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que Dieu fait en nous, comme de nous l'attribuer; & c'est une difpofition digne d'un veritable Chrétien, de reconnoistre par un aveu fincere, & dans un humble fentiment de foi- mefme, les graces que nous recevons de fa mifericor de. Vous favez, fans doute, Monfeigneur, que bien des gens vouloient, que vous apportaffiez de l'adouciffement à voftre vie, mais pour moi, je fuis perfuadé, que vous avez fait la volonté de Dieu; que la voix des hommes n'eftoit pas la fienne & que vous vous eftes laiffé conduire à fon efprit. Vous verrez, Monseigneur moment de la mort, la confolation que vous aurez, d'avoir pû mettre ensemble deux chofes auffi differentes & auffi éloignées, que la vigilance d'un Pafteur, & la penitence d'un Solitaire ; & vous comprendrez encore mieux, que vous ne faites pas, ce qui ne peut

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entrer dans la pensée de la plupart des hommes: Jamais ils ne furent fi aveugles qu'ils le font prefentement; & jamais les voies de Dieu n'ont esté fi ignorées; le bien est combattu de ceux mefme qui font profeffion d'eftre à lui, & on n'eft plus capable de goûter ce qui fe tire un peu du chemin ordinaire.

On m'a dit, Monfeigneur, que l'on vous preffe d'eftre de l'Affemblée; gardez-vous-en bien, il y a tout à perdre & rien à gagner; il faudroit, par neceffité, déplaire ou à Dieu ou aux hommes; & quoique l'on ne doive pas balancer un feul inftant, quand l'ordre de Dieu nous met dans l'obligation de nous determiner à l'un ou à l'autre de ces deux partis ; il me femble, que l'on doit éviter de fe trouver dans cet embarras, quand il n'en peut revenir d'utilité pour l'Eglife. Vous eftes bien où vous eftes; c'est le heu où Dieu vous veut ; vous y

fauvez des ames, en vous y fiant vous-mefme.

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Au refte, Monfeigneur, nous avons perdu depuis quelques jours un de nos Freres, qui eftoit connu de vous; c'est le pauvre Frere N. II eft mort aprés quatre années de maladie; & quoiqu'il ait reffenti des douleurs tres-aiguës, il n'a jamais temoigné dans tout le cours de fon mal, ni d'impatience de fouffrir, ni de defir de guerir. Il eft mort avec des marques fi fenfibles de la mifericorde de Dieu, & des circonstances fi heureuses, que vous en aurez de la confolation, fi ja mais vous les favez; vous nous aimez affez, pour vouloir bien, que nous le recommandions à vos prieres. Tout eft ici à l'ordinaire. L'Obfervance par la mifericorde de Noftre-Seigneur n'y eft point diminuée ; & je vous protefte, que tous mes Freres, auffi bien que moi, font tellement perfuadez, Tome II.

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que leur vie n'eft pas une ombre de celle de nos Peres, que nous vivons dans une confufion perpetuelle, & dans un defir fincere d'en faire davantage. Enfin, nous commençons en toute maniere le ; nombre s'augmente peu à peu; mais nous ne fommes pas dignes, que Dieu nous regarde dans cette mifericorde abondante des Siecles paffez. Je ne vous dis point, Monfeigneur, combien je vous honore, Je vous fupplie de croire, qu'il n'y a point de jour, que je ne penfe à yous devant Noftre-Seigneur, & plufieurs fois ; que vostre perfonne, & tout ce qui vous touche, m'est cher, au point qu'il me le doit eftre; & qu'il n'y en a point dans le monde, fans exception, que je refpecte plus tendrement, ni à qui je fois, avec plus de fidelité, qu'à Vous, &c.

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XVIII. LETTRE.

A fon Alteffe Royale, Madame de Guife.

Il lui marque l'idée qu'Elle doit fe former des biens & des grandeurs de la terre, & l'usage qu'Elle eft obligée de faire des avantages que Dieu lui a donnez en cette vie. Que le monde n'a rien qui puiffe plaire. Avis qu'il lui donne pour mener une vie chrétienne.

'Envoïe, Madame, à V. A. R. un present, qui est digne de la Trappe C'est une cuilliere & une fourchette de buis, & fix croix de noftre façon. Il y en a quatre du bois de Sainte Lucie. V.A.R.ne l'aura pas défagreable, fielle fait, ou, fi elle fe fouvient, qu'un faint Evef que envoïa à une grande Imperatrice, une affiette de bois, & un pain

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