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digne de leur création..... État que le
tems rendrait plus parfait, à en juger
même celui où les hommes font par-
par
venus. Après avoir développé le germe de
la fécondité dans des terres en friche, en
les deftinant à l'engrais de tous les bef-
tiaux, il me reste à établir que les prairies
& herbages n'en deviendraient que plus
précieuses & plus riches. Je prouverai en
même tems que leur usage actuel ne con-
vient point à la qualité de leurs produc-
tions. Ces deux objets rempliront l'article
fuivant.

La primeur des meilleures prairies & herbages, eft maintenant réservée pour l'engrais des bœufs & vaches: la feconde dépouille eft pour les chevaux, moutons, cochons & geniffes. Les regains d'O&obre après la récolte des foins, font arbitrairement destinés pour les bêtes que l'on engraiffe, ou pour les vaches à lait. De cette multiplicité d'animaux à nourrir, résulte l'impoffibilité d'alimenter parfaitement cha

que espèce.... De la préférence donnée aux bœufs, résulte la médiocrité & le petit nombre des élèves..... De cette médiocrité, résulte la néceffité d'ignorer le degré de perfection dont un bœuf eft susceptible. Sevré dans fon maigrage, arrêté dans fon accroiffement par une nourriture épargnée, on lui donne pour engrais ce qui ne convenait qu'à fon éducation, & qui ne peut lui communiquer des fucs auffi précieux & falubres, que les farineux les plus délicats. Quelle comparaison établir entre la farine de la pomme de terre & les herbes nouvelles d'un pré?.......... La plus riche verdure ne recèle que des fucs éphémères propres à faire des élèves parfaits & bien en chair. Auffi le bœuf qu'elle engraisse, ne peut fouffrir la comparaison avec celui qui eft engraiffé avec la pomme de terre & le maïs : .... le premier préfente des graiffes plus jaunes & plus flafques, & des maigres fans la moindre filandre de graiffe; le second offre tout le contraire. Cet extérieur prouverait la diffé,

rence, fi elle n'était phyfiquement fentie. Ce qui produit le laitage & le beurre, ne peut convenir à perfectionner des substances folides .... ce qui fait un engrais parfait, ne peut convenir à des vaches à lait. Je suppose des vaches à lait que l'on mettrait à la nourriture des pommes de terre & du maïs, à la fortie du meilleur pâturage; elles cefferaient en bref de donner du lait, & feraient en peu de tems engraiffées. De deux alimens auffi oppofés, l'un eft néceffairement préférable à l'autre. Celui dont les parties font trop précieuses, pour convenir à des productions liquides, justifie fa fupériorité sur l'autre en fait d'engrais. Elle est encore prouvée par la pefanteur de l'animal qui présente fur pied le même volume. La richesse des prairies & herbages, ne dépend donc point de l'engrais des boeufs & des vaches. Les feules denrées qu'elles perfectionnent, doivent en faire le plus grand revenu. En effet, rien ne produit tant à l'herbageur qu'une vacherie..... Que rendrait-elle, si

vés?....

yeux

fa

les meilleurs pâturages lui étaient réser... Elle mesure fon produit avec celui des boeufs engraiffés dans les meilleurs pâturages; elle le furpaffe fouvent!.... Ne doublerait-elle pas la fortune de l'herbageur dans la première pouffe des herbes ? C'est-là qu'un taureau vigoureux deviendrait le fûr garant de la multiplication & de la perfection de l'espèce. La geniffe, beaucoup plus forte que mère, fixerait les fatisfaits du propriétaire, & lui ferait chérir le nouvel ufage de fa propriété. Mais il eft des cantons, où les laitages & les beurres, ont peu de qualité, où la vache à lait est du plus mince produit, où le propriétaire n'en a que pour les premiers befoins de fa vie. Ces fonds peuvent fervir à la fourniture des fourages, à la multiplication & perfection des chevaux, fi dégénérés par les mauvais pâturagės. L'herbe trop graffe ne convenant point aux vaches à lait, ne redoute point la dent des chevaux qui amaigrit le fonds.

Le

Le commerce de ces animaux, que la fortune de chaque particulier rend plus ou moins conféquent, deviendrait confidérable par l'abondance que la culture verferait dans toute la France. La qualité des chevaux, ainfi que leur multiplication, empêcherait le Français de porter fon numéraire en Angleterre, & quelquefois en Efpagne & en Dannemark, pour s'en procurer de plus beaux & de plus parfaits. La Normandie, dont le haras eft renommé, le difputerait à tous les pays. L'herbageur, jaloux de mériter la préférence fur l'étranger, n'aurait des jumens d'élite. L'étalon, plus parfait & plus vigoureux, rendrait en fix ans la France, le pays des plus beaux & des plus forts courfiers. Si les chevaux anglais de felle ont le mérite de la légéreté & de remporter le prix des courfes, il ferait facile d'en propager l'espèce en France, & d'ajouter à fa perfection. Le caroffier Normand eft auffi eftimé que l'Espagnol. Il le ferait bien davantage, quand la meilleure herbe ferait fa nourriture. Dans

E

que

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