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AN. 421. monaftere au-deffous; mais Euthymius demeuroit dans la caverne. Entre les inftructions qu'il leur donnoit, il leur recommandoit le travail des mains, dip.18. fant: Il est ridicule, que les féculiers travaillent péniblement pour nourrir leurs femmes & leurs enfans, offrir à Dieu les prémices, faire l'aumône selon leur pouvoir, & payer des tributs; & que nous profitions du travail d'autrui, fans tirer du nôtre, au moins nôtre fubfiftance.

XXIX. Guerre de Perfe. Socr. VI. c. 18.

Chr. Pafch. p. 3T3

C.

Chr. Marc. Cod.

An.

Socr. VII. 20.
Chr. Marcet.

pas

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Les Chrétiens de Perfe fe voyant perfécutez eurent recours aux Romains, les priant de ne les laiffer détruire: Atticus les reçut favorablement, & en inftruifit l'empereur Theodofe, qui d'ailleurs étoit mal content des Perfes. Leur roi ayant donc envoyé redemander les fugitifs, les Romains dirent qu'ils ne les rendroient point: qu'ils étoient réfolus à tout faire pour la religion, & qu'ils aimoient mieux avoir la guerre contre les Perfes, que de laiffer perir les Chrétiens. Ainfi la guerre fut déclarée : les Romains y eurent l'avantage, & remporterent fur les Perfes une grande victoires, dont la nouvelle fut apportée à CP. le mardi huitiéme des ides de Septembre, fous le consulat d'Euftathe & d'Agricola, c'eft-à-dire le fixiéme de Septembre 421. Enfin les Perfes aprés plusieurs pertes, furent contraints d'accepter la paix qu'ils avoient refufée, & qui fut condue fous le treiziéme confulat d'Honorius & le dixième de Theodofe, c'eftà-dire en 412.

on Acace évêque d'Amide fur les frontieres de Perfe, fit une action memorable, à l'occafion de cette guerre. Les Romains avoient pris environ fept mille prifonniers, qu'ils ne vouloient point rendre, & qui périfoient de famine. Le roi de Perfe en étoit fort

irrité.

irrité. Alors Acace affembla fon clergé, & dit: Nô- A N. 421. tre Dieu n'a besoin ni de plat ni de coupes, puis qu'il ne boit ni ne mange: puis donc que nôtre églife a quantité de vases d'or & d'argent par la liberalité de fon peuple, il faut s'en fervir pour délivrer & nourrir ces foldats captifs. Il fit en effet fondre les vases, paya aux foldats Romains la rançon des Perfes, leur donna des vivres & de quoy faire leur voyage, & les renvoya ainfi à leur roy: qui admira cette action, & confeffa que les Romains fçavoient vaincre par la generofité comme par les armes. Il defira de voir l'évêque Acace, & l'empereur Theodofele permit.

XXX. Education de

Theodofe le jeune.

Socr. VI. I. c. 18.

On raconte plufieurs miracles arrivez à l'occasion de cette guerre; & on en attribue l'heureux fuccés aux vertus de Theodofe. Pulcherie fa foeur ainée Theod. v. hist. 6. avoit pris un trés-grand foin de fon éducation, quoy Sozom. ix. 6. 1, qu'elle n'eût que deux ans plus que lui. Elle n'en avoit pas encore quinze quand elle voüa à Dieu fa virginité, & persuada à ses deux fœurs d'en faire de même, pour.ne point donner entrée dans le palais à quelque homme étranger, qui cût pû être occasion de jaloufie & de révolte. Pour témoignage public de fon væu, elle offrit dans l'églife de CP. une table d'autel d'or, ornée de pierreries d'un ouvrage merveilleux, avec une infcription au devant, qui marquoit le fujet de cette offrande. En 415. comme elle Chr. Marcel, an. étoit âgée de feize ans, l'empereur fon frere l'affocia à l'empire, & la déclara Augufte, ce qui étoit fans, exemple. Elle gouvernoit l'empire d'Orient avec une grande fageffe, prenant bon confeil, & donnant ellemême les ordres, pour faire executer promptement les réfolutions. Car elle parloit & écrivoit parfaiteTome V..

CCcc

Socr. VII. C. 221

ment bien en latin & en grec. Mais elle raportoit l'honneur de tout à fon frere; & elle le faifoit inftruire d'une maniere convenable à fon rang. Il aprit des meilleurs maîtres les exercices de cheval, des armes, & les autres semblables. Elle-même lui aprenoit à paroître en public avec gravité & dignité: à regler fa démarche & fa contenance: à interroger à propos, à paroître doux ou terrible felon l'occafion.

Elle n'avoit pas moins de foin de lui infpirer la pieté, l'accoûtumant à prier fouvent, à frequenter les églifes, & les orner de dons précieux: à honorer les évêques, les vrais moines, & les autres perfonnes verTheod. v. c. 37. tueufes; & à fe donner de garde des nouveautez dans les dogmes de la religion. Il acheva de ruiner les temples des idoles, & d'abolir l'idolâtrie. Le palais étoit reglé comme un monaftere. Le jeune empereur fe levoit de grand matin pour chanter avec fes fœurs à deux chœurs les louanges de Dieu. Il fçavoit par cour l'écriture fainte, & en parloit pertinemment avec les évêques. Il y avoit une bibliotheque des livres facrez & de tous leurs interpretes. Il jeûnoit fouvent, principalement les mercredis & les vendredis: fouffroit patiemment le chaud & le froid; & ne tenoit rien de la molleffè d'un Prince né dans la pourpre : on loue entre autres fa patience & fa douceur. Il accorda à Alepiade evêque de Cherfonefe la grace de plufieurs criminels qui étoient en prifon pour avoir appris aux barbares l'art de faire des vaiffeaux. Si quelque criminel étoit condamné à mort, il lui donnoit fa grace avant qu'il fortît les portes de la ville: car les executions fe faifoient dehors. Et comme on lui demandoit la raison de cette clemence, il répondit: Ik eft bien aifé de faire mourir un homme, mais il n'ya.

L. ult. C. Th. de poen.

L. ult. de fpect.

que Dieu qui puiffe le reffufciter. 'Il fit une loy pour &
défendre même aux Juifs & aux payens les fpecta-
cles du theatre & du cirque par toutes les villes le
dimanche, le jour de Noël & de l'Epiphanie; le
jour de Pâque, pendant la Quinquagefime, c'est-à-
dire jufques à la Pentecôte; & aux fêtes des apô-
tres: quand même ces jours fe rencontreroient avec
ceux que l'on celebroit en fon honneur, comme
sa naissance. Cette loy eft du premier de Février

425.

59. 60. 61.

Th. de baret.

L. 52. 26. 27.

Il renouvella les loix de fes prédeceffeurs contre les z. heretiques, y comprenant nommément les Nova. C. tiens, & cela par trois loix, toutes trois de l'an 423. La même année il en fit trois en faveur des Juifs, pour c.Th. de Jud. réprimer le zéle indifcret des Chrétiens. Il défendit de leur ôter leurs fynagogues, ou les dépouiller de leurs ornemens mais il leur défendit aufli d'en bâtir des nouvelles : & confirma là défense de circoncire des Chrétiens, ou de les avoir pour efclaves. Il défendit ult. C. Th. aux Chrétiens d'abufer de l'autorité de la religion, pour exercer aucune violence contre les payens, non plus que contre les Juifs, tant qu'ils demeuroient en z. 24. C. Th. de répos: ni de leur rien ôter, fous peine de reftitution *^* quadruple. Au refte il confirma les conftitutions contre les payens: réduisant seulement au banissement avec confiscation de biens, la peine de mort, établie contre ceux qui facrifioient aux idoles. Ces trois loix font de la même année 423.

Ne Chift. mant.

C'est à ce zéle pour la religion & aux autres vertus de Theodofe le jeune, que les hiftoriens du temps, Socrate, Sozomene & Theodoret attribuënt fes profperitez & fes victoires. Toutefois ils femblent s'être Theodorus. v. hift. peu laifez entraîner à l'inclination fi ordinaire de c. 37. CCcc ij

un

• 36.

Chron. Pafch. an.
Socr. VII. c. 21.

4.20.c.

Marc. Chr.

louer le prince regnant, & de diffimuler fes défauts. Car la fuite nous fera voir que Theodofe étoit foible, gouverné & facile à prévenir. Theodoret lui-mêmeen rapporte un fait, qui montre un vain fcrupule plûtoft qu'une religion folide. Un moine trop hardi lui demanda quelque grace; & ayant été plufieurs fois refufé, il excommunia l'empereur, & fe retira, L'empereur étant retourné au palais, quand l'heure du repas fut venue & la compagnie affemblée, dit qu'il ne mangeroit point, qu'il ne fût abfous de cette excommunication; & envoya à l'évêque, le prier d'ordonner à ce moine de l'abfoudre. L'évêque lui manda, qu'il ne falloit pas s'arrêter à l'excommunication du premier venu, & qu'il le déclaroit abfous de celle-ci: mais l'empereur ne fut point content, jufques à ce que l'on eût cherché le moine avec bien de la peine, & qu'il ne l'eût rétabli dans fa communion.

.

Theodofe avoit vingt ans, quand il époufa Athe naïs, fille d'un philofophe Athenien nommé Leonce ou Heraclite; il la choifit par le confeil de fa fœur Pulcherie à caufe de fa beauté & de fon fçavoir: car fon l'avoit très-bien élevée; mais il l'avoit defpere heritée, & elle étoit venue à CP. pour faire caffer le teftament & fe plaindre de fes deux freres, qui le foû tenoient. Elle étoit payenne; mais avant que l'empereur l'époufat, elle fut baptifée par l'évêque Atticus, qui lui changea fon nom prophane en celui d'Euxodia: car Athenaïs venoit d'athena, qui en grec fignifie Minerve. L'empereur Theodofe l'époufa au mois Defius le feptiéme des ides de Juin, fous le confulat d'Euftathe & d'Agricola, c'eft-à-dire le feptiéme de Juin 421. Il la fit déclarer Augufte deux ans aprés le fecond de Janvier 423. Loin d'avoir du

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