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La première chofe que l'on doit obferver dans le travail des champs, c'est de leur confier un engrais durable, & de procurer au chevelu des femences, un peu de fraîcheur pour la facilité de fon développement. Sept pouces de fouille ne peuvent donner à la terre ce double germe de fécondité. Le volume eft trop mince. Il est épuisé par une feule récolte de fro ment. La feconde année la terre repofe. La troisième il faut de nouveaux engrais. Dans une année de féchereffe, le Labou reur voit avec surprise la pouffe de ses grains tardive & languiffante. L'herbe de fon froment ne couvre point fes guérêts de touffes verdoyantes & rembrunies. Il eft confterné par la contrariété de la faifon, qui feule lui paraît influer sur la médiocrité de fa moiffon. Tout fon efpoir eft dans la récolte qui doit, l'année fuivante, le dédommager de fes pertes. Il ne conçoit pas qu'une culture plus profonde épuifée dans fa .furface par l'aridité du tems, & pulvérisée enfuite par le foleil,

conferve plus avant un principe de végétation, dans des terres fraîches & remuées, qui, décidant la vigueur de la plante, prennent le deffus de la faifon..... Il ne conçoit pas que fept pouces de fouille ne peuvent contenir ce principe de vie de toutes les productions. Leurs racines trouvant trop de résistance, ne peuvent s'étendre au-delà du terrein que leur a def tiné le fer de la charrue. Arrivées à la terre vierge, elles languiffent, fe reploient fur elles-mêmes, en attendant que la pluie leur donne ce qu'une culture avare leur a refufé. Cette terre une fois humectée, la plante épuise la substance des terres qui la produifent, & ne laisse après elle que des terres à renouveller. Si le froment fouffre de cette culture, ce qui est démontré le peu de terre auquel on en confie les femences; fi un pied de fouille poffede dans les cinq pouces qui excéderaient la profondeur de la culture reçue, deux fois plus de qualités précieufes que les fept pouces qui les couvriraient; fi les chaleurs

par

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du foleil le plus brûlant en durcissant la première terre, n'arrêtaient pas les efforts du froment, que la fraîcheur de fon pied préserverait des atteintes de la plus grande aridité; si la multiplication de cette denrée en doublait au moins la moiffon, le Laboureur qui n'aurait pas befoin d'augmenter à proportion la quantité de fes engrais, & qui, la première année, trouverait dans la terre vierge des fels pleins de vigueur, commencerait par s'enrichir, en fe procurant des pailles plus abondantes pour l'augmentation de fes fumiers indifpenfables dans la terre légère. La chaux viendrait à son secours pour l'ameublissement des terres fortes: les améliorations ne feraient jamais un obftacle à fes travaux. Un revenu deux fois plus confidérable qui ne ferait point fujet aux revers de la saison, fi j'en excepte les grêles ou le feu du ciel que rien ne peut empêcher; un fonds, dont la valeur intrinsèque augmenterait de beaucoup le denier pour l'étranger qui viendrait acquérir en France;

un Laboureur qui pourrait à-peu - près compter fur le fruit de fes veilles pour fecourir fa nombreuse famille, payer fon maître & les impôts; tant d'avantages réunis font inféparables du choix de cette culture. La première année lui donnerait plus de peine, mais n'exigerait que les engrais ordinaires. Il en refulterait d'abord la néceffité d'atteler un boeuf ou un cheval de plus à fa charrue, d'en diriger le foc plus avant, de le faire faire un peu plus long, pour rendre cette fouille poffible. La feconde année, le bœuf ou le cheval que l'on aurait ajouté à l'attelage l'année précédente, deviendrait inutile. Les terres remuées confervant plus de fraîcheur à raifon de leur profondeur, n'opposeraient aucune résistance. Le premier effort des chevaux pour faire entrer le fer dans fix ou fept pouces de terre defféchée & durcie fuffirait; le refte deviendrait l'ouvrage de la volonté du Laboureur, à raison de la première fouille qui ne peut jamais être trop profonde,

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quand on ne rencontre ni des terres mar-
neuses, ni des terres de potier. En confi-
dérant que plus la maffe des terres re-
muées eft profonde, plus elle eft fertile &
difficile à épuiser, il n'y aurait que l'im-
poffibilité de pénétrer auffi avant dans le
fein de la terre, qui pourrait en faire re-
jetter la méthode. L'expérience que j'en
ai fait, ainsi que je l'annonce, & l'aveu
de tous les Laboureurs qui conviennent
eux-mêmes qu'ils évitent de cultiver trop
avant, se réuniffent pour en établir la
poffibilité. J'ai dit que la terre vierge
peut donner une riche moiffon fans
aug-
mentation d'engrais;.... elle en donne-
rait même deux ou trois; mais il est bien
fage de ne point être fi prodigue de fa
primeur, & de la ménager dès la feconde
récolte par une amélioration plus confidé-
rable. Ensuite les engrais ordinaires fuffi-
raient. Il ne ferait question que d'entrete-
nir fa fertilité. Ce principe pofé pour mul-
tiplier le froment, l'avoine & le feigle, il
eft bien plus concluant pour faire abonder

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