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qui fe défendit avec intrépidité & qui remporta fur les Chrétiens une victoire complette, à la vie de la ville d'Alarcos, le 18 Juillet 1195. Cette armée victorieufe eut des fuccès fuivis jusqu'en 1J97. Ce Prince, ayant alors figné une trève avec le Roi de Caftille, repaffa en Afrique, où des troubles furvenus dans fes Etats rendirent f préfence néceffaire.

Le Gouverneur de Maroc avoit profité de F'éloignement de Jacob Almonfor pour faire révolter les peuples des environs, qui étoient tous en armes à fon retour; les rebelles, intimidés n'ofant attendre ce valeureux Prince en rafe campagne, fe renfermèrent dans cette Capitale, dont il fut obligé de faire le fiège. Almonfor ayant languì un an devant cette place, fe détermina enfin à la faire efcalader; il remontra vivement à fes foldats, qu'indépendamment de la gloire qu'ils acquéroient en s'emparant de Maroc, ils devoient

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y être excités par un motif plus légitime & plus honorable encore, qui étoit de pouvoir reprendre leurs femmes & leurs enfans qui étoient au pouvoir des raviffeurs. Les affiégeans, animés par ce difcours, efcaladèrent cette ville, qui ne put réfifter à leur impétuofité; & courant fur les habitans comme des furieux, ils firent main-baffe fur tout ce qu'ils rencontrèrent. Ce Prince', pour

chatier les rebelles, même après leur mort, leur fit refufer la fépulture (1); & fur ce qu'on lui repréfenta le mal qui pouvoit réfulter de là putréfaction, rien ne Jent fi bon, dit-il, que le corps d'un ennimi mort, & fur-tout d'un traitre.

Après que Jacob Almonfor, fe fut emparé de Maroc, le Gouverneur, qui s'étoit refugié avec quelque monde dans le château, ménagea son aècommodement par Fent remife d'un Marabout, qui étoit en vénération de fainteté; Mais Almonfor, apres avoir accordé la grace de cet Officier, le fit périr au moment qu'il fut en fon pouvoir, & ternit fa glòire en viofant fa promeffe. Sur ce que le Marabout lui reprocha fon manque de foi, je ne dois pas de parole, dit ce Prince, à ceux qui ont manqué à la leur. Selon les Hiftoriens Arabès, ce Souverain, plein de regret de n'avoir pas obfervé fa promeffe, difparut; & alla courir le monde; ce trip y a de plus vraisemblable, c'eft qu'en expiation de fa faute, ce Prince fit le pélérinage de la

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1.32

(1) Les Maures croient que, les ames dont les corps ont été privés de la fépulture, font privées du féjour des nien ̃ heureux, On a cru de même, dans les fiècles fabuleux, que les ames de ceux qui avoient été privés de ce dernier devoir, erroient fur les bords du Cocyte, & n'étoient point adnifes dans PElifée.

Mecque en homme privé. Son frère Brahem fut chargé du Gouvernement en fon abfence; mais, n'étant pas revenu dans le terme d'une année, fon fils, Mahomet ben Naffer, appelé Naffer al Malek ben Manfour, fut proclamé Roi par les peuples.

Mahomet ben Naffer, ayant fuccédé à son père en 1210, confirma les Princes d'Afrique dans la .poffeffion de leurs Etats, & rompit la trève qu'Almonfor avoit faite avec Alphonse de Caftille. Comme ce Prince defiroit d'étendre fes.conquêtes en Espagne, il s'y rendit avec une puiffante armée, qui s'empara de quelques places, ravagea les campagnes, & vint repoíer fous les murs de Cordoue. Don Alphonfe, ayant reçu des renforts confidérables de la part des Princes Chré tiens, fe mit en marche pour combattre le Roi de Maroc; les deux armées s'étant enfin rencontrées, le 16 Juillet 1212, dans les plaines de Tolofa, celle de Mahomet fut mife en déroute; cette défaite, qui humilia les Mahometans affoiblit infiniment la confidération que les peuples avoient pour Mahomet ben Naffer.

Après cette défaite, Mahomet repafla en Afrique, & laiffa á fon frère aben Saad le commandement de lon armée; il vécut dans une forte de retraite, méprife de fes fujets, qui dans leur prévention, attribuoient à fa lâcheté & à fa con

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duite la perte de la bataille. Ce Prince, dont let chagrin altéra la fanté, mourut peu de tems après, & laiffa fon Empire à Seid Barrax, un de fes perit-fils, contre qui les Gouverneurs des pro

vinces Orientales de Tremeffen & de Tunis fe révoltèrent; Seid mit une armée fur pied pour rétablir le bon ordre, mais, ayant été affaffiné par un traitre, l'efprit de divifion fit de nouveaux progrès.

Après la mort de Seid, les principaux d'entre les Moahédins, élurent à fa place fon oncle Abdelcader; mais comme ce Prince n'avoit pas la confiance des peuples; & que dans ces momens de divifion, fon parti n'étoit pas affez puiffant, il fe fauva du côté de Maroc, & les Gouverneurs des principales places profitèrent de cet inftant de foibleffe pour divifer l'Empire.

Dynaftie des Benimerins.

Abdallah, Gouverneur de Fez, de la race des Benimerins, fut le premier de cette Dynastie qui s'empara de l'autorité Souveraine; Jacob, fon frère, ayant raffemblé des troupes, prit les villes de Rabat & d'Anafé, & défit, entre Fez & Miquenès, un corps de Moahédins. Ce fuccès en impofa aux peuples, & commença à affermir l'auto

rité de cette maifon dans cette partie de l'Afrique

Après la mort d'Abdallah, qui, de Gouverneur de Fez, en étoit devenu le Souverain, fon fils, encore jeune, fut fon fucceffeur, fous la tutelle de Ben Jofeph, fon oncle, qui fut Souverain â fon tour, après la mort de fon neveu. Mider

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Les provinces de Maroc éprouvérent dans le même-tems les mêmes révolutions; celle de Tedla & des montagnes des environs, ayant Mahomet Badobus à leur tête, firent d'abord ligue avec le Roi de Fez, pour le fecourir contre Abdelcader, de la race des Moahédins. Celui-ci, prévenu de ce traité, s'évada de Marqe à l'approche des rébelles, mais ayant été faifi dans fa fuite, il fut tué à Sugulmeffe. Budobus, devenu maître des provinces voisinés de la Capitale, prit le parti de renoncer à l'alliance qu'il avoit faite avec Ben Jofeph, il lui déclara même la guerre dans la vue de s'emparer du royatime de Fez cette guerre fut promptement terminée par la mort de ce Général & par la défaité de fon armée : Ben Jofeph conferva non-feulement le Royaume de Fez, mais encore il s'empara de celui de Maroc ; & les Mojz hédins , par cette révolutionen perdirent entièr rement la fouveraineté bien AD 30 ar

Le Royaume de Maroc, par ce changement dans la race de fes Rois, qui fit long-tems varie

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