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de leur industrie, les moyens de fe dédommager. de leurs humiliations.

Les femmes des Juifs, dans cet Empire, font en général bien faites, belles, & blanches; elles ont de très-beaux yeux; elles font portées à la parure, & ont une inclination d'autant plus décidée pour la galanterie, que, parmi les gens du commun, les maris font un peu plus qu'indulgents; cela n'empêche pas qu'il n'y ait dans cette nation des familles qui vivent très - régulière

ment.

Comme dans l'Empire de Maroc les Juifs habitent des quartiers féparés, ils obfervent leur religion avec affez de liberté. Il femble même que ceux de ces contrées ont multiplié leurs ufages fuperftitieux par la communication qu'ils ont eue avec les nations étrangères, depuis la destruction de leur empire. Leurs Rabins, qui remédient à tout par des prières, entretiennent ces erreurs au lieu de les déraciner: jouiffant des immunités eccléfiaftiques qui leur font accordées par la loi, ccs Docteurs font exempts des impofitions nationales qui font payées par la communauté ; cette exemption, qui multiplie le nombre des Rabins, rend le fardeau des impôts plus lourd pour les gens travail, qui n'ont ni commerce, ni capitaux; tandis que les Rabins, engraiffés pour ainfi dire

de

de la misère publique, font le commerce & s' cupent d'affaires d'intérêt.

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Dans l'Empire de Maroc, les Juifs parl arabe & favent tous l'hébreu, par le rapport q y a entre ces deux langues, qui naiffent l'une l'autre ; par-tout ailleurs, l'hébreu eft la lan favante que le commun des Juifs ignore, & n'eft connue que des Rabins. Il en eft dans l'E pire de Maroc, parmi ces derniers, qui, fans av connoiffance de la langue Efpagnole, ont c fervé l'habitude de traduire dans cette langue la lifant, une bible écrite en hébreu, ils У ha ruent de même leurs écoliers; quelqu'extrao naires que foient ces efforts, il eft ridicule fatiguer la mémoire des enfans, d'une étude ne peut avoir aucune utilité.

Les Juifs, qui, à travers les persécutions, porté par tout leur culte & leurs ufages, ob vent à Maroc, plus fcrupuleusement qu'aille ceux qu'ils pratiquoient anciennement, à la n de leurs parens : le dernier instant chez eux annoncé par des cris & des lamentations, aux des pleureufes à gages viennent se joindre, & chantent avec une forte de mefure, marquée le battement des mains, qui met une gradati la douleur; les parentes du mort, en s'arrac les cheveux & en fe fouffletant, s'uniffent

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accords de ce lugubre concert, qu'on répète le jour de l'enterrement. Les Juifs obfervent enfuite fix jours de deuil rigoureux, où ils vont nuds pieds & où ils ne peuvent ni fe rafer ni changer d'habits; le feptième jour, les cris & la nmfique recommencent, ainfi que le premier du onzième mois, qui eft le dernier du deuil. Dans ces cérémonies funèbres, les pleureuses chantent des fentences analogues à la vie & à la mort, & quand elles font en état d'improvifer, elles riment en chantant l'éloge du défunt.

Animaux de l'Empire de Maroc.

Il y a dans l'empire de Maroc des animaux domeftiques, ce font les mêmes espèces, qu'on voit en Europe, & des animaux féroces qui font particuliers à ces climats; je parlerai d'abord des premiers.

Comme les Maures font des peuples pasteurs, leur richeffe confifte dans leurs troupeaux; il y en a de nombreux dans cet Empire, & ils le fe- . Foient encore davantage fi les propriétés étoient refpectées, & fi le commerce y jouiffoit dé plus de liberté. La qualité des laines fur cette côte eft généralement bonne; elle feroit même susceptible de beaucoup de perfection, fi l'on mettoit plus

de choix dans les espèces, ainfi que dans les pâtu rages. Les Maures emploient une partie de leurs laines aux étoffes dont ils font leurs vêtemens & leurs tapis, & vendent l'excédent aux étrangers. On ne voit prefque pas de brebis noires dans l'empire de Maroc; c'eft par cette raison, peutêtre, que tous les Maures font habillés de blanc: on voit en Espagne, par la raison contraire, des populations entières à la campagne, habillées de couleur fauve & obfcure, parce que les troupeaux font plus variés, & que les brebis noires y font en très-grand nombre,

L

Les baufs abondent affez dans cette partie de l'Afrique, mais l'efpèce en eft petite; les Anglois, à travers les entraves que la politique du Roi de Maroc fait intervenir, en font une extraction fuivie pour l'entretien de leur garnifon de Gibraltar; & les Maures en font des falaifons, pour leur ménage, qu'ils confervent d'une année à l'autre. Les cuirs de boeuf en poil font pour eux un objet confidérable de commerce, & il en paffe des quantités prodigieufes à Marfeille.

Les chameaux font une partie des richeffes des Maures; cet animal exige peu, &, quoique lent, il travaille beaucoup; les Maures les font fervir ainfi que les boeufs, pour le labourage, mais plus ordinairement pour le transport de leurs

denrées ou autres objets de commerce d'un bout de l'Empire à l'autre. Le chameau est un animal docile que l'on fait agenouiller de fes quatre jambes pour le charger avec plus de facilité ; il porte fix à huit quintaux, fuivant qu'il eft plus ou moins vigoureux. Les Campagnards s'en fervent auffi pour voyager; fon pas eft lent & pefant, & fon trot eft infupportable; un chameau emporte fouvent une famille entière avec tout fon déménagement. Le Calife Omar voyageoit fur un chameau, portant avec lui fes provifions.

- On eft revenu de l'erreur où l'on a été que le chameau s'adoffoit à fa femelle pour engendrer ; cet animal, naturellement tranquille, eft inquiet dans fes amours; après avoir tourmenté la femelle pour qu'elle s'accroupiffe fur fes genoux, il fe met dans la même fituation, en faifant, avec fa langue écumante, un bourdonnement défagréable; il eft conformé de façon que la partie qui fert à la génération, ridiculement difproportionnée, forme une espèce d'angle, qui paroît se détendre & agir par des mouvemens élastiques.

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Les Maures de la campagne mangent volontiers du chameau; fa viande a un goût fade, & fait un bouillon blanchâtre qui ne plaît pas à l'œil; fon lait eft fain, frais & léger; on en boit habituellement dans le fud, & les malades, affectés

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