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cheval (1). Je fuis le premier qui, en 1767, ap le traité de paix, pendant un an que j'ai réf à Saffi, ai fecoué, avec quelque peine, le jo ridicule auquel les Européens s'étoient affervi & ce n'eft que depuis ce tems-là qu'ils jouiffe de la liberté d'entrer & de fortir de la Ville cheval.

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A environ cinq lieues au fud de Saffi, trouve la rivière de Tanfif, qui eft la borne la province d'Abda; cette rivière defcend mont Atlas, paffe près de Maroc, & se je dans l'Océan. On voit fur l'embouchure de ce rivière, du côté du nord, dans un lieu enfal & marécageux, les ruines d'une petite Ville c les Maures appelloient Suéra, d'où le mauv air ou les inondations du Tanfif les auront chaf A l'autre côté du Tanfif, que l'on paffe à gu ou bien fur des radeaux faits avec des out pleines de vent, affujetties à quelques rofeau on trouve un Château de forme carrée, été conftruit du tems de Muley Ifmaël, po protéger le paffage de cette rivière dans le te des révolutions ce Château ne renferme a

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(1) Cette dévotion ridicule n'aura commencé qu'à la du dix-feptième fiècle, puifque les Portugais, qui ont maîtres de cette place, ne l'ont abandonnée qu'en 1641

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ourd'hui que peu de familles, & les environs 'en font pas cultivés.

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Du Tanfif à Mogodor, province de Hea, il y a dix-huit lieues; ce chemin eft varié par des vallons affez agréables, quoique pierreux, cir 'on voit de tems en tems quelque culture. Cette place, que les Maures appelent indifféremment Sera ou Mogodor, reçoit fon nom d'un Saint vénéré fur le pays appelé Sidi Mogodour, dont on voit le tombeau à peu de diftance au fud de la Ville. Il n'y avoit anciennement à Mogodor qu'un mauvais Château qui avoit été conftruit par les Portugais, pour affurer les communications entre les places qu'ils avoient au fud decette côte; ce Château protégeoit en mèmetems l'entrée d'un Port formé par un canal qui eft entre la terre & une petite Ifle. Cette fituation ayant paru favorable pour en faire uneplace de commerce, l'Empereur, actuellement régnant, réfolut d'y faire bâtir une Ville; ceux de fes fujets qui jouiffoient de quelques facultés s'emprefsèrent d'y faire conftruire des maifons pour complaire à leur maître; les Négocians des différentes nations furent invités à en ufer de même, & l'Empereur leur accorda en dédommagement des exemptions & des rabais fur les Douanes, qui furent folemnellement promis,

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& ne furent pas fcrupuleufement obfervés.

Cette Ville, qui fut commencée en 1760, el entièrement achevée; elle renferme une quantit de maifons folidement & affez proprement bâties les rues de cette Ville font alignées, & il n'y en a point dans cet Empire qui foit conftruite avec autant de régularité (1). Cette place, entourée de murailles, eft protégée de batteries pour la défendre, autant du côté de la mer que du côté de terre, en cas de quelqu'invafion de la part des Maures du fud: dans un tel cas cependant, cette Ville, qui n'a point d'eau, & dont la rivière eft éloignée de demi-lieue, feroit à la difcrétion de l'ennemi.

L'Empereur régnant a raffemblé à Mogodor tous les Négocians européens; & c'eft le feul port de la côte, tout éloigné qu'il eft de l'Eu

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(1) Un Ingénieur François, appelé Cornut, des environs d'Avignon, qui, courant après la fortune, paffa de Gibraltar à Maroc, comme on va de Caribde en Scilla, jetta ies fondemens de la ville de Mogodor. Il fut très-bien acceuilli de l'Empereur, qui defiroit diftinguer fon règne par la fondation d'une nouvelle Ville; mais après avoir fervi dix ans, cet Ingénieur retourna en France, auffi pauvre qu'il en étoit parti. Cette Ville a été achevée enfuite par des renégats, & par des Maçons appelés d'Europe.

rope, qui ait avec elle des liaisons fuivies de commerce. Cette Ville eft dans un fol humide & fi bas, que, dans les grandes marées, elle forme une prefqu'Ifle. Les environs en font tristes; ce ne font par-tout que des fables accumulés, & quelques déferts fauvages, où tout refpire la folitude & l'ennui. Les Européens, en dédommagement, ont une communication plus facile avec les Provinces du fud, qui, par l'échange de leurs productions contre les importations d'Europe, entretiennent l'activité du commerce de cette place.

Le port de Mogodor eft formé par un canal qui eft entre la terre & une Ifle qui a plus d'un mille de long ce canal a fon embouchure au nord-oueft, & fa fortie au fud; il eft affez sûr pour des navires de moyenne groffeur; mais il n'a pas, en général, affez de profondeur, d'autant plus qu'il fe refferre tous les jours par la quantité de fables qui s'y accumulent. Le naufrage de plusieurs navires qui ont péri en hiver dans ce port, par des coups de vent violens, dans la partie du fud-ouest, démontre fon peu de sûreté, dans la mauvaise faison.

En fuivant la côte dans la partie du fud, on trouve, à environ trente-cinq lieues de Mogodor, dans la province de Sus, la ville de Sainte

Croix, que les Arabes appelent Aguadir ou Ca dAguer. L'immenfe baie de cette place & 1 environs font très-poiffonneux. Un Gentilhomm Portugais fit bâtir fur cette côte une maifon bois pour y établir fa pêche, & s'en fit un propriété les Maures appeloient cette habita tion el dar del Roumi, la maifon du Romain; Roi Don Emanuel de Portugal, voyant l'im portance de ce pofte pour étendre les conquête qu'il avoit faites, & affurer celles qu'il méditoit acheta cet emplacement au commencement d feizième fiècle, & y fit bâtir la fortereffe qu'o appela Sainte-Croix, qui fut prife fur les Por tugais en 1536. Certe place a été pendant long tems le centre d'un grand commerce; & jufqu'e 1773 les nations de l'Europe y ont eu plufieur établiffemens, que l'Empereur fit paffer à Mo godor après avoir fait démolir les fortification de Sainte-Croix. Comme le caractère de ce Princ ne permet pas d'affeoir fur ses résolutions un juge ment fixe, on a fuppofé qu'il prit cette déter mination dans la crainte que cette place ne fi attaquée par les Efpagnols lorfqu'il feroit,occup du fiége de Mélille, qu'il entreprit en 1774.

Le port de Sainte-Croix eft une vafte & grand baie très-sûre, qui peut contenir un grand nom bre de navires, & qui eft à l'abri de tous le

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