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dans les révolutions dont les environs de Fez o

été le théâtre, & il y a peu de particuliers les aient rétablies. J'ai été logé, par ordre Prince Muley Ali, fils aîné de l'Empereur, da in de ces jardins où j'étois avec agrément; Prince me fit donner une fête dans un autre e placement où la rivière paffe auffi au milieu jardin, dans un canal bordé d'une allée d'arbr & fous un pavillon bâti avec goût; ces fituati agréables par-tout, le font encore plus dans climats chauds, où les eaux font plus rare plus néceffaires. La fituation de la Ville de F cependant, ne fauroit être faine; des vap humides y rendent l'air pefant en été, & les yres y font affez communes.

Toujours prêts à changer de maître, les 1 tans de Fez, dans les révolutions, fe renden premier conquérant qui s'approche de leur V ils prétendent avoir reçu ce privilège de leur dateur; privilège illufoire pour une Ville., & ne fert qu'à démontrer la lâcheté des habitan la difficulté que l'on a de la défendre; cell Fez à la vérité eft fituée de façon à ne pou réfifter à aucune attaque, fans s'expofer à entière dévaflation.

Sur la hauteur du vieux Fez, dans une pl fufceptible d'une riche culture, Jacob Ben

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dallah, de la race de Beni-Mérins, fit bâtir, dans le treizième fiècle, le nouveau Fez, qui eft contigu au vieux, & qui, par fa fituation, le tient en refpect. Cette Ville, qui eft bien fituée, & en bon air, renferme quelques vieux palais, où logent les Princes, fils de l'Empereur; ce Souverain l'habite fui-même quand il veur, mais il préfère le féjour d'un palais ifolé que Muley Abdallah, fon père, a fait bâtir à une demi-lieue de cette ville. Le nouveau Fez eft habité par quelques familles de Maures, mais il y a encore un plus grand nombre de Juifs qui trafiquent dans le vieux Fez, à travers les humiliations que les habitans leur font éprou ver, & dont ils fe dédommagent dans le commerce qu'ils font avec eux.

Sur le chemin de Fez à Miquenès, en fe détournant fur la gauche, on trouve dans un vallon la fource de la rivière Raçalema, qui traverse la ville de Fez; elle fort d'un rocher élevé à huit à dix pieds au-deffus du niveau, qui donne toujours un carré d'eau d'environ trois pieds cubes, & ne peut en donner d'avantage; de forte que, quelqu'abondantes que foient les pluies, dans le court espace que cette rivière doit parcourir, elle n'eft fufceptible d'aucun accroiffement; il réfulte delà, qu'elle ne fait aucun ravage dans la ville, quoique, , par la forme du vallon, elle ne puiffe

y couler qu'en fe précipitant. Cette rivière, da fon cours, mouille les remparts du nouve Fez, & fait tourner une roue de vingt-quat pieds de diamètre, qui porte dans la ville l'e néceffaire aux habitans, aux palais des Prince & aux arrofages; cette roue eft garnie tout auto d'un nombre d'ailerons qui font pouffés par le co rant de la rivière; elle a par intervalles des vui qui puifent l'eau, & à mesure qu'elle tourne e la verfe dans un baffin qui eft au haut du mu cette façon d'élever les eaux eft auffi fimple peu difpendieuse, mais je ne la crois applica qu'aux rivières peu fufceptibles d'accroiffeme & qu'autant qu'il y auroit une proportion en l'élévation du terrein & le volume d'eau q faudroit y porter.

Il y a de Fez à la mer environ trente lie d'une heure, & de Fez à Miquenès neuf lieu de très-beau chemin; c'est une plaine agréab coupée par quelques petites rivières qu'on p

fur des ponts, &t par plufieurs ruiffeaux d'ar

fage; elle eft entourée de coteaux inhabités feroient très-propres à une abondante culture formeroient l'afpect le plus gracieux. On v avec douleur, dans ces climats, que des terr riches & fertiles font en friche, tandis que d les pays montueux de l'Europe, les hommes

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contraints de lutter contre les obftacles de la na ure pour pouvoir fubfifter. Comme les eaux bondent dans cette partie de l'Empire, & que e climat eft tempéré, les légumes y font tresdélicats; on y cultive du riz, qui n'a ni le blanc, ni le goût de celui du Levant, & on y on y receuille toute forte de fruits, même des cerifes, qui ne viennent pas en maturité dans le reste de l'Empire.

La communication entre Fez & Miquenès eft établie avec plus de commodité qu'il n'y en a dans bien des pays policés: on trouve à toutes les heures du jour des mules fellées & bridées, qu'on remet en arrivant au lieu du dépôt; ces mules ont un entre-pas prompt qui ne fatigue point, & dans les grands jours, on va de Miquenès à Fez, & de Fez à Miquenès dans un jour, quoiqu'il y ait, d'une place à l'autre, neuf lieues d'une heure chacune, que les bonnes mules font dans fix heures.

A l'extrémité occidentale de la plaine de Fez, & à la vue de Miquenès, On voit la montagne de Zaaron, où il y a un village confacré à la dévotion des Mahométans; il renferme le fanctuaire de Sidi Edris, le même qui vint de Médine à la fin du huitième fiècle, qui introduifit le mahométifme, & fut le premier Souverain dans cette partie de l'Afrique; ce fanctuaire eft un atyle

affuré pour les malfaiteurs, & les Souverains de Maroc l'ont toujours respecté.

Après Maroc, Miquenès & Fez, qui font les Villes principales de l'intérieur de cet Emoire, il ne reste à parler que de la ville d'AlcaffarQuibir.

Alcaffar-Quibir, à l'extrémité orientale de la province du Garb, est une petite Ville à trois lieues à l'eft de l'Arrache, fur la rivière Lucos; elle eft féparée d'Arzille par une fuite de vallons & de plaines, dans l'une defquelles Don Sébastien, Roi de Portugal, perdit la bataille & la vie en 1578. La ville d'Alcaffar eft entourée de jardins où l'on receuille quantité de mauvais fruits; la rivière Lucos fait en hiver bien des ravages dans les environs de cette Ville, par fes débordemens, & il arrive fouvent qu'il y a deux pieds d'eau dans les maifons.

Cette Ville, bâtie dans le douzième fiècle, doit fon origine à un événement intéressant. L'Empereur Jacob Almonfor, qui étendit fa puiffance en Afrique, & jufques fur les Etats Mahometans d'Espagne, étoit campé dans les plaines de cette Ville à prendre le plaifir de la chaffe ; une nuit s'étant égaré, il attendoit le retour du jour, auprès d'un arbre, quand il vit venir un pêcheur qui fe rendoit à fa cabane. Le Roi s'annonça à

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