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Ax. 49. quoique les papes l'y euffent fouvent renvoyé. Le clergé de l'églife de Valence s'en plaignit au pape Boniface, & les évêques de Gaule lui envoyerent aufft des memoires.

Quoique les fuites de Maxime donaffent affez de droit de le condamner dés lors, le pape voulut bien encore lui donner un délai; & ordonna qu'il feroit jugé par les évêques des Gaules affemblez au concile avant le premier jour de Novembre; & que prefent ou absent il feroit jugé, fans aucun autre délai: à la charge que le jugement feroit confirmé par l'autorité du pape. Le pape ajoûte: Nous envoyons des lettres. par toutes les provinces, afin qu'il ne puiffe s'excufer fur l'ignorance; & quand ce que vous aurez ordonné nous aura été raporté, il doit neceffairement être confirmé par nôtre autorité. Quelques-uns croyent, que le clergé de Valence avoit porté cette accufation directement au pape : à caufe des conSup: 11.45. testations, qui étoient dans la province de Vienne pour le droit de métropole, que prétendoit Patrocle d'Arles.

XVIIK

Second livre des

cupifcence.

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Il y avoit à Rome quelques Pelagiens: pour les noces & de la con- confirmer dans l'erreur, & y en attirer d'autres, JuAug. ad Bonif. ib. lien y envoya une lettre, où il traitoit les Catholiques de Manichéens, afin d'en donner de l'horreur aux ignorans. Dans le même temps lui & les autres évêques Pelagiens, au nombre de dix-huit écrivirent une lettre à Rufus évêque de Theffalonique, pour l'attirer, s'ils pouvoient dans leur parti. Des catholiques vigilans ayant recouvré ces deux lettres, les mirent entre les mains du pape Boniface. Alypius vint alors à Ubid: init. 11. Re- Rome, où le pape le reçut avec beaucoup d'amitié, le retint chez lui dans le peu de féjour qu'il y fit, &

■ad, c. 61.

Tentretint avec une grande confiance. Ils parlerent fort de faint Auguftin: & le pape remit à Alypius les deux lettres des Pelagiens, où faint Augustin étoit nommé & calomnié, afin de les lui porter, & qu'il y répondit lui-même.

Avant que d'aller à Rome, Alypius avoit été à Ravenne, où étoit la cour: & y avoit vu le comte Valere, qui lui envoya à Rome des extraits du premier livre des quatre de Julien contre celui de S. Auguftin, des noces & de la concupifcence. Valere prioit S. Au guftin de réfuter au plutôt ces extraits. Alypius les rapporta en Afrique avec les deux lettres des Pelagiens, & raconta de bouche à faint Augustin, ce que les heretiques objectoient contre quelques endroits de fon livre. Saint Augustin auroit mieux aimé ne répondre, qu'après avoir vu l'ouvrage entier de Julien. Toutefois pour contenter le comte Valere, il compofa un fecond livre fous le même titre des noces & de la concupifcence. Il y défend la doctrine Catholique touchant le peché originel, & montre combien elle est éloignée de l'impiété des Manichéens : car la réponse de Julien rouloit principalement sur cette calomnie. On croit que ce fecond livre fut écrit en

420.

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XIX, Livres de S. Au

niface. par

Saint Auguftin répondit auffi aux deux lettres des Pelagiens, par quatre livres adreffez au pape Boni- guftin au pape Boface, qui les lui avoit envoyez. Il commence des fentimens de reconnoiffance, fur les témoignages d'amitié, que le pape lui avoit donnez par Alypius. Vôtre humilité, dit-il, fait qu'encore que vous foyez dans un siege plus élevé, vous ne dédaignez pas mitié des petits & vous y répondez par une affection réciproque. Il répond dans le premier livre à la lettre

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C. 7.

c. 8.

envoyée à Rome, que l'on croyoit être de Julien

& réfute les calomnies des Pelagiens, qui accufoient ... 5. les Catholiques, de détruire le libre arbitre: de dire 6. 6. 'que Dieu n'a pas inftitué le mariage, & que l'union des fexes eft une invention du démon: que les faints de l'ancien teftament n'ont pas été délivrez du peché: que S. Paul & les autres apôtres ont été fouillez d'inpureté, fous prétexte qu'ils fe reconnoiffent fujets à la concupifcence: que l'on foumettoit J. C. même au peché, & que l'on ne reconnoiffoit pas que le baptê me remît tous les pechez. S. Auguftin répond à toutes ces calomnies, & montre le mauvais fens caché 15. 16. fous la profeffion de foi, que l'auteur de la lettre oppofoit aux Catholiques.

0.. 12.

6. 13.

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Dans le fecond livre il répond à la lettre des dixhuit évêques Pelagiens à Rufus de Theffalonique, remplie des mêmes impoftures. Il fait la comparaifon des Manichéens avec les Pelagiens, & montre que les Catholiques font au milieu de ces deux erreurs. Il juftifie le clergé de Rome, de la prévarication, dont les Pelagiens le chargeoient ; & montreque jamais leur doctrine n'a été approuvée à Rome, quoique Zofime ait pendant quelque temps. ufé d'in-. 5.6. dulgence avec Celeftius. Que fous le nom de grace nous n'établiffons point le deftin, & n'attribuons point à Dieu l'acception de perfonnes: quoique nous foutenions que la grace f'eft point donnée fe4.8.9.. lon les merites; & que Dieu nous infpire le premier defir du bien, enforte que nous ne pouvons changer de mal en bien, que par fa mifericorde purement gratuite.

G. 2.

Dans le troifiéme livre, il explique la doctrine Catholique, touchant l'utilité de l'ancienne loi, l'effet

с. 34

c. 6.

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đu baptême, la difference de l'ancienne & de la nouvelle alliance: la juftice & la perfection des apôtres 6.4.50. & des prophétes : ce que l'on appelle peché en J. C. quand on dit qu'il eft venu dans la reffemblance de la chair du peché, qu'il a condamné le peché par le peché, & qu'il a été fait peché; enfin comment nous efperons accomplir parfaitement les commandemens de Dieu dans l'autre vie. Dans le quatriéme livre, il répond à ce que les Pelagiens difoient, pour établir leur doctrine; & découvre la fraude enfermée dans les cinq articles qu'ils mettoient en avant comme également oppofez aux Manichéens & aux Catholiques: fçavoir la loüange de la créature, du c.2.mariage, de la loi, du libre arbitre & des faints. Ils loüoient la créature & le mariage, pour nier le peché originel: la loi & le libre arbitre, pour établir que la grace fe donnoitfelon le merite: les faints, pour montrer, qu'il y avoit eu des hommes exempts de peché, dés cette vie. L'église catholique tenant le milieu entre les Manichéens & les Pelagiens, enfeigne que la nature eft bonne, comme étant l'ouvrage de Dieu, qui eft bon; mais qu'elle a befoin du Sauveur, à caufe. 40. du peché originel venu du premier homme: que le mariage eft bon & inftitué de Dieu, mais que la concupifcence, qui y eft furvenuë par le peché, est mauvaife: que la loi de Dieu eft bonne, mais qu'elle ne fait que montrer le peché, fans l'ôrer: que le libre arbitre est naturel à l'homme; mais qu'il eft tellement captif maintenant, qu'il ne peut operer la justice, qu'aprés être délivré par la grace: que la justice des faints, soit de l'ancien, foit du nouveau teftament a été vraye, mais non parfaite. Il finit par des paffages de faint Cyprien. Kyy j

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C. 64

7.

...

X X.

Livres de l'ame &
de fon origine.
11. Retr. c. $6.

Lib. 11. 6. 1.

Vers le même temps, faint Augustin écrivit quatre livres de l'ame & de fon origine, contre Victor furnonimé Vincent, jeune homme de la Mauritanie Cefarienne, qui ayant trouvé chez un prêtre Espagnol nommé Pierre un ouvrage de S. Augustin, fut choqué de ce qu'il difoit: Je ne fçai fi toutes les ames viennent de celle du premier homme, ou fi elles font données à chacun en particulier: mais je fçai bien que l'ame eft un efprit & non un corps. Victor fut choqué & du doute de faint Auguftin & de ce qu'il affuroit; & écrivit contre lui deux livres adreffez au prêtre Pierre, où il foutenoit fans y penfer quelques dogmes des Pelagiens, & d'autres encore pires. Toutefois le prêtre Pierre ayant oüi la lecture des livres de Victor, fe leva transporté de joye, lui baifa la tête & le remercia de lui avoir apris ce qu'il ignoroit.

René moine laïque ; mais d'une foi trés-pure, qui étoit à Cefarée de Mauritanie, fit copier exactement ces deux livres de Victor, & les envoya à Hippone à S. Auguftin: qui les ayant lus, écrivit un livre, où il répond à tous les paffages de l'écriture, que Victor employoit, pour montrer que Dieu créoit les ames pour chacun en particulier, & montre que ces paffages ne le prouvent point clairement. Ce n'eft pas que S. Auguftin rejettât cette opinion de la création des ames, qui étoit celle de S. Jerôme : il rejettoit feuleAug. ep. 166. n. 8. ment les mauvaifes preuves que Victor en apportoit; Sup. xx111. n. 17. & pour le fonds, il étoit encore en doute, quoiqu'il inclinât à cette opinion, pour laquelle l'église s'est déclarée depuis.

Comme René avoit craint de choquer S. Auguftin en lui envoyant un ouvrage où il étoit maltraité, S,

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