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champs en culture à l'abri du vent de mer:.... rien n'était plus facile. En donnant une idée de l'exécution de mon défrichement, fi le Miniftre l'eût accueilli, le Lecteur pourra juger fans partialité.

Le bien en grand n'est possible qu'avec 'de grands moyens. Ceux qui peuvent tout entreprendre, veulent à peine hasarder quelque chofe. La certitude morale ne leur fuffit pas. Il faut donc dans un petit efpace faire fes preuves, afin d'éclairer le Public & le Gouvernement. C'est dans le Livre des champs, que le Laboureur peut s'inftruire; il n'y a que celui-là qui foit à fa portée. Six mille livres m'auraient suffi pour donner de l'ensemble des landes de Bordeaux un apperçu raisonné. Mais étant réduit à l'unique ressource d'écrire, pour offrir à la Nation ce que la culture eût rendu plus fenfible, j'en ferai l'explication de maniere à mettre tout le monde à portée de l'exécuter.

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Le moyen de former un abri contre le vent de mer, eft fimple. Il faut s'éloigner des limites de la mer d'environ trois cent pieds, ouvrir deux foffés de fix à sept pieds de largeur fur cinq de profondeur, leur donner vingt pieds de distance, afin que cet efpace ferve à la conftruction d'une digue, formée des fables que ces mêmes foffés fourniront; enfemencer cette digue de vignots; planter dans fes côtés des faules & des épines; fe fervir en général de toutes les plantes, dont l'accroiffement fournit plutôt un massif. Cette plantation faite en Mars, jointe à l'élévation des terres, recevra le tourbillon des fables..... Semblable au rocher contre lequel vient se briser le flot de la mer, viendra fe perdre fur cette maffe, au lieu de couvrir le champ cultivé. Il ne fera tout au plus que contribuer insensiblement à l'augmentation de la digue, fans expofer le cultivateur à la ruine de fes travaux. Je suppose que cette première opération ne fuffife pas, & qu'une portion des fables

il

dont le nuage fera divifé par la rencontre de la digue, fe répande dans le champ; il n'en résulterait que peu de perte, ου même pas du tout. Dans le premier cas, l'ouvrage fait n'en ferait pas moins précieux, puisqu'il protégerait toujours les récoltes du champ qu'il avoisinerait. Une feconde digue de dix pieds de large, à cinq ou fix cents pieds de la première, affurerait infaiblement toutes les terres, qui se trouveraient à l'abri par cette double élévation de terre. Le premier champ ferait tous les ans par fes productions, le fruit du premier travail, tandis que la totalité des terres cultivées, fournirait au cultivateur une double récompenfe. Mais il me femble déja voir le Lecteur fe perdre dans des calculs, fupputer le coût de cette entreprise, & regarder fix mille livres comme une fomme trop faible pour fon exécution. Je conçois qu'avec une fomme plus forte, on cultiverait un champ plus vaste, qui, par fon étendue, ferait l'avantage du cultivateur, en lui donnant, dès

le commencement, des bénéfices. Mais uniquement occupé de mettre au jour ma découverte, afin de fixer l'attention du Gouvernement, & de le convaincre par la force de l'exemple; je me trouvais trop heureux de faire connaître mon défintéreffement, en commençant avec une somme dont la modicité ne pouvait compromettre la confiance du Miniftre. Le résultat devait, au moins, balancer les frais de mife; & le refus d'un Miniftre fur une matière aussi importante, ne pouvait être toléré que par la pofition des finances. Cette fomme aurait bien circonfcrit le champ de mes épreuves. Vingt arpens au plus, pris fur le long, en arrivant à la mer, afin d'avoir une digue plus courte à élever, auraient fuffi à l'engrais de vingt boeufs, quarante moutons & vingt porcs, dont la vente m'aurait produit tous les déboursés du Gouvernement. Quand un effai rend de cette manière, fon introduction en grand préfente des revenus confidérables. Il faut analyfer cette expérience par par

ties, en paffant des améliorations à la culture, de la culture aux femences, des femences à la récolte, de la récolte à l'engrais des animaux.

Pour améliorer des fables très-arides & très-brûlans, il ferait à defirer de pofféder dans leur voisinage, des terres argileufes. Alors le fimple transport de ces terres fur les fables, & des fables fur le champ argileux, porterait la fertilité dans chaque terre, qui n'a befoin que d'une substance opposée à la fienne. Il eft de principe en culture, qu'il faut toujours ufer de contraires en fait d'engrais; ce qui fe démontre bien facilement. L'argile rassemble des fables que la grande féchereffe divife. Elle en fait un corps folide & imbibé, qui contient tout à la fois les fels & l'humidité. La première qualité communique à chaque femence les fucs les plus précieux, tandis que la feconde, développant aifé

ment le

germe, donne au chevelu de la plante tout l'accroiffement poffible. Au

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