PREFACE

E fecond Volume eft Gdes Lettres choifies de Monfieur l'Abbé de

la Trappe. On s'acquitte aujourd'hui de la promeffe qu'on avoit faite au Public, de lui donner dans un meilleur ordre celles qui paroiftroient dans la fuite. La haute reputation que l'Auteur s'eft acquife par la fainteté de fa Vie, fuffit pour en perfuader l'utilité. On ajoûtera feulement que· bien que la plus grande partie

des Lettres qui font répanduës dans ce Volume, foient

adreffées à une Illuftre Prin

ceffe, qui pour vivre felon

l'Esprit de Dieu, regla fes

actions fur les avis de ce So

litaire; les perfonnes d'un

moindre rang ne laifferont pas

d'y trouver plusieurs maxi

mes fur qui elles pourront

regler leur conduite.

Approbation de Monfieur de Blampignon, Chefcier & Curé de Saint Merry.

J

'Ai lû par ordre de Monfeigneur le Chancelier un Manufcrit qui a pour titre Lettres fpirituelles de feu Monfieur l'Abbé de la Trappe. Plus cet illuftre Solitaire a travaillé à cacher fon merite, plus Dieu a pris plaifir à faire éclater sa vertu. Üne infinité de perfonnes de toutes conditions lui demandoient confeil fur ce qu'ils avoient à faire, ou pour le choix de leur eftat, ou pour le reglement de leur vie, ou pour plufieurs autres motifs concernans leur falut & la gloire de Dieu. Son humilité s'oppofa long-temps à leurs defirs, mais fa charité le força enfin d'y répondre. On ne trouvera rien dans ces réponses que de tres-conforme à la foi ortodoxe & aux

folide que prudent, auffi plein de lumiere que d'onction ; & l'on y reconnoiftra que Dieu avoit choifi ce faint Abbé pour estre non feulement le modele achevé d'une infinité de Religieux, qui fe font perfectionnez par la fainteté de fes exemples; mais encore le guide fidele d'une infinité de Chrétiens, qui vivans dans ce Siecle, n'ont pas laiffé de fe fantifier par la fageffe de fes conseils. A Paris ce 22, Avril 1701.

Docteur de Sorbonne, Provifeur du College de Saint Bernard de Paris, Prieur Titulaire de Noftre-Dame de S. Lazare de l'Ordre de Cifteaux.

Voique feu Monfieur l'Abbé de la Trappe fut

un des plus éloquens hommes de ce Siecle, il avoit cependant refolu en mourant au monde, de faire, pour ainfi dire, mourir fa langue & fa plume, & de leur impofer un filence perpetuel. Sa vie retirée, & ce parfait détachement du monde dans lequel il a vécu, en feront une preuve, qui fermera éternellement la bouche à ceux qui, envieux de fa gloire & jaloux de fon merite, onttâchéinutilement de noircir ≈ iiij