de nouvelles refolutions, de me cacher pour jamais dans cette folitude, & d'y attendre le moment de l'éternité, comme les morts dans le fepulcre celui de leur refurrection. Si je fuis fidele dans cette refolution, vous vous en appercevrez, Monfeigneur, car je vous protefte, qu'une de mes plus ordinaires occupations devant Dieu fera celle de le prier pour vous, & de lui demander, qu'il vous faffe mifericorde, au milieu de toute cette grandeur qui vous environne.

Que ce qui fe paffe dans le monde doit porter un Chrétien à s'en feparer pour jamais. Que pour mourir dans Pamour des chofes éternelles, il faut avoir vécu dans le mépris & la baine de celles du temps.

J

E puis vous protester, Monseigneur, que je fuis fi vivement touché de vos embarras & de vos peines, qu'il n'y a point de paroles qui foient capables de vous l'exprimer, mais tout ce que nous pouvons, eft de recommander vos affaires & voftre perfonne à Noftre-Seigneur, & c'eft ce que je vous fupplie de croire que nous faifons jour & nuit, & que nous confiderons comme le principal de nos devoirs,

Vous avez grande raison, Mon

feigneur, de me dire, que fi je voïois le monde de prés, sa vûë me fortifieroit dans l'affection & l'amour de la retraite. Par la grace de Dieu, je ne fai gueres ce qui s'y paffe; mais dans la verité, je n'en apprens rien, qui ne me fafse trouver de nouveaux goufts, & de nouveaux avantages dans ma condition, & former tout ensemble de nouvelles refolutions de vivre éloigné des hommes & plus caché que jamais; & je ne faurois me laffer d'admirer qu'avec toutes les raifons qu'on a de le quitter, on s'y plaife, on l'aime, ou au moins on s'y attache comme fi on l'aimoit; & que parmi toutes les amertumes & les épines dont il eft plein, on voïe fi peu de veritables retraites.

Il nous eft mort depuis quelques jours un de nos Freres, avec des circonftances fi heureuses, & des marques fi fenfibles de la mifericorde que Dieu lui a faite, qu'il

nous a remplis de confolation ; & je vous avoie, que nous avons bien connu par fon exemple, qu'une vie retirée eft le veritable chemin d'une mort paisible; & que pour mourir dans l'amour & dans la joïe des chofes éternelles, il faut avoir vécu dans le mépris & dans la hainę de celles du temps.

Je vous ai des obligations infinies des bontez avec lefquelles yous nous faites l'honneur de vous fouvenir & de parler de nous. Le reffentiment que j'en ai, Monfeigneur, ne fauroit eftre plus grand qu'il eft; je vous conjure de n'en point douter, non plus que du refpect, & de la fidelité avec laquelle je fuis, &c.

ÖSIO OSIO 690 + 06:50 HIT DIGIT

XXIX. LETTRE

A un Ecclefiaftique.

Que les perfonnes qui s'engagent an Service de JESUS-CHRIST ne doivent point fe rebuter des obftacles qu'ils trouvent en leur chemin, ni abandonner leur deffein fous pretexte d'une plus grande perfection.

Je n'ai point encore répondu à la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, & je m'étois contenté de prendre part devant Dieu à la fidelité que vous avez euë pour executer le deffein, & pour embraffer le genre de retraite qu'il vous avoit inspiré; car je ne doute point, Monfieur, que vous n'aïez fait fa volonté, & que