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Bons effets des gemiffemens & des fouffrances. Soin que Dieu prend des Elûs.

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Ous les fentimens qu'a V. A.R. MADAME, fur le fujet fur lequel elleme fait l'honneur de m'écrire, font fi chrétiens, fi raifonnables & fi juftes, qu'on ne fauroit n'y pas entrer; cependant Elle ne doit pas fe furprendre de rien, car elle connoift parfaitement ce que les hommes font capables de faire & de dire; il faut les plaindre, & demander à Dieu qu'il conferve, & qu'il maintienne ce que les gens effaïent de détruire avec tant de foin & d'application. On auroit

peine à croire les chofes comme elles font fi on ne favoit que voftre Altefle Royale ne dit rien, qu'aprés en eftre parfaitement informée. Il y a des temps aufquels ceux qui font à Dieu, le fervent & fe fauvent, non par leurs actions, mais par leurs gemiffemens & par leurs fouffrances ; & en verité, il y a beaucoup plus de merite à fouffrir les maux qu'on ne peut empêcher, qu'à faire ce que l'on croit & ce qui paroift de grandes œuvres. Le principal eft que Dieu fait fort bien diftinguer les Elûs, de ceux qui ne le font pas, & les préferver de tout ce qui feroit capable de les retirer de fon ordre & de fa main. V. A. R. n'a qu'à fe fervir des connoiffances que Dieu lui a données; elles font tres pures & tres faintes, & elle eft bien-heureuse d'eftre incapable, comme Elle eft, de goûter celles qui leur font contraires. On

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ne fauroit comprendre, qu'on fait .peu de cas d'un defordre, tel qu'eft celui qu'on laiffe fans châtiment nonobftant le scandale qu'il peut donner dans un lieu qui a un fi grand befoin de bons exemples, c'eft à dire, que l'on juge des chofes, non parce qu'elles fonten effet, mais par les interefts & les paffions. Je n'ai garde d'oublier ce que V.A.R. m'a commandé, & je la fupplie tres humblement de croire qu'on eft à elle avec un ref pect, un attachement & une fidelité inviolable.

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Il l'affure qu'il aura foin de recomman der à Dieu, le jour de fa naiffance. Caracteres de la fainte Enfance. En quoi confifte la Religion.

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E que V. A R. m'a fait l'honneur de me mander par la derniere Lettre, me raffure tout-àfait, & je vois bien que les choses fe difpofent à une entiere guerifon, il en faut loüer Dieu, & nous ne manquerons pas d'emploïer, pour cela de nouvelles inftances & de nouvelles prieres. Nous aurons foin, MADAME, de recommander particulierement à Dieu voftre A. R. le jour qu'Elle nous marque: c'est un bonheur que Dieu lui ait donné la naiffance dans le tems où toute l'Eglife eft occupée de

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celle de JESUS-CHRIST; mais cette conjoncture ne lui ferviroit de rien, toute avantageuse qu'elle eft, fi Elle ne fe mettoit en estat d'en recevoir les graces qui y font attachées.

Il faut que vous demandiez á Dieu cette fainte Enfance qui rend ceux aufquels il la communique, incapables de penfer le mal, de le dire, ou de le faire. Il faut que vous lui demandiez cette innocence & cette fimplicité qui eft le caractere de ceux qui lui appartiennent, qui font à lui, & qui les diftingue de ceux qui n'y font pas. Le monde ne peut s'accommoder de ces difpofitions, parce qu'elles condamnent fon orgueil & fa vanité; mais pour vous, MADAME, à qui Dieu a donné les vûës, les fentimens & les connoiffances veritables, il faut que vous en fasfiez le cas que vous en devez faire & il fuffit pour que vous

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