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Nord & celle de la Table-Ronde, dont les lois & les ufages ont été fuivis prefque jufqu'à la fin du quatorzième fiècle.

CORPS D'EXTRAITS

DE

ROMANS

DE CHEVALERIE.

HISTOIRE

De RIGDA & de REGNER LODBROG, Roi de Danemarck, contemporain de CHARLESMARTEL & de PEPIN.

IL

L ne faut pas confondre l'hiftoire de ce Regner Lodbrog, avec celle du héros d'un Roman Inandois intitulé

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Ragnars Saga Lodbrokar, dont le ma nufcrit exifte à la bibliothèque du roi; celui dont j'entreprends de rajeunir l'hiftoire, étoit fils de Sigurd Ring, & defcendoit de Sciold, fils d'Odin,

LE redoutable Sigurd Ring, maître

paifible de la Suède & du Danemarck, avoit porté fes armes dans la Norvège; & depuis deux ans il combattoit pour

achever de fe la foumettre. Les Norvé giens, jaloux de leur liberté, fe défendoient de montagnes en montagnes : chaque groupe de rochers étoit disputé, & le théâtre de quelque action fanglante. Sigurd parvint enfin jufqu'aux extrémités de ces pays fauvages: une feule montagne prefque inacceffible par les précipices qui l'entouroient, étoit le dernier afile du vieux guerrier Rigding, auquel les Norvégiens obéiffoient. Ce prince, que fa force & fa valeur avoient rendu redoutable pendant fes belles années, étoit alors accablé par la vieilleffe, & touchoit à fa dernière heure; mais fon fils, qui venoit

de recevoir la hache d'armes, le poignard & le bouclier blanc, avoit juré que fon père feroit libre tant qu'il lui refteroit une goutte de fang dans les veines. Il envoya défier Sigurd au combat fingulier. Tu ne peux gravir fur cette montagne que par de longs travaux, difoit-il dans fon cartel; mais fi tu veux te battre avec moi, je vais defcendre feul, & le fort des armes décidera fi tu dois entrer en maître dans ce château, où fi tu feras retirer ton armée. Jamais prince Danois n'avoit balancé dans une pareille occafion. Sigurd accepta le défi; & le jeune Norvégien retournant vers fon père: Tu mourras libre, lui dit-il: fais-toi porter fur cette roche avancée, d'où tu pourras voir notre combat. Si je fuccombe, le précipice profond sur lequel cette roche domine, fera ton afile contre l'esclavage. Le vieillard à ces mots embraffe fon fils, lui donne fon épée: Tu me parois digne de la porter, lui dit-il; aide-moi, je te fuis. O mon frère ! s'écria la fœur du jeune Norvégien, me crois-tu donc indigne de mourir avec toi ? Elle fe faifit de fon arc & d'un javelot; elle aide à fon frère à conduire fon père vers la roche, dans

le centre de laquelle on avoit pratiqué un efcalier par lequel on defcendoit dans la plaine. Le jeune Rigding defcend fur un plateau dont l'accès étoit facile; il appelle Sigurd, qui ne tarde pas à le joindre.

Le combat commence avec une égale fureur; & quoique les armes des deux combattans foient bientôt couvertes de leur fang, il fe foutient pendant une heure avec affez d'égalité. Sigurd enfin a l'avantage fur Rigding dont le cafque brifé laiffe fa tête à découvert. Sigurd eft frappé de la jeuneffe & de la beauté de fon ennemi. Ce prince étoit né généreux; il recule deux pas, & baiffe la pointe de fon épée. Avance & frappe, lui cria Rigding; crois-tu que je baiffe les yeux en recevant le coup mortel? A ces mots, il s'avance l'épée haute fur Sigurd, qui pare le coup qu'il lui porte, & qui lui crie Arrête je ne t'offre pas la vie, tu me parois trop généreux pour l'accepter; mais je t'offre mon amitié. A quelle condition, lui demanda Rigding? En peux-tu douter, lui répondit Sigurd? celle de te laiffer libre, & d'acquérir en toi le frère d'armes que j'ai

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