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démons, les mauvais génies, & les empêcher de traverser les airs, pour transformer fes ennemis pour applanir les montagnes. Il ofe dire plus encore du pouvoir de fes lettres Runiques, en affurant qu'il ne perdra jamais un fecret qu'il poffède feul, celui de fe faire aimer conftamment de fa maîtreffe. Il annonce qu'il en connoît un autre, mais que ce dernier eft d'un fi grand prix, qu'il ne le dépofera jamais que dans le fein de fa foeur, ou dans les bras de celle qu'il aime. Dans la dernière ftrophe du Havamaal, le prévoyant Odin parle à fes fujets, comme s'il les avoit déja quittés pour retourner dans la célefte ville d'Afgard. J'ai chanté (dit-il ):

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magiques. La fcience des nombres a en elle quelque chofe de divin, comme la Mufique, la Poéfie, pour des peuples fauvages, forfqu'ils en reçoivent la première notion.

mes fublimes vers dans mon augufte demeure. Béni foit celui qui chante, béni foit celui qui me comprend, bénis foient ceux qui ont prêté l'oreille à ma voix !

: Odin, après avoir affuré fon empire par les deux pouvoirs qui foumettent l'univers, la religion & les armes, après avoir fondé dans l'île de Fionie la superbe ville d'Odenfée, après avoir fait le partage de ses vaftes états, entre les fils nombreux qu'il avoit eus de Friga; Odin, fe fentant près de la fin de fa carrière, ne voulut point finir par une mort ordinaire, & voulut rendre la fienne digne d'un dieu. Il fe retira en Suède; il raffembla près de lui les douze Drottars, fes enfans, fes amis; il faifit le fer de fa lance, & s'en fit neuf. bleffures en rond fur la poitrine; il fe fit plufieurs autres bleffures avec la pointe de fon épée, & dit

à ceux qui l'entouroient, qu'il retournoit en Scythie, & qu'il alloit préparer dans fa ville d'Afgard le palais & le feftin où il les attendroit pour les recevoir.

Odin, avant fa mort, avoit partagé fes conquêtes immenfes entre fes fils. Sciold eut le Danemarck, Baldeg eut la Weftphalie, Segdeg eut la Saxe orientale; & c'eft de lui que defcendoit le célèbre Hengift, prince des Saxons & des Angles, qui fit la conquête de prefque toute la Gran de-Bretagne dans le cinquième fiècle. La Franconie fut le partage d'un fils d'Odin, qui lui fut affez cher pour qu'il lui donnât le même nom de Sigge qu'il avoit toujours porté pendant qu'il habitoit encore la Scythie; & c'eft de ce Sigge que defcendirent les princes qui régnèrent dans la Franconie pendant les premiers fiècles

de l'ère chrétienne. On peut donc préfumer que nos rois de la première race en defcendoient, ou par le côté paternel, ou par le maternel. A l'égard des Francs qui firent la conquête des Gaules, il n'eft pas douteux qu'ils ne foient iffus des anciens fujets de Sigge, & de fon père Odin.

On prétend avec bien de la vraisemblance, que fi la crainte de tomber fous le joug des Romains fut affez forte pour lui faire abandonner le climat heureux de l'Afie, & s'enfoncer dans les glaces & dans les longues nuits du Nord, il en conferva contre les Romains un reffentiment égal aux regrets qu'il donnoit à fa patrie. Ce fut, dit-on, fa haine implacable contre une république affez injufte pour vouloir que nul autre peuple que le fien ne jouît de la liberté, qui lui fit en

feigner

feigner une doctrine meurtrière, & qui lui fit préparer l'esprit & les forces de fes fujets à porter avec fuccès le fer & la flamme dans tous les pays foumis à l'Aigle Ro

maine.

Peu de temps après la mort d'Odin, on vit en effet un déluge de peuples du nord inonder de tous côtés les poffeffions d'une république qui n'en avoit plus que le nom, & qui, s'étant détruite ellemême par les guerres civiles, avoit été forcée d'obéir au pouvoir d'un feul.

La grande bataille de Tolbiac ayant enfin affermi l'empire des Francs dans la Gaule, & ce vaste & fertile pays ayant perdu fon ancien nom pour prendre celui de fes vainqueurs, les Francs y portèrent leurs lois, leurs mœurs & leurs coutumes. Mais un climat plus doux, cet air qu'on respire Tome IV.

B

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