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naître tous les fruits que j'en attends.

La culture, première partie de cet ouvrage, conviendra à tous les pays, par fon analogie avec toutes les terres; car il fuffit d'en connaître la différence, pour prouver qu'il n'est point de Province où les engrais ne foient abondans, où le Cultivateur ne foit abusé par l'ignorance la plus groffiere, quand la difette des pailles pour faire des fumiers, ne lui préfente aucune autre reffource. Le Maître & le Fermier, dans la même opinion, ne connaiffent pas l'étendue de leurs propriétés.... Le premier donne fa terre à bail, pour un prix modique (ce qui s'appelle en Bourgogne amodier), parce

que les améliorations en grand, ne lui paraiffent pas poffibles..... Le fecond, chargé d'une nombreuse famille, dont tout le patrimoine eft dans l'induftrie des labours, en multipliant fes récoltes, ne fait que les réduire & vivre au milieu des befoins. Il en réfulte la cherté des denrées fans qualité, la réduction de toutes les fortunes, pour en faire l'acquisition, l'impoffibilité de prélever de nouveaux impôts, fans épuifer toute une Nation, dans un moment de guerre inattendue, ou la gloire du Prince & le bonheur de tout un royaume, exigent la réunion de toutes les forces de l'État.

En effet, eft-il une Puiffance en état de fe mesurer à la France?....

Le Monarque le plus riche de l'univers, le plus chéri de ses sujets, le plus affuré de leur valeur redoutable à tous leurs voifins, ne jouit pas, à beaucoup près, de tous les avantages qui font la fuite néceffaire d'une culture parfaite. Dans le fol le plus favorifé de la nature, dont l'Espagne doit envier la position, malgré que le fien renferme des mines d'or, le Pérou de l'univers est ignoré. État floriffant & imposant pour tous les autres, quand l'Agriculture eft à peine à fon berceau, que serais-tu, fi tes terres richement cultivées deyenaient la mere nourrice de tes voisins?.... Le Français, qui chérit le lieu qui le vit naître, n'en connaît pas tout le prix. L'Étranger jaloux du même bonheur, & qui finit fou

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yent par le charme naturel qui rend un pays natal fi cher à tout bon Citoyen, ne ferait plus occupé que des moyens de s'établir folidement dans des contrées prédeftinées. La population augmentant par l'abondance & la perfection de tous les comeftibles, donnerait à la Maifon de Bourbon des fujets plus nombreux & plus yigoureux. L'âge d'or ne ferait plus une fiction..... il ferait à jamais les délices du Monarque & du plus petit de fes fujets.

se fixer en France, malgré

Les terres cultivées en France, font loin de la valeur que des mains moins avares & moins ignorantes, leur communiqueraient. Afin d'en donner une idée jufte, les landes,

communes & terres en friche, vont fervir au développement des principes foumis à l'examen du Gouvernement en 1785. Ils en ont été fi favorablement accueillis, que le fuffrage de tous les personnages qui le composent, & dont la plupart ont blanchi dans les recherches les plus férieuses, me ferait un devoir d'écrire, fi le plaisir d'être utile à ma patrie n'était ma plus douce loi.

La fixième partie du royaume, inculte, n'offre maintenant, au Laboureur vulgaire, que l'apperçu d'un fol dont la culture ne rendrait pas même les frais de mife. Elle est fuivant lui, dans un état de néceffité, & ne doit jamais produire que des bruyeres & des ronces. C'est

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