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puifque vous l'avez appris par une longue experience. Les fentimens que vous avez de vous-mefme, & que vous ne craignez point de découvrir, font une des plus évidentes marques que vous puiffiez avoir, de la protection de Dieu fur vous. Il feroit peu utile, dans la verité, de connoiftre fes maux, fi on ne travailloit à y apporter des remedes; mais il est bien difficile d'en avoir une connoiffance auff vive, que celle qu'il paroift que vous avez, & d'en eftre touchée au point que vous l'eftes, & d'en negliger la guerifon. Je fuis affeuré que vous n'eftes pas contente des diligences que vous faites pour cela, mais cela ne dit point, que Dieu ne le puiffe eftre; c'eft une conduite qui lui eft fort ordinaire, de nous cacher, par fa mifericorde, ce que fa grace opere en nous de plus effectif pour noftre fantification. Nous faifons, Madame, ce que

vous defirez de nous, avec toute la ferveur qui nous eft poffible, je m'y fens obligé par tant de confiderations, qu'il n'y a rien à quoi je fois moins capable de manquer. Je prie Noftre-Seigneur JESUSCHRIST, qu'il augmente vostre foi de plus en plus, & la volonté que vous avez de lui plaire. Je fuis en lui avec toute la reconnoi fance & le respect poffible, &c.

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Qu'à l'exemple des Apoftres, il doit
fe rejouir des perfecutions qu'on lui
Sufcites que c'est le caractere auquel
Dien marque fes œuvres.

D

Ans le moment, Monfeigneur, que je vous fouhaite une heureuse année, ma pensée est que vous n'en pouvez avoir qui ne le foit pas, puifqu'eftant auffi foumis que je fuis affeuré que vous l'eftes, aux volonteż de Dieu, vous recevrez de fa main & d'une maniere égale tous les évenemens; & qu'en faisant l'usage qu'il veut que vous en faffiez, vous trouverez les moïens de vous fantifier dans les maux qu'il vous enverra, comme dans les biens.

1

J

J'apprens prefentement, qu'on vient de vous fufciter la tempefte du monde la plus violente & la plus injufte, & je vous avoüerai, Monfeigneur, que cette nouvelle a fait fur moi des impreffions fort mêlées, & fort differentes; car d'un colté toutes vos peines me font fenfibles au-delà de ce que je puis vous l'exprimer, & de l'autre il eft malaifé que l'on n'ait de la confolation de voir dans la conduite Dieu tient fur vous, que des témoignages palpables, & qui ne laiffent aucun lieu de douter qu'il n'approuve ce que vous faites pour fa gloire & pour la fantification de voftre peuple. Vous favez mieux que moi, que le caractere auquel il marque les œuvres qui font de lui, eft l'oppofition des hommes, & vous eftes precifement dans le cas auquel il nous a dit par la bouche de fon Fils, que ceux qui fouffrent perfecution,font heu

reux, puifque c'eft pour la gloire de fon Nom,& pour l'établissement & la confervation de fa verité, que voftre autorité & voftre perfonne eft attaquée. Le moïen, Monfeigneur, que l'on puiffe, fans d'extrêmes contradictions, établir les maximes veritables dans un païs, qui les ignore depuis fi long-temps, & defabufer des gens prevenus des mauvaises opinions que de méchans Directeurs leur ont données, accoûtumez à vivre dans le libertinage & dans l'erreur? L'enfer ne quitte pas fi aifément une proie qu'il tient comme affurée; pretendre detruire fon royaume, & vaincre le fort armé de l'Ecriture fans combat, c'est se tromper. Vous javez dû confiderer voftre Diocese comme une terre abandonnée 5 Dieu vous a choifi pour la cultiver pour travailler avec toute l'application & le foin d'un ouvrier labo <rieux & vigilant, & pour la rendre

fertile

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