duifent rien,que le repentir de nous У eftre engagez. Il faut que ceux qui font leur principal d'eftre à Dieu, & de lui plaire, le confultent en tout, & ne se trouvent en rien, s'il eft poffible, qui ne foit entierement conforme à ses volon tez: Comme elles doivent eftre les regles conftantes de noftre conduite, il faut effaïer de les connoiftre, & de ne s'y pas tromper.

Pour ce qui eft de la rencontre du temps où nous fommes prefts d'entrer, ma pensée est, Madame, que vous devez paffer le Carême avec toute l'exactitude que voftre fanté vous pourra permettre, fans vous flatter, garder tous les jeûnes, & faire le foir une collation fi fimple & fi frugale, que vous donniez à la coûtume ce que vous ne pourriez lui refuser. Cependant ne faites rien qui puiffe alterer vostre santé, car ma crainte eft, & ce doit eftre la voftre, que fi vous entreprenez

quelque chofe de trop fort, vous ne vous mettiez en état de faire le moins, & qu'à la premiere incommodité qui vous arriveroit, toute voftre famille ne vous tombaft fur les bras, pour vous obliger å des temperamens, qui feroient également contre les mefures que vous auriez prises, & contre vostre devoir. Il y a une mortification à pratiquer, qui ne laiffe pas d'avoir laisse fes peines, & par confequent fon merite; c'eft de ne manger que des chofes communes, & de s'abftenir de celles, qui vont plus au gouft & au plaifir, qu'à la neceffité. Quand vous vous prefcrirez en cela des loix, & que vous y joindrez la pieté interieure, les converfations édifiantes, les affiftances aux Predications & aux Offices de l'Eglife; je fuis perfuadé que Dieu fera content de vostre conduite, & qu'il n'en exigera pas davantage d'une perfonne, qui fe trouve dans les

engagemens où vous eftes. Le principal eft, que vous veilliez fur vousmefme & fur vos humeurs, & que vous travailliez avec application à moderer ce qui s'y peut rencontrer de trop humain, de trop naturel & de trop vif; c'eft le veritable facrifice que Dieu demande de ceux qui le fervent, & duquel on peut s'acquitter dans tous les temps. Je vous dis cela, Madame, parce que j'ai toûjours remarqué, que l'abftinence des fens coûte beaucoup moins que celle de l'efprit. Voilà, Me, tout ce que je puis vous dire, le commerce des lettres, eftant auffi incertain qu'il eft, fait qu'on retient beaucoup de chofes que l'on ne doit pas commettre au hazard. Nous ne manquerons point de recom mander à Dieu toutes vos intentions; je vous supplie d'en eftre affurée, auffi bien que de la fincerité & du refpect avec lequel je fuis, &c.

Il lui dit les raifons qui l'empefchent d'aller à Paris, pour les affaires de l'étroite Obfervance.

L n'y a perfonne, Monfeigneur, aux ordres & aux fentimens de qui je rende jamais une obeïffance plus prompte & plus ponctuelle qu'aux voftres; mais permettezmoi de vous dire, que quoique Dieu m'ait donné jufques ici affez de force pour ne manquer à aucune des regularitez aufquelles je fuis obligé, je ne laiffe point d'eftre incommodé d'une chaleur qui ne me quitte point, & qui dans les moindres mouvemens extraordinaires devient une fiévre toute formée. Outre cela il y a un de nos Freres, qui depuis deux mois

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eft aux portes de la mort bien que Dieu lui ait donné toutes les difpofitions que je lui pouvois fou haiter dans cet état, l'inftant de la mort est affurément celui des plus grandes tentations, & je vous avoue que pour le quitter dans cette extremité là, il faudroit me faire une violence,que j'aurois peine à fupporter; Dieu qui me l'a confié & qui l'a mis dans nos mains, veut, ce me femble, que je le remette dans les fiennes, & à moins que d'en recevoir les derniers foupirs, & de lui fermer les yeux, je ne croirois pas pouvoir rendre à Dieu le compte qu'il m'en demandera.Je fai que je dois tout à noftre Obfervance, que rien ne m'importe davantage, que l'affaire qui fe traite prefentement; mais je n'en fuis qu'une partie & la moins confiderable, & Dieu m'a chargé en chef, de la conduite de cette Maifon, & l'obligation que j'ai de