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fier, eft ordinairement graffe, au point, qu'à la quatrième ou cinquième décharge, l'amorce ne. prend pas, ou bien elle rallentit le coup. La mauvaife qualité de cette poudre la rend susceptible d'humidité, & on ne peut la conferver long

tems.

Forces Maritimes de l'Empire de Maroc.

On n'eft pas mieux inftruit des forces maritimes de l'Empire de Maroc avant & après le dixième. fiècle, que de fes forces militaires. On voit, fars en connoître le détail & fans pouvoir en déterminer les circonstances, que du tems de Jacob, Almonfor & après lui, il a été fait plufieurs armemens confidérables pour tranfporter des troupes en Espagne, & profiter des divisions qui la déchiroient. Il femble que les forêts qu'il y avoit alors dans la partie feptentrionale de la côte, étoient d'une grande reffource pour les conftructions; mais comme la marine, après les efforts maritimes, qui épuisèrent Rome & Carthage, ne faifoit que renaître, on ne doit pas fe faire une grande idée de l'état où elle étoit alors dans ces contrées.

Il est probable que l'expulfion des Maures d'Efpagne, & les révolutions que l'Empire de Maroc a effuyées, après cette epoque, détournèrent un

inflant toutes les idées de navigation; ces Etats, baignés par la Méditerranée & par l'Océan, fe bornèrent à la pirâterie, qui, après la conquête de Ceuta, d'Arzille & de Tanger, par les Portugais, ne pouvoit pas faire de grands progrès. Ce ne fut qu'après que ces dernières places furent abandonnées, & que le commerce maritime eut pris quelqu'accroiffement en Europe, qu'elle fut encouragée fous le régne de Muley Ifraël.

La rivière de Salé, qui fert de port aux villes de Salé & de Rabat, étoit alors plus navigable qu'elle ne l'eft aujourd'hui; il en fortoit de gros navires, quoique groffièrement conftruits. Ces Saletins, formant une espèce de République, feudataire de Muley Ifmaël, adonnés au commerce & à la courfe, devinrent redoutables à l'Europe commerçante, & leur nom a confervé l'impreffion de la crainte qu'ils ont infpirée, & dont le fouvenir s'efface tous les jours.

Muley Iímaël recevoit des Corfaires de cette Régence, dix pour cent fur le produit de chaque prife, & fur cent efclaves il en avoit dix : les galliotes qui croifoient dans le détroit appartenoient feules à ce Prince; un vieux Corfaire, que j'ai connu, & qui étoit Mouffe dans ces anciens tems, m'a affuré que ces galliotes n'avoient point de canons, qu'elles étoient leftées de galets

ou cailloux de rivière, qui faifoient toute la force de leurs armemens; qu'approchant à rames, des navires marchands, qui, alors étoient eux-mêmes affez mal armés, elles faifoient pleuvoir une fi grande quantité de pierres fur le navire qu'elles attaquoient, que les équipages étoient obligés de fe cacher, & elles s'en emparoient. On voit dans les hiftoires que l'ufage de la fronde eít très-ancien parmi les Maures, ainfi que parmi les habitans des Isles Baleares, aujourd'hui Majorque & Minorque, puifque dans les guerres que les Romains & les Carthaginois eurent ensemble, les Maures étoient oppofés à ceux des Isles Baléares, avec lefquels ils combattoient à armes égales.

Muley Ifmaël gardoit les efclaves par magnificence; il les occupoit à l'édifice de fes palais, & les facrifioit à fes caprices & à fa férocité. Sous Muley Abdallah, Salé & Rabat confervèrent leur gouvernement municipal; & la courfe, affujettie aux mêmes impôts, eut les mêmes fuccès; mais ce Prince fe réferva les efclaves qu'il payoit à l'armateur à cinquante piaftres chacun. Cruel comme fon père, Muley Abdallah en fit périr beaucoup dans fes fureurs, mais il confentit de traiter de leur rançon.

́ L'Empéreur régnant, qui n'a point hérité de la férocité de fes ancêtres, après avoir privé cette Régence

Tom. III.

Régence, de fes richeffes, de fes privilèges & de fon indépendance, voulut que la course fe fit pour fon compte ; & confidérant la rédemption des esclaves comme une reffource de plus pour ses revenus, il les traita avec plus d'humanité. Ce changement, dans les mœurs du Gouvernement & dans l'adminiftration de la ville de Salé, a favorifé la navigation commerçante de l'Europe; l'intérêt, qui cft le véhicule le plus puiffant dans les entreprises périlleuses, n'excite plus le courage des Salétins, qui, privés du bénéfice de la courfe, font plus empreffés à en éviter les dangers.

Dans les premières années de fon règne, ce Souverain fit conftruire à Salé des armemens de vingt-fix jufqu'à trente-fix canons, parce que le tremblement de terre qui détruifit Lisbonne, le premier Novembre 1755, donna à la paffe de la rivière près de trente pieds de profondeur à haute marée: mais l'enfablement faifant tous les ans de nouveaux progrés, il a fallu mefurer les armemens à la difficulté des moyens.

Ces gros armemens infpirèrent quelqu'inquié tude, & ne firent aucun mal; conftruits lourdement & fans proportions, ils ne marchoient pas, & ils périrent enfin par l'inexpérience des Commandans. La pirâterie, dans ces inftans, n'eut que

de foibles fuccès, d'autant plus que la France & l'Espagne étant en guerre contre l'Angleterre, les navires marchands, qui ne naviguoient pas fous convoi, étoient en état de fe battre. La paix faite en 1763, redonna à la courfe des Salétins des nouvelles reffources; ils furprirent dans la Méditerranée quelques navires Provençaux, qui, fe chaffés par des corfaires Algériens, craicroyant gnoient de fe défendre. Ils eurent les mêmes fuccès dans l'Océan, & dans deux campagnes ils s'emparèrent de plus de quinze navires, dont dix étoient François. Un Capitaine Motard, Ponentois, eft peut-être le feul qui fit une résistance trop honorable pour ne pas en conserver le fouvenir; n'ayant que quatre canons & vingt-quatre hommes, quelques paffagers compris, il eut le courage de défendre fa Iberté à la portée du piftolet, contre Reys Salah, qui paffoit pour un brave, & qui commandoit un Schabek de vingtquatre pièces de canons & cent trente hommes d'équipage; Motard fe rendit, à la veille d'être coulé bas, après avoir perdu une partie de fon monde, & avoir tué, ou mis hors de combat hommes au Corfaire. plus de quarante Après que Sidy Mohamed eut fait la paix avec les principales nations de l'Europe, il fit marcher fes armemens en efcadre, pour entretenir fa ma

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