vents. La communication de cette place avec le fud, lui donnoit plus de facilités pour le coml'on en n'a fur le rette de la côte.

merce que

Après Sainte-Croix il n'y a pas de port fréquenté fur la côte de Maroc. Le pays de Tarudant, qui eft au fud de cette place, & qui fait partie de la province de Sus, eft la limite méridionale de cet Empire.

par

Le pays de Vled de Nun, qui eft immédiatement après la province de Sus, en eft féparé des déferts fabloneux. L'Empereur de Maroc, comme je l'ai obfervé au commencement de ce Chapitre, s'arroge bien la Souveraineté du Vled de Nun; mais il n'a fur les peuples qui l'habitent qu'une foible autorité. Cette Province vafte mais déferte, n'a jufqu'au cap Bojador, fur environ foixante lieues de long, aucun port ni aucun mouillage; elle eft peuplée d'Arabes de différentes tribus, dont les campemens font répandus dans l'intérieur des terres fufceptibles de quelque culture; dans la partie occidentale, ce ne font que des plages défertes, bordées de fables & de rochers fous l'eau, fur lefquels la mer vient fe brifer. L'on eft quelquefois entraîné fur cette côte par des courans rapides qui fe forment entre la terre & les ifles,

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Canaries; des navires Efpagnols, des Anglois & des François y ont fouvent fait naufrage (1). Dans ces cas malheureux, le fort des équipages ne fauroit être plus déplorable; ils font enlevés & dépouillés par les Arabes de ces cantons qui, malgré quelque police qu'ils obfervent dans leur brigandage, s'enlèvent réciproquement leurs Efclaves & leurs dépouilles les armes à la main. Ges malheureux font expofés à la faim, à la foif, aux caprices des maîtres, & à toutes les humiliations de la misère; à la honte de l'humanité, ils font vendus & revendus, & plus fouvent troqués contre des chameaux ou autres beftiaux, dans les marchés de ces déferts. L'Empereur de Maroc emploie bien quelques offices pour faire entrer ces infortunés en fon pouvoir;

(1) Ces accidens de la navigation, qui peuvent dépendre d'un concours malheureux de circonftances, ont été trèsfouvent occafionnés par l'ignorance des navigateurs ; & on peut s'en convaincre par la dépofition des Mariniers, qui ont furvécu à ces difgraces. On les préviendroit en affujettiffant les Navigateurs deftinés pour la côte d'Afrique, à paffer à l'oueft des Canaries, & fur-tout en faifant obferver avec plus de rigidité les ordonnances pour l'examen des Capitaines, & en établissant que les navires deftinés à des longs voyages, euffent trois Officiers, le Capitaine compris, en état de commander.

mais la lenteur, & les difficultés que ces recherches & ces négociations éprouvent, occafionnent toujours des retards qui répandent la plus grande incertitude fur le fort de ces malheureux. Une fois au pouvoir de ce Prince, il faut encore. les folliciter, & les attendre avec patience de fa juftice & de fa générofité (1).

Dans ces climats méridionaux le Mahométifme eft mêlé de plus de fuperftitions encore qu'il ne l'eft parmi les Marocains; l'imagination plus exaltée, en raifon d'une plus grande chaleur, y multiplie le nombre des fanatiques, qui, fous le nom de Saints, féduifent la dévotion & la crédulité des peuples. Ils n'ont'ni Mosquées ni lieux fixes pour faire la prière; ils prient dans leurs tentes, ou en tel lieu où ils fe trouvent; & quand ils manquent d'eau, ils fuppléent aux ablutions avec du fable, ainfi que cela leur eft permis par la loi. L'efprit de pillage tient les peuples de ces climats en mouvement; ils courent les déferts pour aller jufques dans la Nigritie, où ils enlèvent même des Noirs. Ils règlent

(1) L'Equipage d'un navire de Nantes,' deftiné pour la traite des Nègres, qui périt fur cette côte à la fin de 1775, no put être rendu en France que deux ans après.

leur route, & jugent des approches des rivières par le vol de certains oifeaux.

La province de Vled de Nun, eft affez commerçante après avoir paffé les déferts qui la féparent du Maroc, on trouve quelques terres propres à la culture; on y recueille des gommes & des cires de belle qualité. Comme ces peuples, éloignés du centre de l'autorité, viven dans une forte d'indépendance, le luxe a chcz eux plus de liberté ; & ils font des confommations affez fuivies de marchandifes d'Europe, & particulièrement de toiles. Plufieurs Tribus de ces Arabes font plus lians & de meilleure fo que le reste des Maures; ils commercent à Mogodor, avec réserve & circonfpection pour ne pas expofer leurs richeffes à l'incertude des évè mens. Il est probable qu'ils ont des liaisons plus fuivies avec les comptoirs du Sénégal, où ils peuyent trafiquer avec plus de liberté; & ce n'cft que par leur entremife que les Maures occiden taux ont des relations avec les peuples de la Nigritie. S'il étoit praticable de former des établiffemens du côté du cap Bojador, on pourroit faire avec ces Arabes un commerce plus utile; & les navigateurs, qui auroient le malheur de naufrager fur cette côte, y trouveroient un fecours plus prompt & plus affuré; mais cette idéo

eft fufpceptible de trop de difficultés pour qu'on puiffe s'en occuper.

La côte de Maroc étant ce qu'il y a de plus utile à connoître, je me fuis permis des détails plus fuivis fur cet objet. Les Villes qui font dans l'intérieur de l'Empire, ne font pas en grand nombre; je les citerai en remontant du fud au nord.

Villes de l'intérieur de l'Empire de Maroc.

La ville de Tarudant, qui est dans la province de Sus, eft prefqu'à l'extrêmité de l'empire de Maroc; c'étoit autrefois la capitale d'un petit Royaume, & c'eft aujourd'hui le féjour d'un Gouverneur de confiance, ou de quelqué Chérif parent du Roi. Il y a encore dans cette Province. les villes de Climi, Aguadir-Toma, & plufieurs autres habitations, qui, de même que Tarudant, font bâties en pierres & en ciment. Comme cette province n'a point de ports, les Maures portent fes productions à Mogodor.

Maroc, qui eft devenue la capitale de l'Empire, & qui lui en a donné le nom, étoit autrefois la capitale du royaume de Maroc, qui fe bornoit à la rivière Om-Arbaym ou Morbeya : cette Ville eft à vingt lieues de la mer, à l'est-sud - eft de