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vidence, & qui regardent les chofes avec des veuës chrétiennes, & comme venant de fa main, bien qu'elles paffent par celles des hommes. Quoique l'eftat auquel vous vous trouvez,Monfeigneur,paroiffe peu propre pour conferver les fentimens & les volontez, que vous recevez depuis quelque temps de la mifericorde de Dieu; cependant il n'y eft pas fi contraire que l'on croiroit, & il est mal-aisé que vous penfiez fouvent, qu'il n'y a point de qualité, que Dieu s'attribuë davantage que celle de Seigneur & de Dieu des Armées ; que dans la verité il en regle tous les mouvemens, que les batailles ne fe donnent & ne se gagnent que par fon ordre, & que vous ne trouviez de perpetuels fujets de vous occuper de lui, de vous y élever, & mefme de vous y unir parmi toutes les occafions, qu'un homme moins Chrêtien que vous, auroit de s'en

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éloigner & de s'en diftraire: Rien, Monseigneur, comme vous le favez ne vous fauroit eftre plus utile pour vous donner des dif pofitions fi neceffaires, & pour vous y maintenir, que de vous mettre,autant que vous le pourrez, devant les yeux le compte exact que vous rendrez quelque jour à Dieu, de la charge qui vous a esté impofée, & des moïens que vous aurez pris pour vous acquitter avec tout le merite & la dignité que vous devez, d'une fonction auffi grande & auffi difficile, & de croire qu'entre tous ces moïens il n'y en a point de plus efficace que de le regarder en toutes chofes, de n'entreprendre jamais rien fans l'avoir confulté, & d'attendre beaucoup plus de fon fecours, que que de toutes les forces & les puiffances humaines. Pour nous Monfeigneur, nous ne cefferons point d'élever nos mains & nos cœurs

au Ciel pour lui recommander tout ce qui vous touche. Il y a longtemps que c'est-là la principale de nos obligations, de laquelle nous nous acquitterons prefentement avec d'autant plus de foin & d'application, que nous favons, que vos befoins font plus grands & voftre perfonne plus expofée. Faites-moi l'honneur de croire,que je fuis avec toute forte de refpect & de fidélité, &c.

III. LETTRE

A une Dame de qualité.

Il lui parle des avantages de la

Retraite.

Qu'il faut pour entreprendre un bien, qu'il foit evident que Dieu le demande de nous.

De la maniere de passer faintement le Carême.

V

Ous avez, Madame, de grandes obligations à Nôtre Seigneur, de ce qu'il vous donne de l'amour pour la Retraite, & qu'au lieu qu'elle accable les perfonnes qui font du monde, vous y trouvez toute la douceur & tout l'attrait que vous me mandez. Vous ne fauriez trop le prier, qu'il vous conferve des difpofitions fi chrétiennes, & fi contraires à l'air du

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païs dans lequel vous vivez. La reconnoiffance que vous en avez, eft une marque du cas que vous en faites, & il n'y a rien par où nous puiffions engager Dieu davantage à ne nous point retirer les graces dont il a commencé de nous favorifer, que par le foin que nous avons d'en faire un bon usage; c'est à quoi je ne doute point que vous ne penfiez, & que vous ne mettiez vostre principale étude.

Je vous dirai touchant l'affaire dont vous vous eftes mêlée depuis peu, que vous devez tenir une maxime generale, qui eft de n'entrer en aucune, qu'il ne vous foit évident que Dieu vous vous y appelle; car il arrive fouvent que nous nous laiffons aller à de certaines lueurs des biens qui fe prefentent, & que fuivant nos inclinations & non pas l'ordre de Dieu, les chofes n'ont ni l'effet ni le fuccés, que nous avions eu en vûë, & ne nous pro

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