Imágenes de páginas
PDF
EPUB

al - Habib el - Monfor, s'empara d'une partie dur Royaume de Fez, fit fortifier Arzille, près de Tanger, y mit garnison, & cette ville fut pendant quelques tems fous la dépendance des Rois de Cordoue. Par cette révolution, el-Mohadi ne conferva pas le Royaume de Fez; ce Prince alla faire vifite au Gouverneur de Sugulmeffe, &, pour fatisfaire au reffentiment qu'il avoit conçu contre lui, il l'affaffina, fufcita des troubles, & par-là, fe rendit odieux aux peuples qui avoient faivi fes drapeaux. Cet ufurpateur, qui ne régna qu'un inftant dans la Mauritanie, fur forcé de paffer dans la partie orientale de l'Afrique, où il éprouva de nouveaux revers de la part d'un au-: tre zélateur qui le décrédita à fon tour dans l'ef prit des peuples qu'il avoit trompés par fon humilité. On appeloit ce Chef, par dérifion, le Chevalier de l'Afne, parce que, par une humilité affectée, il étoit toujours monté fur un âne, . ayant le vifage couvert comme les Molathemins ; on appeloit de ce nom, en Afrique, une tribu qui, voulant en combattre une autre plus puiffante, obligea les femmes à prendre les armes ; & pour qu'on ne pût pas les diftinguer, les hommes prirent le parti de fe voiler le vifage comme elles.

L'Afrique entière dans ce moment fut agitée.

de divifions; fur une tradition qu'il devoit venir de l'Occident, trois cents ans après Mahomet, un autre Directeur des fidèles, ou Mohadi, plufieurs impofteurs abusèrent de la crédulité des peuples pour s'emparer du Gouvernement. Obeidallah fondateur de la Dynaftie des Fatimites, fortit de Sugulmeffe, & fe porta même jufqu'en Egypte, où il vainquit les troupes du Calife. Les guerres qu'il y eut alors en Egypte, en Syrie & à l'orient de l'Afrique, changèrent l'état des chofes du côté de l'occident, où une foule de novateurs profitèrent de ces divifions pour accréditer leurs projets, & fe dépouiller réciproquement de la fouve

raineté.

Dynaftie des Morabéthoun.

Abu-Teffifin, Marabout, neveu d'Abu-Becre Ben- Omar, de la tribu des Lumthunes (1) &. chef des Morabéthoun, profita des troubles qui avoient attiré les armées des Arabes du côté de l'Egypte pour animer les peuples contr'eux; il envoya quelques Marabouts, pour précher, & ex

(1) La campagne que les Marabouts habitoient entre le mont Atlas & le défert; s'appeloit Lamtha, d'où eft venu å cette Tribu le nom de Lamthounah, ou Lumtures. D'Her belot, bibliothéque orientalę.

citer la révolte, fous le prétexte fpécieux de la défense de la liberté. Les Maures, rebutés de ces étrangers, qui les gouvernoient en maîtres, fe mirent, avec plaifir, fous les drapeaux de Teffifin, & il fe trouva bientôt à la tête d'une nombreufe armée. La Tribu de ce Chef reçut le nom de Morabéthoun, de la rigidité avec laquelle elle obfervoit fa religion; le mot de Marabout defi→ gnant un Religieux, un homme lié par un vou. Cette Tribu avoit d'abord pris naiffance dans les environs de Tunis; mais elle fut contrainte de paffer dans la partie occidentale de l'Afrique pour s'y délivrer de la perfécution des fectes rélâchées, qui avoient quelqu'intêrêt à détruire cette Tribu naiffante.

Abu Teffifin, étant à la tête d'un grand parti, traversa, en 1051, le mont Atlas, & fe rendit maître de la ville d'Agmet & de fes environs : il établit fa réfidence dans cette même ville, au pied du mont Atlas ; il étendit, de-là, fes conquêtes du côté du Nord, & fe fit déclarer Emir el Mumenin, ou Chef des fidèles. C'eft un des premiers Souverains connus fous la race des Morabethoun, qu'on a communément appelés Morabites 3 fes armées furent constamment victorieuses, &, après plufieurs batailles, il retta maître de la Mauritanie. Abu Teffifin mourut en 1086, & eut

pour

1

le

fucceffeur fon fils Jofeph, qui fut proclamé par fes fujets (1). Ce Prince, qui n'aimoit pas féjour de la ville d'Agmet, au pied des montagnes, fit conftruire, ou achever, celle de Marakefch, ou Maroc, que fon père avoit déjà commencée, & y établit le fiège de fon Empire. Pendant fon régne, la province de Temfena donna afyle à une foule de Zenetès, qui préchoient de nouvelles erreurs; ce Souverain fe donna bien des foins pour détourner fes fujets de ces innovations, & leur envoya des Prédicateurs Morabites pour les ramener à leur devoir; mais les peuples, amateurs de la nouveauté, non-feulement n'écoutérent pas les remontrances des Réformateurs que Jofeph leur avoit envoyés, mais encore il les firent mourir à Anafè, où ils étoient raffemblés.

Jofeph, irrité d'une conduite auffi infolente paffa le Morbeia avec une puiffante armée; an bruit de fa marche, les Zenetès, avec leur Chef, prirent le parti de fe retirer, & allèrent du côté de Fez, pour demander du fecours au Roi. Ce Prince, bien loin de fecourir ces perturbateurs,

(1) Les Auteurs Arabes d'Espagne, appèlent ce Prince Abul Ifa, Ibrahim Ben Jofeph, Ben Tessifin. Ces peuples étoient dans l'ufage de donner à leurs enfans les noms de leurs ancêtres.

[ocr errors]

alla au-devant d'eux, & les ayant joints fur les bords du Buregreb, haraffés de faim & de fatigue, il fondit fur eux & les tailla en pièces.

Après avoir ravagé les campagnes de Temfena, & en avoir détruit toutes les habitations, Jofeph retourna victorieux à Maroc : jaloux d'étendre fa puiffance, ce Prince revint, quelque tems après, avec fon armée pour faire la guerre au Roi de Fez, qu'il vainquit; il profita de l'inconftance des peuples pour s'emparer de fes Etats; & ce Royame fut , pour la première fois, réuni à celui

de Maroc.

fut,

Jofeph, encouragé par le fuccès de fes armes, s'avança juíqu'à Tremeffen; il s'étendit, de-là, jufqu'à Bugie, &, ayant contraint les Maures de de cette partie de l'Afrique, & même ceux de Tunis à devenir fes vaffaux, il revint triomphant à Maroc, où il fut proclamé, avec plus d'authenticité, Commandant des fidèles. Ce Prince marcha enfuite contre les Brebes, qui étoient retirés dans les montagnes, & eut fur eux plufieurs avantages.

Les victoires de Jofeph Ben Teffifin avoient fi bien établi fa réputation, que les Rois Mahométans d'Espagne, en 1097, recherchèrent fon alliance, & lui offrirent même la fuprême fouveraineté, dans l'efpoir de pouvoir, par fon fe

« AnteriorContinuar »