bien-tôt, il eft à craindre,
s'il tarde en effet, que ceux qui fe verront trompez
ne foient ébranlez dans la foi, & tentez de croire
qu'il ne viendra point du tout, & que les infidelles
n'en prennent occafion de fe moquer de nôtre

créance.

XIV.

fur l'écritu

11. Retr. SASS..

Cependant S. Auguftin commença deux ouvrages fur l'écriture fainte, qu'il n'acheva pas, parce qu'il lui Locutions & que furvint des occupations plus preffées. Le premier font re&e. les locutions, c'eft-à-dire les manieres de parler gre. 3. ques ou hebraïques, qui arrêtent les lecteurs, & leur font fouvent chercher des myfteres où il n'y en a point. En même temps il dictoit les queftions fur·les mêmes livres, c'est-à-dire les difficultez qui lui venoient à l'efprit, & qu'il se contente quelquefois de proposer mais il donne ordinairement des principes pour les réfoudre, & s'attache au fèns litteral. Ces deux ouvrages ne font que fur les fept premiers livres de l'écriture jufques aux livres des rois...

Un nommé Pollentius lui ayant écrit fur la queftion de la féparation pour caufe d'adultere, engagea à écrire les deux livres des mariages adulterins. Pollenias prétendoit, que la femme qui fe féparoit de fona

Xxx iij

11. Retr. c. 577.

10. 6.

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X V.

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noces & de la con

cupifcence.

lib. 1. c. 10.

fe

mari à caufe de l'adultere qu'il avoit commis, pouvoit remarier; & quant à ce que S. Paul dit au contraire, il l'expliquoit de celle qui fe remarie pour toute autre caufe. S. Auguftin foutient que cette défenfe regarde celle qui s'eft retirée pour cause d'adultere. Pollentius prétendoit encore que les mariez fideles ne pouvoient quitter la partie infidelle; & S. Auguftin montre que faint Paul le permet, quoiqu'il ne le conseille pas. On voit au commencement du fecond livre, que l'empreffement avec lequel on demandoit les ouvrages de S. Auguftin les faifoit publier par ceux qui vivoient avec lui, quelquefois à fon infçu.

Il fut obligé vers le même temps d'écrire le premier Premier livre des livre des noces & de la concupifcence, à cette occafion. Les Pelagiens qui reftoient en Italie aprés le jugement du pape Zofime, s'adrefferent à l'empereur Honorius, & lui demanderent des juges ecclefiaftiAug. I de Nupt. c. ques, pour examiner l'affaire de nouveau: se plai– 2. in Ful. Op. imp. gnant d'avoir été condamnez par fraude & par furprife. Le comte Valere rompit leurs mefures par fon autorité, & empêcha que l'empereur ne marquât un temps & un lieu pour la revifion de la caufe. Et en effet, dit S. Auguftin, l'empereur ne voulant point que l'on revoquat en doute la foi Catholique, eut raifon de ne point permettre aux heretiques de nouvelles difputes, & de les contenir plutôt par la féverité des loix. Il fit donc chaffer d'Italie les évêques que le pape Zofime avoit dépofez. Les Pelagiens fe plaignirent hautement de ce refus d'un concile univerfel; prétendant que les Catholiques leur donnoient parlà gain de cause.

Ils s'efforcerent auffi de détourner le comte Valere de la protection qu'il donnoit aux Catholiques,

200%

& lui envoyerent un écrit où ils difoient, que S. Au- II. Retr. 6. 53. ep. guftin condamnoit le mariage, en foutenant le peché originel. Valere, ferme dans la foi, fe moqua de cette calomnie ; & vers le même temps il écrivit trois lettres à faint Auguftin qui en prit occafion de lui adreffer l'écrit qu'il crut devoir faire fur ce fujet, & qu'il intitula: Des noces & de la concupifcence. Valere gardoit 1.de Nupe. c.z. fidellement la pudicité conjugale : il étoit zelé contre les Pelagiens: fes grandes occupations ne l'empêchoient pas de s'apliquer à la lecture, même aux dépens du fommeil ; & il prenoit plaifir aux ouvrages de S. Auguftin. C'eft ce qui le détermina à lui adreffer

cet ouvrage..

Il y explique les biens propres au mariage, entre lefquels il prouve, que l'on ne doit point compter la concupifcence; mais qu'elle eft un mal, qui n'eft point de la nature du mariage, ni de fa premiere inftitution, & qui y eft furvenu par le peché du premier homme. Ni la fecondité de la nature, ni la diftinction & l'union des fexes, n'ont rien que de bon en foi, puifque c'est l'ouvrage du Créateur: ce qu'il y a de honteux, & par conféquent mauvais, vient d'ailleurs : c'eft-à-dire de la révolte de la chait contre l'ef prit, qui eft l'effet du peché. La fainteté du mariage fait bien user de ce mal, pour la production des hommes: mais ce mal, cette concupifcence ne laiffe pas de faire que ceux qui viennent même du legitime mariage des enfans de Dieu, ne naiffent pas enfans de Dieu,. mais enfans du fiecle: engagez au peché, dont leurs parens ont été délivrez, & foumis à la puiffance du démon, jufques à ce qu'ils foient délivrez comme leurs parens par la même grace de J. C. Il expliquecomment la concupifcence demeure dans les bapti

c. ult.

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AN. 419.

C. 23. 27.

li

fez, fans les rendre coupables, mais feulement enclins à pecher; & donne dans cet écrit d'excellentes regles . 8. fur l'ufage legitime du mariage. Julien ayant vu ce Aug 1v. ep. im. Vre, en compofa quatre pour y répondre, & les adref fa à un évêque de fon parti nommé Turbantius, qui revint depuis à l'églife Catholique.

perf. c. 30.

XV I.

rius pour l'églife.

Ap. Aug,. ep. 201.

P. 455.

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On peut attribuer aux follicitations du comte VaReferits d'Hono- lere ou du pape Boniface, une conftitution de l'empereur Honorius mentionnée dans une lettre, qu'il écrivit de Ravenne à Aurelius évêque de Carthage, Ap. Baron n.419. le neuviéme de Juin 419. Elle porte, que pour réprimer l'opiniâtreté de quelques évêques qui foutiennent encore la doctrine de Pelage: il est enjoint à Aurelius de les avertir, que ceux qui ne fouscriront pas fa condamnation, feront dépofez de l'épiscopat, chassez des villes, & excommuniez. La même lettre de l'empereur fut envoyée à faint Auguftin: ce qui fait voir, qu'il étoit autant diftingué par fon merite entre les évêques d'Afrique, qu'Aurelius par sa dignité. Aurelius ne manqua pas d'executer cet ordre, comme Ap. Baron, ibid. il paroît par fa lettre du premier jour d'Août de la même année, pour obliger tous les évêques de foufcrire la condamnation de Celeftius & de Pelage. Z. 44. C. Th. de L'empereur Honorius fit peu de temps aprés une loi, qui renouvelle la défense à tous les ecclefiaftiques de loger avec des femmes étrangeres : & toutes font réputées telles, hors les meres, les filles & les fœurs. On les exhorte même à ne pas quitter celles avec lesquelles ils ont contracté un mariage legitime avant leur facerdoce, puifqu'ils s'en font rendus dignes en leur compagnie. Mais ils ne vivoient plus que comme freres & fœurs. Cette loi eft du huitiéme de May 420. La même loi condamne au baniffement avec con

epif. L. ult. ibid. de raptu fanctim.

fifcation

fifcation de biens les raviffeurs des vierges confacrées à Dieu: qui peut-être s'étoient multipliez depuis l'herefie de jovinien.

A N. 419.

conc. 1582.

Le pape Boniface ayant été attaqué d'une longue maladie, craignit que s'il mouroit, il n'y eût des brigues pour l'élection de fon fucceffeur, comme ily en avoit eu à la fienne. Ainfi il écrivit à l'empereur Ho- Bonif. epift. 1. to. 2. norius par des évêques députez en fon nom, & de toute l'église Romaine: le priant que fous fon regne l'église cut au moins la même liberté qu'elle avoit fous les empereurs payens, de maintenir les anciennes regles. Cette lettre eft du premier de Juillet, & comme l'on croit de la même année 419. L'empereur répondit ainfi par un refcrit, dont il chargea les mêmes députez: Si contre nos vœux il arrivoit quelque accident à vôtre fainteté, que tout le monde fçache qu'il faut s'abftenir des brigues; & que fi deux perfonnes font ordonnez contre les regles, aucun des deux ne sera évêque : mais seulement celui qui fera élu de nouveau du confentement de tous.

Le pape Boniface avoit écrit aux évêques de Gaule peu de temps auparavant, c'est-à-dire lê treiziéme de Juin 419. La lettre eft adreffée à Patrocle, Remi, Maxime, Severe, & dix autres qui y font nommez, & en general aux évêques des Gaules & des fept provinces. Maxime évêque de Valence étoit accufé de plufieurs crimes, entr'autres d'être Manichéen; & on le prouvoit par des actes fynodaux. On montroit auffi par des actes de juges féculiers, qu'il avoit été poursuivi devant eux pour homicide, & même mis à la queftion. Il ne laiffoit pas de fe dire toujours évêque, dans les lieux où il fe tenoit caché, & ne vouloit point subir le jugement de fes confreres, Tome V.

Yyy

XVII.

Lettre du pape Bo

niface aux évêques

de

Gaule,

Epift. 2,

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