Ce mauvais fable produifant vingt à trente feptiers de pommes de terre à l'arpent, je laiffe à juger ce que doit rendre un fable fertilisé par la naturé des engrais. Afin de donner une idée jufte de l'importance de ce farineux, il fuffit de prouver que la meilleure prairie eftimée dans toutes les provinces deux fois plus cher que la meilleure terre à labour, ne produit que la moitié de la plus mauvaise terre labourable, confacrée à la culture de la pomme de terre & du maïs. J'ai eu l'honneur d'occuper fur cette matière plufieurs Comités d'Agriculture, préfidés par M. de Vergennes, pendant les mois de Juillet, Août & Septembre 1785. L'accueil. conftant de tous les Membres du Comité jufqu'à la clôture du dernier, la justice rendue à toutes mes affertions, l'examen férieux & profond que l'on m'a fait subir & dans lequel j'ai trouvé de nouvelles lumières, m'ont fait naître l'espoir confolant de donner à ma Nation mes découvertes fur l'Agriculture. La démonftration de la préférence que mérite la pomme de terre fur tous les farineux, fera le sujet de l'article fuivant. Cent cinquante perches de vingt deux pieds la perche, dans le meilleur fonds d'herbage ou de prairie, ne font que fuffire à l'engrais d'un bœuf. La même étendue, dans une terre dont la nature n'était qu'un fable brûlant, m'a donné, en 1781, la plus riche moisson de pommes de terre & de maïs. Le mêlange de ces deux farineux a parfaitement engraiffé en moins de deux mois, deux bœufs destinés pour la bouche de Sa Majefté. Ils ont fait les délices de la table du Roi pendant le mois d'Avril 1782. Des mémoires préfentés à ce sujet à M. d'Ormesson, chargé pour-lors du département de l'Agriculture, lui firent defirer les moyens de me mettre en activité. Ce fuffrage, ainsi que celui de M. de Vergennes, ne pouvant exister fans motifs, feront dans la description de mes expériences, ce que les ombres font au tableau. Un jeune Ecrivain donne à la vérité de fes écrits bien de la force, quand il fait, comme un Peintre, faire reffortir ses couleurs dans un jour favorable. J'ai moins à redouter la demicroyance. L'incertitude ne fufpendra point des travaux dont je desire inspirer le goût à tous les Français. Le fimple expofé de deux boeufs en graiffés avec les farineux récoltés dans l'espace de cent cinquante perches de terre; les femences abondantes qui me reftaient de cette même récolte, la comparaifon établie entre les terres labourables & les prairies, font preuve de la plus grande économie. Le Roi fe ressouvient encore de cet aliment exquis dont il eft conftamment privé. Cette raison fi puisfante sur le cœur d'un Français, fait le charme de ma retraite. Les garans refpectables que j'ai cités pour le développement de mes principes, fondent mes efpérances. La certitude d'être utile aux propriétaires, propriétaires, me fait un preffant devoir Ꭰ nimal. Son dedans, plus ferme & plus blanc, n'est point flafque & vide, comme dans la plupart des boeufs. Son jus, fans le fecours d'aucun mêlange, fait le meilleur confommé. La fupériorité de cet engrais fur tous les autres, donne une preuve fenfible de fa falubrité. Telles font les obfervations que plufieurs effais m'ont fait faire. Il en résulte la multiplication d'un fixième de livres, fans parler de celle de l'espèce qui fera démontrée dans fon tems. Elle est également multipliée par fa qualité, qui profite beaucoup plus que celle d'un boeuf d'échantillon, engraiffé dans les meilleurs pâturages. Après avoir donné preuves fur preuves de la perfection économique de la pomme de terre & du maïs pour l'engrais des boeufs, il eft intéreffant d'établir que la préférence de cet engrais peut devenir la fource inépuifable de toutes les autres denrées par toute la France. Elle feule peut donner à chaque production toute la qualité dont elle est fufceptible:....elle feule peut empêcher |