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ment condamner, que vous effaïez de pratiquer ce que vous trouvez établi dans vostre Regle, jufques à ce que vous aïez des marques certaines de vostre impuiffance, & au cas que vous ne puffiez pas garder l'abîtinence, qui eft un des principaux points, aprés vous eftre mise en estat de l'observer la mefme Regle, qui eft pleine de difcretion & de charité, vous en dispense en qualité d'infirme, fans qu'il foit befoin, pour cela, de recourir aux exemptions de la commune Obfervance; mais vous ne laifferiez pas de fuivre la Regle dans le refte de fa difcipline, & dans les autres regularitez, comme dans les veilles, dans les couches dures, dans le travail des mains & dans le filence. Les hommes regardent fouvent des pratiques communes comme des excés, & veulent qu'on ne puiffe faire fans miracle, ce qui ne demande,dans la

verité, que des difpofitions fort ordinaires. La plus grande partie de ceux qui fe mêlent de donner des avis, les cherchent, & les prenment beaucoup plus dans les inclinations de la nature, que dans la lumiere de la grace & dans les mouvemens du faint-Efprit; & fi leur foi eftoit plus vive, & qu'ils fuffent autant perfuadez, qu'ils le doivent eftre, que la Providence regle & gouverne les moindres circonftances de nos vies, ils ne douteroient pas qu'elle ne s'étendît fur les plus importantes, & ne confidereroient point comme des roles échapées, & dites en l'air, ce que les Saints nous ont enfeigné par plenitude de fageffe, lors qu'ils nous ont affuré,que nous recevrions de la protection & de la toutepuiffance de Dieu, ce que nous ne pouvons attendre de la foibleffe & de l'impuiffance de la nature. Enfin, ma tres-Reverende Mere,

pa

je ne pretens rien en cela, finon que vous faffiez les premiers efforts, & que l'experience vous aïant fait connoiftre ce que vous ne pouvez, vous ufiez de l'indulgence que la Regle ne refuse point aux perfon nes foibles. Il fe peut mefme faire, que Dieu, qui verra la bonté de vostre cœur, la grandeur de voftre zele, & la pureté de vos intentions vous donnera ce qui paroift aux yeux des hommes, fi peu proportionné à vostre conftitution naturelle. Il n'y a rien de plus vrai, ma tres-Reverende Mere, & vous le dites tres-bien, les. Moines dereglez font incapables de donner un bon avis. On ne les

confulte point qu'avec beaucoup de danger, car un homme relâché n'a garde de propofer aux autres, ce qu'il ne fait pas lui-mefme, & de confeiller au deffus de fes

œuvres.

Aprés tout

c'est un grand

:

malheur d'eftre dans une Obfervance relâchée; on n'y voit rien qui ne s'oppofe au bon ordre, & qui n'infpire la licence & le dereglement: La confolation de ceux qui s'y trouvent, qui font engagez dans la conduite, & à qui Dieu donne des connoiffances & des intentions plus pures qu'à cette multitude de Moines, qui vivent fans fentiment & fans lumiere, eft qu'il ne demande que leurs foins, & qu'il ne leur imputera pas les mau vais fuccés, fi la dispensation a esté fidelle.

Au refte, ma tres - Reverende Mere, je prens toute la part poffible à la vifite que Dieu vous a renduë; il a voulu fans doute vous mettre dans la neceffité de faire ce que peut-eftre vous euffiez eu de la peine de gagner fur vos propres inclinations, & vous reduire à cette fimplicité, qui eft goûtée de fi peu de perfonnes.

Nous ne manquerons pas de le prier inftamment, qu'en vous appauvriffant des biens periffables, il vous rempliffe de fes veritables richeffes, qui ne font point fujettes aux viciffitudes des temps, ni aux accidens de la fortune. Ce font celles - là qui doivent nous occuper uniquement & dans tous les momens de noftre vie; les autres ne font pas dignes d'en avoir un feul inftant. Faites-moi l'honneur de croire, que l'on ne peut eftre avec plus de refpect & de verité, que je fuis en Nostre Seigneur JESUS-CHRIST, Ma tres-Reverende Mere, &c. J'oubliois à vous dire, que de donner la paix avant la Communion, c'eft un ancien ufage de noftre Ordre, & qui eft expreffément prefcrit par les Uz de Citeaux, quoiqu'il ait efté interrompu. Nous l'avons repris dans noftre Monaftere, comme diverses autres pratiques

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