Imágenes de páginas
PDF
EPUB

partie dans une faifon contraire. Le moment de la moiffon arrive;....elle est heureuse pendant quelques jours. Mais bientôt interrompue par l'abondance des pluies, ce cultivateur la voit dépérir dans fon champ. Elle est trop confidérable pour qu'il puiffe, au premier moment de beau tems, la récolter en entier. Ajoutez à cette perte réelle, le pillage inévitable dans un efpace fi vafte, que l'oeil du maître ne peut être par-tout.... Ajoutez fans crainte que rien n'eft fait comme il devrait l'être..... Ajoutez encore, que l'idée d'un travail qui est urgent, & qui ne peut que fuccéder à celui dont on eft occupé, affure l'imperfection du premier. Ce n'est pas tout:. la misère afflige neuf chaumières, en difperfe fouvent les pauvres habitans, multiplie le nombre des vagabonds que le défefpoir égare, & porte ainsi la plus grande atteinte à la population. Le nombre des bras diminue, la terre eft plus mal foignée, la rareté comme l'imperfection des denrées, deviennent un malheur

....

public. Cinquante arpens de terre labourable peuvent occuper toute l'année un laboureur avec cinq ou fix perfonnes fous fes yeux ou ceux de fon époufe. La néceffité reconnue dans cet efpace de tout perfectionner pour ne point être oifif, la facilité d'enfemencer & de moiffonner en peu de momens, & d'éviter les tems contraires; les mœurs tranquilles & paisibles d'une famille qui n'a que l'honnête aifance; le bonheur commun de tous les cultivateurs, font des motifs bien puiffans pour fixer l'attention des propriétaires. Heureux celui qui, plus éclairé fur fes intérêts perfonnels, réfléchira que l'augmentation de fa fortune, confiste à la partager en tant de mains, que la multiplication des travaux puiffe fertilifer fes champs !.... Plus heureux encore d'adoucir le fort de tant d'infortunés, & d'ajouter à fes richeffes le plus grand des biens, celui d'être aimé. Mais je n'ai rien dit des jardins dans lef quels il eft fi intéreffant de réunir l'agréable à l'utile, fans jamais les féparer. Tous

les végétaux, dans leur primeur, ont déja cet avantage. Il n'est point de parterre qui faffe autant de plaifir à la vue. Un jeune Seigneur remarque avec attention les progrès d'une ferre-chaude. Les premiers pois de la faifon & les premiers fruits, font l'objet de fes vœux, quand il fe perd par défœuvrement dans un labyrinthe, dont il ne fort avec empreffement, que pour vifiter l'accroissement des plantes qui font fes délices. Mais il paffe auprès d'un foleil, dont il remarque à peine la fleur. Elle ne fait, suivant lui, que remplir un vide dans une plate-bande!.... Il n'eft point assez heureux pour en connaître la valeur!... Il ignore que la plus précieufe de toutes les farines eft renfermée dans la graine du foleil ou tournefol!.... Il ne fait pas qu'au-deffous de cette même graine, fon cul, comme celui de l'artichaut, fans avoir la même délicateffe, peut faire partie des comeftibles. Il y a peu de terrein dans les champs où l'on ne puiffe tenter cette culture. Un champ montueux inégal, des

maffes de foffés, la pente d'ane colline, des endroits à-peu-près perdus pour la culture, peuvent produire en abondance ce farineux. Les jardins naturellement deftinés à cette culture, ne peuvent jamais être trop grands. Plufieurs avenues de tournefols, dont la tête fait parterre, dont l'élévation ne fait aucun tort aux plantes qui l'avoifinent, dont la récolte & la conservation font fi faciles, contribueraient à la perfection de l'engrais des bœufs. Cette production néceffairement bornée, ne peut être confidérée comme la bafe d'un projet économique, mais bien comme un moyen de donner plus de valeur aux jardins. Le tournefol pouvant occuper la place de beaucoup de fleurs inutiles, de plantes moins précieuses, je dois, après l'expérience que j'ai faite de fon produit, inviter tous les propriétaires à le multiplier à peu de distance de leur habitation. Le tournefol fe récolte en Octobre, quand fa graine eft noire. On le fufpend comme le maïs pour le conferver. Quand les bœufs

font à la fin de leur engrais, on répand fur leur aliment de la graine de foleil, à proportion de la quantité de fa moisson. Le bœuf mange avec avidité cette graine, qui lui communique au moyen de fes parties huileufes, les fucs les plus abondans. Son usage pour le mouton eft admirable:.... on mêlange cette graine avec le maïs fans apprêt. Le mouton n'eft pas moins avide que le boeuf, quand on lui diftribue ces deux farineux qui flattent le plus fon goût, & qui lui donnent tant de délicateffe. La perfection de l'engrais des porcs avec ce farineux mêlé dans fes alimens, eft indubitable. Mais il n'est pas à préfumer qu'un cultivateur en faffe des récoltes affez abondantes, pour en deftiner une partie à l'engrais du porc. Cet animal vorace qui vit & s'engraisse avec des alimens que le boeuf & le mouton ne pourraient confommer, & dont le lard eft parfait, n'eft point fait pour une nourriture auffi recherchée. La volaille & les pigeons feraient de la plus grande finesse

« AnteriorContinuar »