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lent des difgraces, n'en font point en effet, il faudroit n'avoir que leurs principes & leurs connoiffances ou plûtost estre auffi - bien qu'eux, fans maximes & fans difcernement, pour en juger en la maniere qu'ils en jugent: car dans la verité, ce ne font point des coups de malheur; mais des deffeins & des conduites de la mifericorde de Dieu, qui fe fert d'evenemens imprévâs, pour tirer ceux qu'il couvre d'une protection particuliere, du milieu de la Cour, comme du milieu du naufrage. Je ne doute point, Monfeigneur, que ce ne foient-là vos pensées & vos fentimens dans la conjoncture presente; & j'ofe vous dire, que vous ne repondriez pas aux graces que Dieu vous a faites, fi vous ne reconnoiffiez fa main au travers de tout ce qui pourroit vous la cacher, fi vous en aviez receu moins de lumieres. Nous lui demanderons de toute

l'étendue de nos cœurs. qu'en mefme - temps qu'il vous parle, il vous donne l'intelligence de fa parole, & la fidelité neceffaire pour l'executer dans tous fes points. Dieu ne parle pas toûjours aux hommes d'une mefme force, & d'ordinaire il demeure à leur égard dans le filence, lorsque s'estant expliqué par quelques rencontres importantes, fa parole n'a pas eu tout le fuccés, & tout l'effet qu'elle devoit avoir. Les temps de Dieu font à observer plus qu'on ne penfe, & l'étude principale d'un veritable Chrétien eft d'en ménager tous les momens. Nous vous offrons, Monfeigneur i nos personnes, noftre maison & nos prieres ; c'est tout ce que nous pou vons dans noftre impuiflance: Nous fommes à vous par tant de liens, d'inclination, de reconnoiffance & de refpect, qu'il ne nous eft pas poffible de vous l'exprimer.

XVII.

LETTRE

A un Prelat.

Il l'exhorte à perfeverer dans la vie penitente qu'il mene, & l'affure qu'elle eft toute de Dieu.

Des graces dont Dieu a accompagné le paffage d'un de fes Religieux.

I

Lne me fuffit pas,

pas, Monseigneur, d'eftre informé de vos nouvelles par les relations de ceux qui en favent; mais vous voulez bien, que je vous en demande à vous-mefme. Je fai avec combien de fidelité & de travaux vous continuez: l'exercice de vostre Miniftere, & avec quel exemple vous perfeverez, & vous joignez la follicitude de l'Epifcopat, avec l'aufterité de la vie folitaire. Je ne vous dis point quelle eft ma joïe d'entendre des choses

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fi extraordinaires, & qui, ce me femble, eftoient comme neceffairés pour la converfion de ceux,defquels la divine Providence vous a chargez Dans la verité,elle ne peut. pas eftre plus grande, aïant toû jours efté dans ce fentiment, que cette conduite-là eftoit celle que vous deviez fuivre ; & qu'il faloit une vie qui ne fuft pas commune; pour oppofer à une licence fi generale, & reprimer la dureté d'un peuple, qui felon les connoiffances qui nous en viennent, eft extraor dinaire. Il n'y a rien qui le foit davantage dans la pensée du monde, que ce que vous prenez fur voftre perfonne; & j'avoue, que, comme je conçois tres-bien que l'on puiffe vivre dans une penitence exacte & audeffus de celle qui fe pratique dans les Cloiftres les plus reglez, eftant actuellement dans la retraite & dans la folitude; auffi j'ai peine: à comprendre, que vous faffiez ce

que vous faites, dans les occupations que vous avez, quand je mefure les chofes à vos difpofitions naturelles, Mais quand je confidere la main de Dieu, qui n'eft point racourcie, & qui eft la mesme qu'elle eftoit autrefois, je ne fuis point furpris, qu'il fufcite des perfonnes felon fon cœur, pour l'édi, fication de l'Eglife; & qu'il faffe en eux ce qui femble fi difproportionné aux manieres & aux forces ordinaires des autres hommes. Je ne vous dis point cela, Monfeigneur, par une efpece de flattérie, & je fuis affuré, que comme vous ne pouvez pas vous empefcher de vous appercevoir de certaines differences; vous ne manquez pas auffi de rendre à Dieu ce que vous reconnoiffez eftre purement de lui, & que vous n'avez garde de lui ravir la gloire de fes œuvres.

C'est une ingratitude, felon faint Auguftin, de ne pas remarquer ce

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