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Royaume, & ferait le gage d'une paix durable qu'aucune Couronne n'oferait troubler. Mais il faut trouver & raffembler affez de Colons pour réuffir dans une entreprise qui procurerait de fi grands avantages. Les Landes de Bordeaux étant placées dans un défert, cette Province comme bien d'autres, ferait d'une faible reffource; l'Auvergne dont le peuple nombreux naît avec le goût des voyages, en cherchant un pays meilleur que le fien, contribuerait en grand nombre à la formation de la Colonie; la certitude d'une propriété fuffifante pour faire vivre une famille, peuplerait d'hon nêtes gens ces landes immenfes. Tout homme fufpect ou turbulent, n'aurait point le droit de prétendre à la moindre part de cet établissement, dont le fuccès & la profpérité dependraient effentiellement des mœurs & de la probité.

Chaque infortuné des diverfes Provinces, aurait befoin du témoignage de fon Seigneur & de fon Curé, pour obtenir de fon Intendant une lettre d'affurance adref

fée à M. l'Intendant de Bordeaux, qui, delivrerait autant de commiffions émanées de Sa Majefté, dans lesquelles il n'y au rait que le nom du Colon à remplir. Le même nombre d'arpens pour chaque habitant ne ferait point de jaloux, & donnerait la facilité de fonder cinq ou fix prix d'encouragements annuels, pour les fix Colons dont la culture & les récoltes mériteraient la préférence fur le reste de la Colonie. Elle ferait tenue de fournir la valeur des recompenses taxées à fix cent livres pour le premier, cinq cent livres pour le fecond, quatre cent livres pour le troifième, trois cent livres, pour le quatrième, deux cent livres pour le cinquième, & cent pour le fixième vainqueur. Le Gouvernement fur le rapport de M. l'Intendant de Bordeaux, protegerait de fon regard & de fa bienfaisance cette nouvelle contrée pendant les trois premières années, en couronnant les fix agricoles, & leur donnant pour Couronne fix médailles en argent de la valeur d'un louis, présentant d'un côté

un

un laboureur couronné par fon Roi avec les numeros depuis un jufqu'à fix, qui déterminerait fa place parmi les vainqueurs, & de l'autre côté les attributs de l'agriculture. Ces médailles feraient diftribuées

par M. l'Intendant ainfi que les prix en argent, afin de donner à la Colonie les moyens de s'établir folidement

,

avant

de fournir la moindre contribution. A l'expiration de ces trois années, il n'y aurait qu'une médaille de même valeur aux frais de la Colonie, pour celui qui aurait droit la première gratification. Elle représenterait d'un côté les attributs de l'agriculture, & de l'autre un Colon couronné par fes femblables. C'est ainsi l'émulation que donnerait à cette nouvelle peuplade le véritable amour de la culture. C'est ainsi que la gloire de transmettre à fa poftérité des médailles glorieuses diftribuées par l'ordre du Souverain, ferait en trois ans parmi des hommes groffiers, ce que plufieurs luftres ne pourraient ébaucher. C'est ainsi que médaille annuelle donnée par la Colonie,

C

la

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ferait naître dans le cœur du Colon le plus novice, l'espoir confolant de la mériter un jour à force de travaux. C'est ainsi que certitude de convaincre tous les Colons

par

la

la force de l'exemple, & de les attacher tous à la culture du premier vainqueur, les mettrait un jour tous de niveau dans une portion de la France digne d'envie. Peut-être ce lieu maintenant fi méprifé, fera-t-il un modèle à fuivre pour le cultivateur, un afyle de fécurité & de bonheur fans le fecours des loix !.... Peutêtre qu'un peuple compofé de cette manière, & marchant ouvertement fur les traces du plus habile, ne ferait , pour ainfi dire, qu'une même famille, dont l'union parfaite ferait le fruit de la sympathie, que le déshonneur de déplaire à la colonie, conferverait par la crainte dans tous les cœurs !.... La Religion fuffit à l'honnête homme. Tout le rapproche de fon culte, & le force à l'aimer, quand les douceurs de la vie & fon intérêt perfonnel, dépendent en partie des mœurs.

Qui je crois partager les réflexions d'un de ces colons, & l'entendre dire à fa femme & à fes enfans: » Je gémissais » autrefois fans fortune & fans appui. Une » conduite fans reproche m'a mérité tout » ce que je possède. Mes enfans..... » n'abandonnez jamais celui qui veille » invisiblement fur nos destinées; puisque » fans fa bonté fuprême, vous n'auriez » pas où repofer la tête. Chaque récolte » peut ajouter aux fruits de vos veilles & » de vos fatigues une récompense glorieufe, & vous faire chérir par vos fem» blables. «

Dans une vie toujours occupée, & dont la plus douce jouiffance eft de fatisfaire à fes devoirs ; qui pourrait en altérer le régime, & fe foulever contre une dépendance volontaire & réciproque, qui en ferait le bonheur, la fortune & la gloire?.... Après avoir confidéré les avantages du fort de chaque colon, dont la propriété fixée à cinquante arpens, serait

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