fertile. Vous y avez esté envoié, tanquam ovis in medio luporum. Vous peut-il arriver quelque chofe qui vous furprenne, & à quoi vous n'aïez dû vous attendre ? Les hommes s'élevent contre vous, à ce que l'on me mande; on vous contredit avec infolence; on fait toutes fortes d'efforts pour ruïner ce que vous édifiez Ceux qui devroient fe joindre à vous & entrer dans tous vos deffeins, font ceux-là mesme, en qui vous rencontrez plus de refiftance: C'eft ainfi que les Apoftres, dont vous eftes le fucceffeur, ont efté traitez ; ils n'ont trouvé dans leur chemin, que des perfecutions, aufquelles tout ce qui vous arrivera de plus facheux, n'aura rien de comparable; vous aspirez à leur couronne, il eft juste que vous effuïez une partie de leurs travaux. Penfez, Monfeigneur permettez - moi de vous le dire, que la premiere & la plus imporTome I L

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tante difpofition que Dieu demande de ceux qui tiennent dans fon Eglife le rang qu'il vous y a donné, eft la fermeté ; c'est ce qui a paru avec plus d'éminence en tous ceux qu'il a pris pour estre les Predicateurs de fon Evangile & lesTémoins de la Foi. Il a choifi des hommes qu'il a rendus intrepides au milieu des dangers; leur conftance est demeurée victorieufe de l'opiniâtreté de leurs perfecuteurs; & il se peut dire, que ç'a efté fur elle, comme fur un fondement inébranlable, qu'il a établi le falut du monde. Au nom de Dieu, ne donnez nulle entrée dans voftre cœur à aucun de ces fentimens qui fe prefentent d'ordinaire aux perfonnes qui ont les intentions les plus droites, lors qu'elles rencontrent des injustices fignalées, & ne fouffrez-point que le demon ruïne,par un double artifice, le deffein de Dieu, & empêche le fruit, que vostre fidelité &

voftre perfeverance produira dans fon temps, en infpirant de l'audace à vos ennemis, qui font les fiens, & à vous, du dégouft pour un Ministere auquel vous vous figurerez aisément qu'il ne donne aucune benediction. Plus les oppofitions feront grandes & generales, plus vostre peuple eft expofé; plus fes neceffitez font preffantes, & moins il vous feroit pardonnable de manquer à aucune des affiftances que vous eftes obligé de lui rendre, pour le garentir des maux dont vous voïez qu'il eft menacé,

C'eft dans la tentation, Mon. feigneur, que Dieu éprouve la fidelité de ceux qui le fervent; & jamais le zele qu'ils ont pour fon fervice ne doit eftre plus animé, que lorfque les hommes fe portent avec plus de chaleur à la diffipation de fa Loi. Enfin, il faut que la vigueur d'un veritable Pafteur prenne comme de nouvelles forces

dans la malignité de ceux qui s'op pofent à l'avantage & à la fureté de fon Troupeau; que leur confpiration augmente fa vigilance & fon courage, & que toutes les fois que fa patience fe trouve ébranlée, & qu'il eft tenté de ceder à leur violence, il fe remette devant les yeux, que Dieu lui demandera un rigoureux compte, & recherchera dans fes mains le fang de la moindre des ouailles dont il lui aura confié la conduite : Il n'y aura que les vainqueurs qui feront couronnez; mais ce qui nous doit confoler, eft, que pour vaincre, ik fuffit de ne confentir & de ne ceder jamais à l'injuftice.

Le Miniftre de JESUS-CHRIST, qui demeure ferme dans la défenfe de la verité, comme l'a dit autrefois un grand Evefque & Martyr. tout ensemble, eft invincible peut le priver de la vie, mais jamais de la victoire: Occidi poteft, vinci non poteft.

on

J'efpere que vous trouverez dans la bonté de Dieu, les forces qui vous font neceffaires ; que la confiance que vous y avez, vous en obtiendra une protection puifante,. qui couvrira vos ennemis de honte & de confufion, qui les amenera à vos pieds, comme il le promet dans fes Ecritures à ceux qui auront gardé la patience fi recommandée par fa parole; & que malgré l'envie, vous acheverez la carriere dans laquelle vous eftes engagé par fon ordre, avec tant de fidelité, que vous pourrez dire à la fin de la courfe comme le faint Apoftre, curfum confummavi, fidem fervavi.

La grace de croire en JESUSCHRIST eft commune, mais celle de fouffrir faitement & pour l'amour de lui, eft tres-rare, & n'eft donnée qu'à peu de personnes. Je le prie de tout mon cœur, que vous foïez de ce petit nombre; C'eft,