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eux & pour la famille, une charrue, un couple de bannes, & la moitié de fa terre enfemencée; ces différens objets avec fon logement, évalués à mille livres. Ajoutez à cela le peu de fecours que chacun pourrait fe procurer de lui-même, & ce fondement de colonie ceffera d'être un problême,

Le cultivateur chargé de cette grande opération, pourrait remplir une tâche auffi glorieuse en fix ans ; il acquiterait pendant ce tems la valeur du cens à raifon de l'étendue de ses moiffons. Le dépôt de tout ou partie de l'encouragement ne serait dans sa main, que sous l'inspection de M. l'Intendant de Bordeaux; il aurait des bras à fuffire en s'adressant aux différens Curés qui entourent cet immenfe defert. Il n'y a point de paroiffe où plusieurs charrues ne foient partie de l'année oifives par la misère; ce ferait à ces pauvres laboureurs que les premiers travaux feraient confiés. Le meilleur traitement pour ces infortu

nés, joint à l'espoir de devenir propriétaires dans cette Colonie, ouvrirait noblement cette carrière, & inviterait tous les malheureux agricoles des diverses Provinces à la parcourir. MM. les Intendants fecondés par les Affemblées Provinciales, peupleraient en fix ans de Colons, cette terre qui leur ferait préparée, & dans laquelle ils trouveraient des récoltes à faire, deux bœufs pour labourer les terres destinées à la prochaine femence & tout ce qui leur ferait indispensable. Ces hommes fi prél'État & maintenant oubliés, ne fortiraient de la détreffe que pour verfer l'abondance dans toute la France, & partager un jour le fruit de leur culture, avec des pays moins fertiles. Le Roi pendant vingt & un ans aurait reçu 420 mille liv. de cens pour deux cent mille livres d'encouragement; la vingt-deuxième année verferait dans fon tréfor trois millions d'impôts. La totalité de cette lande étant nécessairement cultivée depuis quinze ans, cet impôt n'eft point exageré, puisque cha

cieux

pour

que Seigneur riverain de Sa Majesté aurait un intérêt direct à faire dans fa portion, ce que le Gouvernement ferait faire dans l'apanage du Souverain; il est même loin de toute vraisemblance de fuppofer ce Seigneur pendant fix ans dans l'inaction, telles font les réflexions qu'une nouvelle population dans trente lieues de pays fait naître. Elles feroient beaucoup plus étendues fi la jufte confidération de l'impôt général réparti fur la fixième partie de la France mise en culture, était offerte au lecteur fous tous les rapports; elle présente en maffe un fixième d'augmentation d'impôt, un peuple dans l'abondance & la vigueur, un Monarque trop heureux & trop puiffant dans fes États pour ne pas contenir toutes les puiffances fans leur donner des chaînes; mais en contribuant à l'adouciffement de leur vie, par l'exportation de fon fuperflu..... Gage précieux d'une paix durable!... Quand verferas-tu le calme & l'aifance fur la nation la plus policée ?... Quand forceras-tu les peuples les plus grof fiers, à la refpecter fans ofer la troubler?...

Quand feras-tu le bonheur de ces derniers, par la largeffe des premiers qui partageront avec eux leurs productions?... Quand feras-tu fentir à toutes les Puiffances auffibien qu'à Louis le Bien-Aimé, que l'hu. manité feule fait régner; que la tyrannie feule devafte les Etats? O toi! respectable Colon, dont les bras peuvent feuls commencer ce grand ouvrage, tu recevras tou tes les marques d'amour de ton Roi!... Tu réuniras à la récompense honorable de tes fix membres vainqueurs, l'affranchissement de leur cens chaque année de leur victoire !... Ta félicité fera celle de tout un Royaume! Il eft tems de penser aux femences & à leur ufage.

Les fables arides & brûlants des landes de Bordeaux, tempérés & améliorés avec les engrais indiqués dans le commencement de cet ouvrage, feraient fufceptibles de toutes les productions. Il n'y a point de femence dont le germe promptement dé

veloppé dans une terre en fermentation par l'opposition de fes parties, ne rendît au cultivateur une récolte abondante; les denrées les plus précieuses devant toujours être préferées, la pomme de terre doit être la bafe de cette culture; au-deffus de tous les farineux par fa fineffe & fa falubrité, elle rend plusieurs fois la valeur des autres moiffons par la quantité de ses produits. Tous les fables lui communiquent plus de farines & plus de délicateffe ; la terre la plus eftimée de nos jours, ne lui convient point autant que les terres légères; la première femble donner à la pomme une partie de fa compacité. Son ouverture après l'avoir mife à cuire fur la braise, présente plus de folides que de corps divifibles. Les dernières, moins avares de la quantité & de la qualité, semblent, pour multiplier ces farineux, s'être dépouillées de leur légéreté. M. Parmentier, par fa culture dans la plaine des Sablons, donne à mes expériences un appui que tout Lecteur ne peut que respecter.

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